Sous-traitance électronique: "Un trop grand nombre de clients n'acceptent pas de partager le risque de change"
Le secteur de la sous-traitance électronique représente 550 entreprises qui emploient 28000 personnes et réalisent un CA de 5 milliards d'euros. Si le secteur enregistre une croissance continue depuis 10 ans, côté rentabilité, les entreprises souffrent. Explications avec un porte parole du secteur.
Je m'abonneAuparavant cantonné aux secteurs des télécoms et de l'informatique, l'électronique s'invite aujourd'hui partout ; du coeur artificiel Carmat, aux circuits d'Airbus en passant par les emballages en carton, pour la 10ème année consécutive le secteur est en croissance.
Les secteurs les plus consommateurs de cartes et systèmes électroniques sont les automatismes industriels (objets connectés pour l'industrie), les transports (sauf automobile), l'aéronautique (sur les 550 entreprises, 200 travaillent pour l'aéronautique).
Risque de change
70% des entreprises de ce secteur sont des PME dont les effectifs ne dépassent pas 50 personnes. Si le secteur est en croissance, côté rentabilité, ces sociétés sont à la peine. "Les achats de composants électroniques représentent en moyenne 60% du CA et se font en dollar. La dévaluation de l'euro va absorber le résultat des entreprises", explique Richard Crétier, le délégué général du SNESE (Syndicat National des Entreprises de Sous-traitance Électronique).
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En plus de cela, ce dernier rappelle qu'"un trop grand nombre de clients n'acceptent pas de partager le risque de change". Il explique que l'achat de composants électroniques demeure des "achats risqués car il y a une pénurie mondiale quasi permanente. Aujourd'hui, il faut de 18 à 24 semaines pour être livré. Il y a 7/8 mois nous étions à 34 semaines. En face, nous avons des clients qui ne font plus de prévision et passent leurs commandes au dernier moment. Leur dire qu'il y aura 18 semaines de délais est compliqué..."
Richard Crétier : "Nous aimerions davantage rencontrer les directeurs achats"
Qu'attendez-vous d'un tel salon ?
L'intérêt pour nous d'être présent sur le MIDEST : cela nous fait sortir des marchés historiques de l'électronique. Travailler par exemple avec un cartonnier qui fait des emballages de luxe et qui cherche des solutions pour rendre ses emballages inviolables et communicants, nous intéresse. Nous sommes aussi attentifs aux différentes opportunités de partenariats avec des entreprises de l'univers de la plasturgie ou de la mécanique car on nous demande de plus en plus une solution unique de sous-traitance.
Quels contacts avez-vous avec les directeurs achats sur ce salon ?
Nous ne voyons pas beaucoup de directeurs achats mais des acheteurs. Ce que l'on regrette c'est que, très souvent, la politique de l'acheteur n'est pas exactement celle de la direction. Au SNESE, nous aimerions davantage rencontrer les directeurs achats.
C'est toujours désagréable d'entendre dire qu'une entreprise est respectueuse des relations de sous-traitance et que, sur le terrain, les acheteurs bafouent en permanence les conditions générales de vente ! Le SNESE va d'ailleurs mener une enquête pour savoir qui, parmi les 550 adhérents et non adhérents signataires de la Charte, dit la vérité. Cela fait partie de la Charte, par exemple, d'accompagner son sous-traitant lorsqu'il y a des problématiques monétaires. Or, dans les faits, on voit bien que ce n'est pas le cas...