2013, année noire pour le risque fournisseurs ?
Les résultats de l'étude Altares sur les défaillances d'entreprise de l'année écoulée interpellent forcément les directions achats. De quels moyens ont-elles usé pour limiter le risque fournisseur global ? Retour du terrain...
Je m'abonnePlus de 63 000 entreprises ont défailli en 2013 selon une étude d'Altares. Soit une hausse de 3% par rapport à l'année précédente. Vu du terrain, la réalité est plus contrastée. "2013 n'a pas été une année spécifique en termes de défaillance fournisseurs. Cela est sans doute dû à l'attention particulière que nous portons à leur santé financière au moment de la contractualisation", témoigne Antoine Doussaint, directeur des achats du Groupe La Poste. Même sentiment chez Thales, entreprise pour laquelle le risque de défaillances économiques des fournisseurs était surtout avéré en 2008 plutôt que l'an passé. Pour ce qui est de Mercateo, plateforme d'approvisionnement pour les professionnels, 2013 n'a pas eu d'impact particulier sur ses 600 fournisseurs en Allemagne et 60 en France. " Pas ou peu de défections, bien au contraire, nous ajoutons plutôt des fournisseurs chaque semaine " se félicite Constance Martiny Sondag, responsable de la filiale hexagonale. Il n'empêche : ces entreprises, comme bien d'autres, surveillent attentivement leurs fournisseurs.
Solvabilité...
Le premier point de contrôle concerne la solvabilité. " Compte-tenu du nombre de nos fournisseurs actifs - 30 000 - nous ne les surveillons pas tous avec le même niveau de finesse ", précise Antoine Doussaint. Un suivi qui s'effectue via des données achetées auprès d'Altares ; lesquelles viennent ainsi enrichir les fiches fournisseurs. " Cela nous permet, entre autres, d'identifier les entreprises qui sont fortement dépendants de nous en termes de revenus " poursuit Antoine Doussaint. Le Groupe cherche alors des solutions pour limiter ce risque. Démarche similaire chez Thales : toutes les entités juridiques du Groupe partagent un même référentiel fournisseurs. Lequel s'enrichit en temps réel des alertes Coface. De son côté, "Mercateo contrôle la solvabilité des fournisseurs via la CréditSafe, qui nous fournit des informations sur les risques de défaillance des fournisseurs pour toute l'Europe. Un contrôle qui est renouvelé régulièrement" souligne Constance Martiny Sondag.
... et délais ...
La qualité des services rendus est également évaluée. La Poste ne pratique pas un suivi systématique de ses fournisseurs. "Un suivi plus qualitatif est mis en place, contrat par contrat, afin de suivre et de mesurer la qualité des prestations et la satisfaction des utilisateurs " décrit Antoine Doussaint. Pour sa part, Mercateo travaille en dropshipment, c'est-à-dire que les fournisseurs livrent directement les clients. " Nous réglons les fournisseurs après qu'ils aient envoyé les commandes à nos clients. Si un fournisseur est défaillant, le plus souvent, un autre prend le relais. Pour la plupart des produits, Mercateo dispose de plusieurs sources d'approvisionnement ", explique Constance Martiny Sondag.
... social et environnemental
L'attention portée sur la santé et le risque fournisseurs inclut de plus en plus souvent d'autres critères, droits de l'homme et prévention de la corruption notamment. Thales demande à ses fournisseurs de s'engager sur ces points. La Poste apporte son soutien aux PME innovantes, notamment en termes social et environnemental. " Un soutien qui passe, entre autres, par une attention toute particulière lors des appels d'offres " illustre le patron des achats. Pour Mercateo, aider les fournisseurs " commence par le simple fait de les payer avec ponctualité " assène Constance Martiny Sondag. Mais, comme La Poste ou Thales, " nous commençons à réfléchir à la mise en place d'un filtre " éco-responsable ", activable lors de la sélection de nos fournisseurs " confirme la dirigeante de Mercateo.