Des environnements de travail de plus en plus partagés
Si l'édition 2013 de Bureaux expo ne devrait pas être marquée par de grandes ruptures en matière d'environnement de travail, elle devrait confirmer l'accélération des grandes tendances observées ces dernières années.
Je m'abonne" Dans un contexte de réduction des surfaces, les entreprises s'interrogent toujours sur la manière la plus pertinente d'aménager les bureaux de leurs collaborateurs, lance en préambule Laurent Botton, directeur de Bureaux Expo. Les plus précurseurs sur le sujet commencent même à moduler les espaces de travail en fonction du profil et des besoins de chacun. " Renforcée par la crise, cette modulation des espaces pourrait, à terme, remettre en cause les environnements de travail dans nombre de grandes entreprises, comme l'explique Ghislain Grimm, directeur de Form'a. " Le modèle de la firme, avec son organisation très hiérarchisée et rationnelle, ses bureaux cloisonnés attribués en fonction du statut, est appelé à décliner. Il devrait progressivement céder la place aux modèles adoptés par les entreprises connectées et les start-up qui privilégient, elles, l'open space et le travail en mode projet sur des campus horizontaux qui remettent à plat les hiérarchies. "
Pour Ghislain Grimm, c'est d'ailleurs du côté des start-up qu'il faut aller chercher le modèle le plus en rupture, puisque l'idée de reconnaissance et de possession individuelle n'y existe plus. " Sur les campus de Facebook ou de Google, les locaux sont 100 % en open space et organisés par activité. Et, comme l'espace est considéré comme un bien commun, plus personne n'a de bureau affecté. " Cette évolution induit la mise en place d'environnements de travail partagés. " Les ordinateurs portables et les tablettes ayant favorisé le nomadisme au sein de l'entreprise, on voit apparaître de plus en plus de postes partagés ", confirme Gérard Pinot, directeur associé de Génie des Lieux, qui note aussi que " les grands plateaux de 100 ou 200 postes cèdent progressivement la place à des unités plus humaines de 10, 20 ou 40 postes, avec des cloisons vitrées et des mobiliers de rangement qui permettent d'isoler les équipes ". Dans ce contexte, et avec le développement de la numérisation, la traditionnelle armoire à rideau en 120 x 200 cm a du souci à se faire. " Dans cinq ans, elle n'existera plus, pronostique même Gérard Pinot. On s'oriente vers du rangement minimal ou pas de rangement du tout au niveau du poste de travail. " Pour favoriser le travail en mode projet, les entreprises connectées et les start-up aménagent aussi des espaces collaboratifs à proximité des postes de travail dotés de grandes tables d'hôtes et de dispositifs de conf call ou de visioconférence.
Le poste de travail en pleine mutation
Du côté du poste de travail, on peut s'attendre à de profondes mutations. Des bureaux réglables en hauteur, intégrant quantité de prises de courant et de connexions informatiques, commencent à pointer le bout du nez en France, alors qu'ils sont devenus la norme en Europe du Nord. " Dans le même ordre d'idées, complète Ghislain Grimm, une attention accrue est portée sur le siège qui s'est imposé comme un enjeu de confort, avec des modèles ergonomiques pour les collaborateurs sédentaires et des assises plus dynamiques pour les autres. "
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Toujours pour améliorer le bien-être et la qualité de vie au travail, les entreprises accordent un soin particulier à l'acoustique. " Les fabricants sont capables de capter les bruits et de recréer des ambiances feutrées sur des espaces ouverts avec des faux plafonds, des panneaux ou des cloisons de plus en plus performants ", assure Laurent Botton. Le mobilier de bureau et de rangement participe, lui aussi, à l'amélioration de la performance acoustique avec des postes qui embarquent des petites cloisonnettes feutrées et des rangements pour renforcer l'impression de cocon.
Priorité au recyclable
Autre tendance lourde, les entreprises se sont converties aux exigences du développement durable en privilégiant les matériaux recyclables. " Pour réduire leur consommation d'énergie électrique, les entreprises choisissent des mobiliers clairs qui réfléchissent la lumière, souligne Gérard Pinot. Pour ce qui est des matériaux, on est toujours sur du bois mélaminé pour les plateaux de bureaux, mais on commence aussi à trouver sur le marché des modèles plus légers en carton alvéolaire. "
Enfin, les entreprises connectées et les start-up se distinguent par une offre variée en matière de services à la personne comme des conciergeries ou des crèches. " Les restaurants deviennent aussi des lieux alternatifs de travail où vous pouvez vous connecter à Internet et vous réunir de manière informelle, complète Gérard Pinot. Certaines entreprises commencent également à proposer des modes de restauration rapide pour manger en dehors des heures traditionnelles de repas. " D'autres vont encore plus loin en autorisant le jeu ou la sieste... " À son nouveau siège, France Télécom a installé une cabine de repos qui intègre de la luminothérapie et qui permet à un collaborateur de se reposer ou de travailler allongé avec sa tablette. Une posture qui aurait été inimaginable il y a encore quelques années dans une entreprise ", conclut Ghislain Grimm.