Recherche
Mag Décision Achats
S'abonner à la newsletter S'abonner au magazine
En ce moment En ce moment

"Il faut inculquer une autre culture des délais de paiement"

Publié par Camille George le - mis à jour à
'Il faut inculquer une autre culture des délais de paiement'

Denis Le Bossé, président du cabinet ARC, présent aux dernières Assises des délais de paiement, revient sur les pistes d'améliorations ébauchées lors de cette journée pour continuer d'avancer sur cette problématique et nous livre son analyse de la situation.

Je m'abonne
  • Imprimer

> Pendant les Assises il a été demandé à plusieurs reprises que le gouvernement fasse des délais de paiement une priorité absolue et porte le sujet sur le devant de la scène par la voix du président de la République. Quelle est votre position sur ce point?

La problématique des délais de paiement est que le sujet a longtemps été mis de côté. Mais depuis 2008, les gouvernements successifs ont fait beaucoup d'efforts. La LME impliquant une première réduction légale des délais à 45 jours fin de mois a eu un impact positif comme la mise en place du CICE. Autre dispositif mis en place, le prêt inter-entreprises, même si cette tentative a eu l'effet pervers de créer une dépendance financière entre entreprises. Le Name & Shame est l'une des tentatives les plus positives qu'il faut intensifier. Enfin, le renforcement du rôle pédagogique du commissaire aux comptes (dispositif qui concerne tout de même 180 000 entreprises) aura on l'espère un impact positif. Aujourd'hui l'arsenal juridique du gouvernement est donc fort. D'autant que les délais de paiement concernent la relation entre entreprises, le gouvernement peut poser un cadre légal mais ne peut s'immiscer outre mesure dans cette relation.

Il est vrai en revanche que la communication doit être intensifiée. La moitié des entreprises (TPE/PME) ne connaissent pas les différents médiateurs alors même que ce sont elles qui en ont besoin. Aujourd'hui la loi est là, c'est donc par l'enseignement qu'on va réussir à inculquer une autre culture sur les délais de paiement. Pendant des années on a instauré l'allongement des délais de paiement comme un critère de bonne gestion et éduqué nos managers à utiliser ce levier comme moyen d'optimisation. Faire machine arrière ne peut se faire en un claquement de doigts. Nous avons besoin d'actions concrètes pour expliquer qu'aujourd'hui une bonne gestion passe par le respect de ces délais. Ce respect, il faut l'inculquer par la sanction (le Name & Shame) et la pédagogie.La formation des managers doit et va changer.

Lire la suite page 2 - Quid du Name & Fame et des solutions de financement?


> Que pensez-vous de l'idée, lancée lors de cette journée, d'instaurer un Name & Fame en miroir du Name & Shame déjà en place avec l'éventualité d'y adosser une incitation fiscale pour les meilleurs payeurs?

Je pense qu'il faut rester dans la réalité. Une incitation fiscale sera inapplicable au quotidien. Et puis quel serait le message? On accorderait un crédit d'impôt à une entreprise simplement par ce qu'elle respecte la loi?! C'est triste à dire mais les règles sont mieux respectées s'il y a risque de sanction. La signature d'une charte quelle qu'elle soit n'est engageante que sur le papier et reste un voeu pieu s'il n'y a pas de suivi et de retour de bâton en cas de non respect. A mon sens le Name & Fame n'aura un effet que sur ceux qui mettent déjà en oeuvre de bonnes pratiques mais n'aura pas l'effet incitatif du Name & Shame.

> Quelles sont selon vous les solutions aux problèmes de financement des petites entreprises?

Lors de la présentation de notre Baromètre Cabinet ARC/Ifop, Bruno Le Maire a appelé à abaisser le délai légal à 30 jours fixe et ferme. Car le problème est le coût du financement qui reste trop élevé. L'affacturage coûte trop cher aux entreprises et vient aspirer la marge des TPE/PME qui manquent déjà de fonds propres. Et comme les banques ne sont pas disposées à financer ce besoin de trésorerie les entreprises ont donc recours à l'allongement des délais de paiement. Si vous réduisez le délai légal cela aura un impact mécanique bénéfique. Cette mesure a été prise pour le secteur du transport et a permis d'aider la filière. C'est donc réalisable.

Par ailleurs, aujourd'hui 28%* des PME allongent leurs délais de paiement pour faire face aux retards de paiement de leurs clients. Plus d'un quart des entreprises est en souffrance financière. Pourquoi? Par ce que les délais de paiement sont avant tout une question de rapport de force. Pour limiter ce rapport là il faut qu'il y ait sanctions et contraintes et donc intensifier l'impact du Name & Shame en diffusant les publications sur les bases de données légales.

*source Baromètre Cabinet ARC/Ifop 2017

A lire aussi :

Délais de paiement : les cultures et les process doivent encore évoluer

Pression sur les délais de paiement


 
Je m'abonne

NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles

La rédaction vous recommande

Retour haut de page