"Démat" des factures : chantier en cours!
Selon le baromètre "Dématérialisation des factures" de Best Practices et Generix Group, si l'équipement des entreprises en France progresse, les bénéfices ne sont bpas forcément tous connus et les difficultés rencontrées, encore nombreuses. Revue de détails.
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76% des entreprises sont équipées d'une ou plusieurs solutions de facture électronique ; 72% se sont équipées au cours des 3 dernières années
52% des entreprises se sont équipées en premier lieu à cause des obligations réglementaires
26% des entreprises déploient plus de 75% des factures
66% des entreprises dématérialisent la facture par la voie EDI ; 58% par la voie de la signature électronique
39% des entreprises n'ont pas déployé de piste d'audit
64% des entreprises relèvent des impacts positifs sur la traçabilité et la fiabilité du processus de facturation ; 50% sur la réduction du cycle de rapprochement et mise en paiement
Tels sont les chiffres clés de la seconde édition du baromètre sur les pratiques des entreprises françaises en matière de dématérialisation des factures - le baromètre "Dématérialisation des factures"* - mis en place par Best Practices Systèmes d'information (plateforme de bonnes pratiques et d'expertises IT) et Generix Group (facture électronique). L'objectif étant d'analyser les usages des entreprises à un instant donné : taux et type d'équipement, prestataires déployés, nature des projets, évolutions programmées, bénéfices et difficultés rencontrées, etc.
Équipement des entreprises : le déploiement s'accélère
76% des entreprises interrogées sont équipées d'au moins une solution pour dématérialiser fiscalement les factures; un chiffre en croissance de 15% par rapport à 2018. La part des entreprises récemment équipées (moins de 3 ans) est aujourd'hui plus importante : 72% en 2020, contre 43% en 2018, preuve que le déploiement s'est accéléré ces deux dernières années.
À propos des porteurs internes de projet, ce sont toujours les directions financières qui dominent, plus encore en 2020 (62%) qu'en 2018 (44%). Les directeurs informatiques sont toujours en seconde position avec 59%, contre 39% en 2018.
Concernant les raisons ayant poussé les entreprises à se lancer dans la dématérialisation des factures, "l'obligation réglementaire" passe directement en première position avec 52% des réponses contre 22% en 2018. La recherche de gains de productivité et la réponse aux exigences clients restent toujours très bien placées avec 49% chacune, contre 51% et 59% préalablement.
Les entreprises non équipées résistent
Parmi les 24% d'entreprises non équipées, plus de 60% ont un projet d'équipement, dont près de 54% sous 24 mois. Une tendance moindre comparée à 2018 où 76% de l'échantillon interrogé programmait un projet sous 36 mois. La part des entreprises n'ayant pas prévu de projet est quant à elle en augmentation par rapport à 2018, passant de 24% à 39%.
Comme en 2018 (68%), les premières raisons sont le manque de temps ou de compétence interne dans 66% des cas. Certaines réponses sont en revanche beaucoup plus tranchées qu'il y a deux ans : la faiblesse des volumes : 38% contre 23%, le manque de ROI : 24% contre 11,5%, la résistance des utilisateurs : 24% contre 15%.
"L'équipement des entreprises s'accélère mais le déploiement en volume prend du temps", analyse Christophe Viry, Product Marketing Manager des activités Collaboration multi-enterprises de Generix Group. "Sans obligation réglementaire, la poursuite du déploiement sera fastidieuse car les dernières entreprises à s'équiper ont le sentiment de ne pas y trouver leur compte en termes de retour sur investissement. Ce sont des entreprises de tailles plus modestes dont les volumes de factures sont faibles".
Usages et tendances technologiques : SaaS, EDI et factures de vente sortent
Sans surprise, les entreprises utilisent dans leur grande majorité un service SaaS pour dématérialiser leurs factures (75%). Elles sont tout de même 17% à ne pas avoir franchi le pas du Cloud et à utiliser une solution "on premise". En analysant les réponses, il s'agit dans la majorité des cas de solutions d'OCR ou de solutions métier (rapprochement de factures, comptabilité). C'est toujours l'émission de factures vers les clients qui domine largement avec 71% (75% en 2018) et le traitement des factures fournisseurs en second lieu avec 45,5% (contre 41%). Le principal changement porte sur la proportion d'usage pour les factures dites B2G ("Business to Government"), qui passe de 28 % à 42%.
En 2020, c'est toujours l'EDI qui est la voie la plus utilisée par les entreprises, bien qu'en baisse de 8 points. Les factures avec signature électronique augmentent fortement, passant de 37% à 58%. Rappelons qu'il s'agit essentiellement de factures au format PDF.
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"Il faut proposer aux entreprises plusieurs types de services de facturation électronique", explique Christophe Viry. "Chacun choisit selon sa maturité et son volume : facture EDI, facture PDF signée ou non, dépôt de factures sur portail avec vidéocodage ou encore saisie en ligne des factures. Ces deux derniers modes sont à la portée des entreprises de toutes tailles".
La piste d'audit toujours mal appréhendée
De manière stable, la piste d'audit est toujours faiblement utilisée (15% en 2018 et 15,6% en 2020) et mal comprise par les répondants. Pour mémoire, "la mise en oeuvre des contrôles permanents et documentés permettant d'établir une piste d'audit fiable" est obligatoire pour toutes les factures électroniques non dématérialisées par l'EDI ou la signature électronique, ainsi que pour les factures papier.
