#NRF2020 Selon Manhattan Associates, aux USA, seuls 30% des flux du retail font appel à des processus avancés et optimisés
Henri Seroux, senior vice-président de Manhattan Associates et Sébastien Lefebure, DG France et Europe du Sud, nous livrent leur vision des évolutions du secteur de la supply chain en direct de leur (beau) stand sur le salon NRF 2020.
Je m'abonneQuelles sont les grandes évolutions que vous percevez dans l'univers de la supply chain pour le retail ?
Henri Seroux : Nous venons de faire une étude avec un institut américain auprès de 300 enseignes pour étudier la profitabilité des commandes e-commerce ou "cross canal", selon que les retailers ou les marques sont capables ou pas, d'adopter des processus avancés de full filment, de livraison, de relation client.
Quand les acteurs sont capables d'adopter ces processus sophistiqués -comme par exemple, ne pas se contenter de servir ses clients depuis un seul point mais s'appuyer sur les magasins; être sélectif par rapport à l'endroit d'où on va livrer le produit; optimiser le lieu où le client peut venir chercher son produit - on constate alors une profitabilité de la commande e-commerce supérieure de 3 à 7%.
C'est important au moment où tout le monde essaye d'aller plus vite. C'est la pression numéro 1 des acteurs et des marques qui livrent de plus en plus rapidement, jusqu'à des livraisons en 2 heures. En disposant d'un "order management" et d'un certain nombre de datas pour faire les bons choix, on est capable d'exécuter cette promesse de manière plus profitable. Aujourd'hui, même aux USA, seuls 30% des flux du retail font appel à des processus avancés et optimisés.
Vous pointez également une prise de conscience des enjeux sociétaux...
Sébastien Lefebure : En effet, nous venons de parler de profitabilité mais nous assistons également à une prise de conscience que cela ne peut pas se faire à n'importe quel coût écologique. L'enjeu n'est pas de pénaliser le client mais au contraire de lui donner des récompenses ou " incentives " pour qu'il choisisse quand il n'est pas pressé un scenario plus éco-responsable. Dans le même esprit, des scenarios de regroupement de commandes sont également en essor.
Henri Seroux : Parallèlement, un troisième sujet concerne la manière de traiter ses commandes. Les commandes e-commerce sont préparées soit dans des centres de distribution, massivement robotisés et mécanisés parfois avec des technologies nouvelles, soit par des plus petits entrepôts. On voit la technologie et la robotique devenir plus légères tout en restant efficaces. Les acteurs sont capables de décentraliser leurs flux et de créer des centres qui ne soient plus des cathédrales mais des centres plus petits, plus nombreux, et connectés pour réaliser cette promesse de livraison plus rapide, en combinant une bonne efficience avec un temps court.
Sébastien Lefebure : Le triptyque transport, entreposage, logistique, n'a jamais été aussi imbriqué et doit être optimisé globalement, dans son ensemble. Et cela pour réussir les arbitrages que nous avons évoqués entre le délai, le coût de traitement et coût de livraison de la commande.
Quid des évolutions des métiers de la supply chain ?
Sébastien Lefebure : Les organisations changent. On parle de " cobot ", c'est-à-dire de la collaboration de l'humain et de la machine, avec une volonté de réduire la pénibilité des tâches, et de permettre de concentrer le travail des opérateurs sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. Les métiers se sont complexifiés et nécessitent plus de reconnaissance.
Henri Seroux : Et pour rendre les métiers de la logistique plus attractifs, les outils utilisés au quotidien ont beaucoup évolués, sont devenus plus intuitifs. L'interface entre l'homme et la machine en mobilité a complètement été révolutionnée. Les temps de formation sont plus courts et la prise en main des outils plus simple...