Quand l'intelligence artificielle est au service de la lutte contre la fraude
Fraude et corruption sont plus en plus fréquentes en entreprise notamment avec l'accélération de la transformation digitale depuis le premier confinement dû au Covid19. Les équipes en charges des opérations mais aussi de la conformité s'évertuent à déployer les outils adéquats.
Je m'abonneDepuis plusieurs mois les entreprises sont confrontées à des enjeux majeurs liés à la montée en puissance de cas de fraude et de corruption. Une dynamique alimentée notamment par la crise du Covid-19 qui a bouleversé les processus de contrôle des organisations. En effet, les équipes en charge de ces opérations doivent faire face simultanément à une augmentation significative des risques et à la mise en place du travail distant qui créent de nouvelles brèches au sein des entreprises. Dans ce contexte, les services de conformité sont sous pression. Au sein d'organisations de plus en plus complexes et face à des contraintes normatives toujours plus importantes, ceux-ci doivent se focaliser sur l'analyse des signaux faibles et non pas sur leur recherche. Pour ces équipes, le recours à l'intelligence artificielle est devenu une nécessité.
Le télétravail, un accélérateur des risques
La pandémie a radicalement impacté l'organisation des entreprises. Celles-ci ont dû repenser leur fonctionnement en un temps record. De ce fait, un nombre croissant de collaborateurs sont aujourd'hui dans des situations de grande autonomie. Il devient alors beaucoup plus compliqué de suivre les équipes qui interviennent sur des dossiers critiques. Il serait faux de dire que le télétravail favorise la fraude, il est en revanche clair qu'il contribue à l'augmentation des risques. En effet, dans ces conditions de collaboration atomisée, il s'avère beaucoup plus difficile de réaliser des contrôles de sécurité et d'intégrité des données.
Des entreprises plus fragiles et donc plus exposées aux fraudes
La crise a également fragilisé les entreprises. Les risques de fraude sont désormais bien plus importants. Les équipes de conformité doivent redoubler de vigilance sur trois points principaux. Dans un premier temps, les risques de malversation des états financiers sont toujours plus forts en période de crise. La volonté de maquiller des résultats peut être de mise pour des organisations trop fragiles. Deuxièmement, le détournement d'actifs via des opérations cybercriminelles a tendance à exploser. L'éditeur IDnow enregistre sur les derniers mois une augmentation de 250% du nombre de tentatives de fraude en Europe dans son rapport Cyber Security Report 2020. Les risques de corruption forment le troisième ensemble de menaces liées à la pandémie. Les relations inter-entreprises ont en effet été bouleversées en l'espace de quelques mois. Auditer de nouveaux interlocuteurs est une tâche lourde et chronophage.
Le RGPD, un facteur de complexité supplémentaire
Depuis plusieurs mois des amendes record ont été infligées en Europe à des entreprises qui n'ont pas su répondre aux normes liées au traitement des données personnelles. Ainsi, le groupe Carrefour a été condamné à payer 3 millions d'euros d'amende pour manquement au RGPD. Au Royaume-Unis, British Airways et le groupe Marriott ont été respectivement condamnés à 22 millions et 20 millions d'euros d'amende pour les mêmes raisons. La question n'est pas de déterminer si ces entreprises ont fauté ou non. Le point qui nous occupe est de savoir si ces entreprises ont été en mesure de vérifier si les données manipulées par leurs services internes étaient correctement traitées. Une tâche qui revient notamment aux équipes en charge de la conformité et qui devient de plus en plus complexe du fait de la multiplication exponentielle de l'usage des données en entreprise.
L'intelligence artificielle, un relais clé pour les équipes conformité
La multiplication des risques liés à la crise du Covid-19 associée à la montée en puissance des pressions réglementaires rendent la tâche de ces équipes davantage ardue. Dans bien des cas, si le niveau de complexité des données à traiter et à analyser augmente, le périmètre humain de ces équipes reste constant. Cependant, on peut noter de la part des entreprises une réelle volonté d'améliorer leurs processus de lutte contre la fraude et la corruption, également encouragée par les dernières réglementations.
Ainsi selon une étude récente de PWC, 38% des entreprises françaises s'appuient déjà sur l'intelligence artificielle pour lutter contre la fraude et 38% prévoient de mettre en place ce type de solution, 22% dans les 12 prochains mois. L'intelligence artificielle est bien sûr capable d'analyser d'importants volumes de données mais sa principale valeur ajoutée réside dans sa capacité à relier ces données entre elles et les associer pour identifier des anomalies et des signaux faibles d'activité frauduleuse. Elle permet une analyse croisée et efficace de tous ces documents aux formats très variés : articles de presse, informations publiques sur les sociétés, réseaux sociaux, contrats, documents juridiques, notes de frais, emails, etc. Ces technologies donnent la possibilité aux experts de se désengager du traitement de la donnée au profit de l'analyse de ces anomalies, donc beaucoup seraient passées inaperçues sans l'aide de l'IA.
Les crises ont toujours joué un rôle d'accélérateur. Les équipes en charge de la conformité, de la détection des fraudes et de la corruption, en ont fait les frais ces derniers mois, les risques et menaces ayant largement augmenté. Les nouvelles règlementations imposent également un devoir de vigilance qui renforce la pression sur ces équipes. Les menaces sont désormais multiples et sont d'autant plus difficiles à détecter que les données à analyser sont dispersées et plus nombreuses. Ces services vont devoir entrer de plain-pied dans une transformation digitale reposant sur l'intelligence artificielle. Un pas en avant qui ouvrira de nouveaux usages et confortera le rôle des experts.
Pour en savoir plus
Alain Biancardi, Vice Président Sales & Marketing pour expert.ai. Il est en charge du développement de la filiale française et dirige les équipes commerciales, avant-ventes et marketing. Il a pour mission d'accélérer la croissance et l'acquisition de nouveaux comptes, d'accroître la notoriété de l'entreprise, tout en développant plus étroitement les relations avec les clients existants.