Sur cette seconde édition, les entreprises ont également affirmé, pour 61% d'entre elles, avoir mis en place la piste d'audit, ce qui dénote une incohérence avec la déclaration précédente. 39% ont déclaré ne pas l'avoir mise en place et, parmi eux, 60% ne pas avoir de projet concernant la piste d'audit. 43,5% n'ont pas documenté leur processus de piste d'audit, malgré l'obligation de la loi française à ce sujet et, pour autant, 78% des répondants pensent être en conformité avec la règlementation. Une explication plus claire sur les tenants et aboutissants de la piste d'audit semble donc essentielle.
"Beaucoup considèrent que le cadre de la piste d'audit est trop vague, le projet trop chronophage et depuis sa mise en vigueur, il y a 6 ans, la tolérance semble de mise du côté de l'État. Pour autant, l'arsenal de sanctions est important : rejet de la réduction de TVA, remise en cause du caractère original de la facture, pénalité pouvant s'élever à 50% du montant de la facture, etc.", explique Christophe Viry. "Je recommande aux entreprises de voir leur intérêt dans la remise en cause de leur processus de facturation et dans l'instauration de contrôles apportés par la piste d'audit. C'est une opportunité de réduire les dysfonctionnements, les erreurs et de lutter contre les différentes formes de fraudes, de plus en plus complexes à détecter avec le déploiement du digital."
Le volume de factures électroniques déployé s'accélère
En 2018, 27% des entreprises sondées parvenaient à déployer plus de 50% de leur volume de factures entrantes et sortantes. En 2020, ce chiffre passe à 44 % des sondés répondant à cette question. Le déploiement s'accélère donc, même s'il reste un long chemin à parcourir.
Une méconnaissance des nouvelles normes et orientations du marché
Plus de 80% des entreprises interrogées ont avoué leur méconnaissance à l'égard de plusieurs pratiques et tendances pouvant leur être très profitables, comme l'usage des formats de factures européens CEN 16 931, par exemple, qui facilite l'interopérabilité d'un pays à l'autre, ce qui accélère les déploiements et limite les développements. Il en est de même pour d'autres orientations comme la Factur-X, le réseau PEPPOL ou le dynamic discount. "La commission européenne mène de nombreuses initiatives en faveur d'un marché numérique harmonisé à l'échelle de l'Europe. Elles sont souvent méconnues. Par exemple, le programme Connecting Europe Facility finance des projets d'utilisations des standards favorisant l'interopérabilité numérique. Generix Group mène plusieurs projets supportés par la Commission, visant entre autres à déployer un format interopérable de factures (CEN 16931), à appliquer le règlement européen sur l'identification et la confiance numérique (e-IDAS) ou encore à utiliser un protocole de communication unique (EDIINT AS4 via le réseau PEPPOL edelivery Network)", ajoute Christophe Viry.
Des difficultés à appréhender la réglementation et à convertir les utilisateurs
Parmi les problèmes rencontrés par les entreprises, les difficultés à mesurer le ROI arrivent en première position avec 39% des réponses contre 23% précédemment, la résistance des utilisateurs au changement et la difficulté à appréhender les contraintes réglementaires remontent aussi fortement dans les écueils mentionnés. La difficulté d'intégration avec l'ensemble du système de gestion figure toujours parmi les fortes difficultés avec 36,5% des réponses contre 38,2% en 2018.
Parmi les sujets qui semblent plus simples pour les entreprises, on observe une baisse tangible des réponses concernant la mise en oeuvre de la solution : les difficultés d'implémentation passent de 32% à 19,7%, les coûts de mise en oeuvre de 32,7% à 19,7% et la difficulté à sélectionner le bon prestataire de 29% à 18%.
Top 3 des bénéfices : traçabilité du processus, fiabilité du traitement et respect de la réglementation
Au-delà des obligations ou incitations réglementaires, les entreprises se tournent vers la facture électronique pour digitaliser leurs processus comptables et, par la même occasion, engranger des gains de productivité.
Les bénéfices relatifs à la sécurité des traitements (impact fort ou très fort : 63,6 %), au respect de la réglementation (impact fort ou très fort : 57,4%) et à la traçabilité (impact fort ou très fort : 64,1%) restent dans le Top 3, tandis que deux catégories de bénéfices progressent : "réduction du délai de mise en paiement" (impact fort ou très fort : 50%) et "meilleur respect des dates d'échéances de paiement" (impact fort ou très fort : 41,5%).
"L'analyse du baromètre 2018 montrait que les entreprises intégraient aisément les bénéfices techniques mais que les bénéfices métier ou la création de valeur étaient plus difficiles à appréhender", commente Christophe Viry. "Avec l'étude 2020, l'analyse évolue en faveur de la création de valeur métier. Cette fois, la maturité des solutions et des organisations a permis d'afficher des bénéfices tels que le meilleur respect des règlements à l'échéance et la rapidité des mises en paiement".
*Méthodologie : enquête réalisée au 3e et 4e trimestre 2019 auprès de 158 entreprises privées et organisations publiques, parmi lesquelles Adidas, AP-HP, Bouygues Construction, BRGM, Business France, Carrefour, Casino, CNRS, Cofidis, Compass Group, Conseil départemental de l'Aude, Croix-Rouge, Eiffage, Fiminco, Gifi, Groupama, Groupe Guillin, FM Logistic, KME, LDC, Merisant-Canderel, Metropole Grand Lyon, NRJ, Pastacorp, Renault, RS Components, Saint-Gobain, Septodont, Sfil, Sonepar.