Exploiter les atouts de la location moyenne durée
Besoin ponctuel ou manque de visibilité de la part des entreprises : la location moyenne durée (LMD) devient une solution incontournable pour les gestionnaires de flottes automobiles. Un choix pertinent à condition de maîtriser ces offres.
Je m'abonneÀ quoi sert la location moyenne durée ? En premier lieu, à répondre à des problématiques de ressources humaines, telles que la fourniture d'un véhicule d'essai avant l'embauche définitive d'un nouveau collaborateur. Un choix qu'a adopté IMCD, distributeur de produits chimiques et d'ingrédients alimentaires : pour compléter sa flotte d'une soixantaine de véhicules, elle loue quatre à cinq voitures auprès de Kéolease pour des durées comprises entre un et six mois. Les enjeux de production peuvent également justifier le recours à la LMD : lancement d'une nouvelle activité, mission ponctuelle... Par ailleurs, cette solution permet d'optimiser la gestion de sa flotte, par exemple lorsqu'un collaborateur a commandé une voiture de fonction en location longue durée et que les délais d'attente atteignent plusieurs mois. Enfin, la LMD peut être une porte d'entrée chez les loueurs longue durée dans le cas d'une entreprise propriétaire de ses véhicules, qui souhaite faire un test avant de basculer son parc en location. La moyenne durée offre également une planche de salut aux entreprises fragiles financièrement. En examinant leur solvabilité, les loueurs risquent de se montrer réticents à leur consentir des locations de 36 ou de 48 mois. Faire un test en LMD permet de surmonter cet obstacle avec la perspective de signer un contrat pérenne à l'issue d'une période de location sans accroc.
Au cours des dernières années, la plupart des acteurs du marché ont aligné leur durée minimale de location à un mois. Si l'entreprise n'est pas certaine d'avoir besoin du véhicule aussi longtemps, la location courte durée reste intéressante par sa capacité à facturer au jour près, quitte à signer une prolongation pour quelques jours de dépassement. Dans sa proposition moyenne durée, Flexirent (qui fonctionne par tranches d'un mois renouvelable), Hertz tire parti de cette souplesse. " Si le client rend le véhicule au bout de quinze jours seulement, il est facturé sur cette base mais au tarif de la location courte durée ", explique Martial Doré, directeur de l'activité utilitaires et moyenne durée.
Un marché toujours en croissance
Présent depuis 2007 sur ce créneau, Kéolease a enregistré 10 % de croissance en 2015. Et Jean-Pierre Desgens, son fondateur, se réjouit : " Nous connaissons une accélération avec 25 % de progression depuis le début de l'année 2016 ". Pour Olivier Monot, directeur général d'Alphabet, " il s'agit du service qui a le plus progressé ces dernières années, hors services innovants tels que l'autopartage ou le véhicule électrique ". Chez Arval également, la LMD est en croissance : " La demande est forte en raison de la conjoncture et du manque de visibilité des entreprises, mais aussi parce que ce marché devient connu ", constate Patricia Caulfuty, directrice de la performance commerciale. Même dynamisme chez les clients d'ALD Automotive : " De plus en plus de clients consomment de la LMD, reconnaît Laurent Corbellini, directeur du développement commercial. Et ceux qui y viennent continuent à employer cette solution .
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Cibler sa durée de location
Au-delà d'un mois, la LMD devient plus compétitive. Le modèle économique de la moyenne durée, fondé sur l'amortissement de véhicules récents et faiblement kilométrés, permet d'accéder à des tarifs plus avantageux quand la durée de location augmente. Chez Kéolease, spécialiste de la moyenne durée, les loyers diminuent de 15 % à partir de douze mois de location. Au-delà de douze mois d'affilée, la question du passage à la location longue durée (LLD) se pose. Chez ALD Automotive (ALD Rent) ou chez Alphabet, l'offre est d'ailleurs limitée à douze mois, alors qu'Arval (Arval Moyenne Durée) propose jusqu'à vingt-quatre mois. Dans tous les cas, des dérogations peuvent se négocier. " Avant la date de restitution, nous prévoyons un rendez-vous avec le client et la possibilité de prolonger le contrat ", indique Patricia Caulfuty, directrice de la performance commerciale d'Arval. Cependant, les prolongations au-delà des maxima prévus restent rares, dans la mesure où les durées moyennes observées se situent autour de six mois de location. Et il n'est pas certain que prolonger la LMD demeure la solution la plus compétitive. " En cas de prolongation d'un mois, notre tarif reste le même ", précise Olivier Monot d'Alphabet. Cependant, le passage à la LLD devient plus avantageux dans ce cas de figure (5 à 10 % de moins sur la facture), avec la possibilité de repartir en longue durée au volant d'un modèle neuf de son choix. En revanche, en cas de location plus courte que prévu, attention aux pénalités qu'appliquent encore certains loueurs.
