Le gâchis des achats publics
L'analyse du besoin, négligée
L'auteur rappelle que "l'analyse du besoin est la condition indispensable pour la réussite d'un achat ou d'un projet". Mais si tout le monde en parle et reconnaît cette nécessité, "peu de cellules achats se donnent, aujourd'hui, les moyens de mettre en oeuvre cette politique". Pourtant, argumente-t-il, "cette approche offre de nombreux avantages: elle favorise la créativité du fournisseur, qui va chercher la solution la plus innovante pour optimiser l'ensemble "qualité et coût" de son offre et apporte, ainsi, des solutions originales aux demandeurs". Cette démarche, appelée souvent "cahier des charges fonctionnel", "favorise également l'exhaustivité dans la description du besoin, bien utile, selon lui, pour les travaux, notamment, qui finissent souvent avec des avenants entraînant des surcoûts de l'ordre de 30 à 40 % en regard du montant initial."
La reformulation, par des acheteurs, du Code des marchés publics, fait partie des pistes d'amélioration avancées par Jean-Arthur Pinçon.
L'auteur donne quelques exemples éloquents: le musée des Confluences, à Lyon, "et ses 240 millions d'euros estimés de dépassement par rapport au projet initial soit, - à titre de comparaison, l'équivalent de 38000 RSA sur un an! - ou encore le Centre philharmonique de Paris, dont le projet a enregistré 116 millions d'euros de dépassement, soit l'équivalent de 5300 places de crèche". Même constat en matière d'achats de prestations intellectuelles, qui se terminent souvent avec "des dépassements de l'ordre de 20 à 30 %, en moyenne, en raison, toujours, d'une mauvaise définition du besoin".
Des améliorations simples à mettre en place rapidement
Les marchés publics sont aujourd'hui évalués à plus de 10 % du produit intérieur brut de la France. Autant dire qu'au regard du déficit public (prévision de 3,8 % du PIB en 2015) et de la dette publique (95 % du PIB, selon l'Insee en 2015), souligne Jean-Arthur Pinçon, "il est plus que temps d'agir pour réduire les dépenses et gagner en efficacité". Jean Tirole, Nobel d'économie, a d'ailleurs récemment recommandé plus de transparence dans les marchés publics.
Jean-Arthur Pinçon propose quelques pistes d'amélioration comme une application stricte des principes du Code, sa reformulation par des acheteurs, une réorganisation des structures achats qui dépendent trop, selon lui, des structures juridiques, le développement de l'offre de formations spécifiques destinées aux acheteurs publics, la professionnalisation des acteurs, ainsi que la création de structures idoines qui prendraient enfin en charge la supervision de montants importants. "Une coordination avec la Cour des comptes et les chambres régionales des comptes serait pertinente".
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