Charte et label relations fournisseurs responsables : quels efforts pour quels bénéfices?
Signer la Charte des achats responsables ou décrocher le label des relations fournisseurs responsables : quels efforts pour quels bénéfices ? C'est en substance les interrogations soulevées lors d'une soirée expertise achats organisé par le Cdaf, conseil national des achats.
Je m'abonne"En septembre 2016, on compte déjà 1700 entreprises signataires de la Charte qui totalisent ensemble près de 580 milliards d'euros d'achats annuel", explique Françoise Odolant, responsable du pôle acheteurs, chartes et labels à la médiation des entreprises, à l'occasion d'une soirée expertise achats organisé par le Cdaf, conseil national des achats le 29 septembre dernier. Et à ce jour, 37 entreprises ont obtenu le label relations fournisseurs responsables.
"Une démarche de progrès qui oblige à structurer notre process"
"Certains nous disent que réaliser un dossier pour l'obtenir le label leur permet de se constituer une sorte de documenthèque sur leurs pratiques achats responsables en interne", souligne Françoise Odolant. Pour d'autres sociétés, comme l'assureur Allianz, être signataire de la Charte et détenteur du label est "une démarche de progrès qui nous oblige à structurer notre process. Car derrière cette démarche, on entraîne tous les acheteurs et ils emmènent leurs propres clients internes", témoigne Jean-Luc Durand, responsable stratégie et achats RSE chez l'assureur Allianz. Ainsi, les engagements pris avec la Charte vont intéresser "la comptabilité car un de ses premiers critères est de bien payer ses fournisseurs, aussi bien que le service juridique qui est en charge des contrats", ajoute-t-il.
Allianz a signé la Charte dès 2010 et reçu le label en 2013. "De plus, être détenteur du label "permet d'attirer les PME car grâce à la Charte, la PME sait qu'elle sera traitée au même titre qu'un grand compte, souligne le responsable stratégie et achats RSE d'Allianz et d'ajouter sur 6000 fournisseurs, 80% sont des PME". A titre d'exemple, Allianz soutient 10 entreprises par an qui souhaitent "changer d'échelle" au sein d'une sorte d'accélérateur de PME. Ces dernières sont incubées dans le stade Riviera de Nice et se voient proposer un accès privilégié aux investisseurs d'Allianz, un accompagnement avec des coachs ou encore des propositions de partenariats. Enfin, la direction demande aux acheteurs de sponsoriser un de leurs fournisseurs pour signer la Charte. C'est notamment le cas d'Azur Partner, société de communication et fournisseur d'Allianz. Cette entreprise basée à Marne-la-Vallée est déjà signataire de la Charte PME (2011), et de la Charte fournisseurs responsables avec Allianz. De par son métier de communication, Azur Parnter est déjà engagée dans des démarches environnementales et sociétales. Elle est certifiée Imprim'vert, mais aussi PEFC et FSC depuis 2007 et Global Compact depuis 2004. Lors de sa prochaine convention fournisseurs du 11 octobre dernier, qui devait réunir près de 200 entreprises travaillant avec le groupe Allianz, environ 10 à 15 fournisseurs devaient signer la Charte.
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Un soutien de la direction générale
Chez Silec Cable, filiale française de General Cable, la situation est différente. L'entreprise est cependant la "première ETI à avoir obtenu le label" en 2013, se félicite Fabrice Douché, sourcing manager et coordinateur de la démarche achats responsables chez Silec Cable. Cette filiale compte 6 acheteurs pour un budget achats annuel de 300 millions d'euros. "Nous n'avons pas entrepris de démarche en parallèle pour remplir les conditions d'obtention du label. Nous l'avons simplement intégré dans notre processus achats responsables centré autour des normes ISO 9001, ISO 14001 et OH SAS 18001, détaille Fabrice Douché et de poursuivre, l'aspect de la gouvernance est important. L'impulsion doit être donnée dès le début. Dès 2010, nous avons eu le soutien de notre direction générale au niveau France. Silec Cable a fait nommer un médiateur, et nous avons fait réaliser un diagnostic de nos forces et de nos faiblesses dès 2012 par un consultant extérieur".
La démarche d'achats responsables est alors pilotée par la direction des achats. Pour mettre en place sa politique d'achats responsables, Silec Cable établit un plan de progrès annuel avec l'ensemble des parties prenantes et réalise parallèlement une revue tous les mois de son processus qualité avec la direction générale. Les avancées achats responsables sont suivis dans les KPI's de l'entreprise.
"Un vecteur du changement et un axe de différentiation positive"
Le bénéfice de la Charte ? "C'est un vecteur du changement et un axe de différentiation positive", pour Fabrice Douché. Exemple : "Nous partageons les bonnes pratiques. Ainsi, nous avons par exemple expliqué à notre service commercial les relations clients/fournisseurs dans nos achats", détaille le sourcing manager et coordinateur des achats responsables. Dans sa démarche d'achats responsables, Silec Cable a rajouté un axe supplémentaire avec le critère de la sécurité "car nous disposons d'un site industriel de 43 hectares", précise Fabrice Douché. La sécurité s'invite dans le dialogue fournisseurs et visite de sites avec par exemple des indicateurs sur le nombre d'accidents.
A l'exemple inverse de Silec Cable, de nombreuses entreprises dans des secteurs comme l'agro-alimentaire ou l'automobile se montrent encore frileuses sur le sujet d'une Charte des relations fournisseurs responsables. "Nous avons souhaité donner une vie au label. Ainsi, nous demandons également aux entreprises labellisées de piloter le label et d'en devenir les ambassadeurs", conclut Françoise Odolant, responsable du pôle acheteurs, chartes et labels à la médiation des entreprises. Pour prêcher la bonne parole ?