En ce qui concerne le kilométrage, les règles diffèrent d'un loueur à l'autre. Chez Rent A Car, la moyenne durée s'adresse aux gros rouleurs. " Notre proposition débute à 3 000 kilomètres par mois, jusqu'à 5 000 voire davantage à la demande ", précise José Esmeriz, responsable d'une dizaine d'agences dans le secteur sud de Paris. Alphabet a ciblé une fourchette comprise entre 2 000 et 4 000 kilomètres mensuels, alors qu'Arval propose jusqu'à 6 000 kilomètres par mois.
Surveiller le kilométrage
D'autres loueurs ont établi des paliers, comme ALD Automotive : " Nous avons des grilles de kilométrage de 2 500, 3 500, 4 500 ou 6 000 kilomètres ", détaille Laurent Corbellini, directeur du développement commercial. Même principe dans l'offre de Hertz, qui débute à 1 500 kilomètres par mois avec cinq paliers mais aussi, pour les petits rouleurs, une facturation au kilomètre (500 km par mois inclus puis 10 centimes HT par kilomètre supplémentaire). Aujourd'hui, les acteurs du marché n'appliquent pas de pénalités en cas de changement de forfait. Mais si la loi de roulage n'est pas adaptée, il revient au gestionnaire de parc de faire la démarche pour demander à changer de forfait kilométrique le mois suivant. Chez Hertz, les kilomètres non parcourus peuvent être reportés le mois suivant. Quant à Kéolease, il propose de rembourser ses clients des kilomètres inclus dans le forfait mais non parcourus. Dans le cas inverse, un complément de loyer correspondant aux kilomètres supplémentaires est facturé, la grille tarifaire s'ajustant automatiquement.
Des contraintes imposées
À la différence de la LLD, les locations moyenne durée sont proposées avec un package de services inclus d'office, sur le modèle de la location courte durée : assurance entretien, pneumatiques, assistance, véhicule de remplacement, assurance tous risques. Impossible de négocier à la carte le choix de telle ou telle prestation, telle que l'assurance pour les entreprises en auto-assurance par exemple. Comme le défend Laurent Corbellini, " toutes les démarches ont déjà été effectuées lorsque nous livrons la voiture au client. Nous ne prenons aucun risque avec un conducteur occasionnel. " En cas d'accident avec un collaborateur inexpérimenté, le sinistre n'impactera pas l'ensemble de la flotte. Seule marge de manoeuvre : souscrire des options telles que la monte de pneus hiver ou l'octroi d'une carte carburant. Attention cependant, si la voiture est destinée à un jeune collaborateur de moins de 21 ans, la location moyenne durée peut être refusée. En outre, une surprime d'assurance s'applique parfois aux moins de 25 ans.
Concernant les véhicules, la marge de manoeuvre est également réduite. Pas question de demander le modèle de son choix mais une voiture correspondant à une catégorie (citadine, compacte, premium...) dont la motorisation correspond aux exigences de la plupart des "car policies" et dotée d'une finition business. La disponibilité dépend de la taille du parc à l'avantage des loueurs courte durée qui puisent dans leurs stocks pour satisfaire la demande client (10 000 véhicules chez Herz, par exemple).
Reste le cas des véhicules spécifiques plus difficiles à trouver en location moyenne durée. En ce qui concerne les voitures particulières, Kéolease propose une gamme qui va des citadines aux monospaces, mais pas de véhicules premium. Chez ALD, toutes les gammes sont disponibles jusqu'aux grosses berlines et SUV, y compris dans des motorisations alternatives au diesel avec des hybrides et des véhicules électriques (la LMD étant une occasion de les tester en conditions réelles), tout comme chez Alphabet. Enfin, du côté des utilitaires, les offres se limitent souvent aux petits modèles et aux moyens fourgons (jusqu'à 15 m³ chez Arval, par exemple) avec une dotation qui comprend le plus souvent l'intérieur bois. Pour des modèles plus gros, avec des équipements ou des aménagements spécifiques (benne, plateau, double cabine...), les loueurs courte durée sont les mieux positionnés. Ainsi, chez Rent A Car, " nous pouvons proposer des équipements tels que des galeries, des gyrophares, voire fournir des véhicules spécifiques avec un délai supérieur à une journée s'ils ne sont pas disponibles dans notre parc ", affirme José Esmeriz. Cependant, plus la demande sera conventionnelle, plus le véhicule pourra être rapidement opérationnel.
Livraison express en 48 heures
Les loueurs moyenne durée sont en mesure de livrer un véhicule partout en France mais avec des délais différents selon les lieux. " Nous avons fait évoluer nos livraisons selon trois options ", détaille Patricia Caulfuty chez Arval : " Livraison gratuite sur site en cinq jours ouvrés en Île-de-France et en région lyonnaise, ou en cinq à dix jours ailleurs et possibilité d'une livraison express en 48 heures sous condition " Chez les loueurs courte durée, le véhicule peut être retiré en agence, y compris aux horaires de fermeture si le loueur propose un système de déverrouillage à distance. Lorsque la livraison n'est pas incluse dans l'offre, le forfait représente généralement une somme tournant autour d'une cinquantaine d'euros.