Le gouvernement sursoit à la hausse des péages autoroutiers
A l'issue des négociations relatives à l'évolution du prix des péages pour 2015 entre les sociétés concessionnaires d'autoroutes et le gouvernement, Matignon vient d'annoncer, aujourd'hui mardi 27 janvier 2015, un gel des tarifs pour l'année 2015.
Je m'abonneLe gouvernement a décidé de surseoir à la hausse des péages autoroutiers de 0,57% prévue le 1er février, "dans l'attente des conclusions d'un groupe de travail sur l'avenir des concessions autoroutières", a annoncé mardi Manuel Valls. Un point détape sera fait en février. Et la réponse ne s'est pas faite attendre: les sociétés d'autoroutes lancent une procédure contre l'Etat. Elles estimant, dans un communiqué de presse diffusé par l'Association des sociétés française d'autoroutes (ASFA), que la suspension de la hausse des péages autoroutiers est une "décision unilatérale qui décrédibilise de façon durable la signature de l'État pour les contrats de partenariat public-privé et introduit une incertitude pour les entreprises et leurs actionnaires, dans leurs relations avec les marchés internationaux qui financent les investissements qu'elles réalisent pour le compte de l'État".
L'association "40 millions d'automobilistes", qui avait mobilisé nombre d'élus contre le projet de hausse se réjouit aujourd'hui: C'est "une première victoire dans ce dossier, car il faut tout de même rappeler que c'est initialement une baisse des tarifs qui avait été envisagée par Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie et des Transports et Emmanuel Macron, ministre de l'Economie".
En novembre dernier, l'association avait demandé à tous les élus parlementaires, présidents de partis et de groupes politiques de s'engager en faveur contre une baisse du prix des péages. 44 personnalités politiques s'étaient engagée "contre", aux côtés de 40 millions d'automobilistes "et 1 seul président de parti politique", Nicolas Dupont-Aignan, député et président du parti Debout la France. "Près de 100 élus ont répondu positivement ou négativement à notre appel. Nous avons été frappés de voir que la plupart des parlementaires ont botté en touche, refusant de se prononcer", a commenté indique Daniel Quéro, président de 40 millions d'automobilistes.
En fin d'année 2014, 150 parlementaires avaient demandé, dans un courrier au Premier ministre, la renationalisation des autoroutes. L'un des cosignataires, Jean Glavany, député des Hautes-Pyrénées, a indiqué, dans une interview le 12 décembre dernier sur Sud radio que "l'intérêt général n'était pas de baisser les prix des autoroutes". Pour Pierre Chasseray, délégué général de l'association "sur les 150 parlementaires qui demandent la nationalisation des autoroutes, aucun n'a répondu à notre demande. Leur silence en dit long !"
La lettre à Ségolène
Ce matin, l'association a rendu public le courrier signé par les 44 élus engagés en faveur de la baisse du prix des péages. Daté du 27 janvier, il s'adresse à Ségolène Royal, ministre de l'Écologie et des Transports, et met en perspective les prévisions du ministère des Transports qui estime à 0,7 % le taux d'accroissement du trafic autoroutier d'ici 2030, et les recettes attendues, avec une éventuelle augmentation des tarifs autoroutiers.
"(...)La récente décision de suppression de l'écotaxe devant peser sur le transport routier de marchandises et la nécessité de trouver une nouvelle source de financement de l'Agence de financement des infrastructures de transport françaises pour compenser ce manque à gagner ont relancé le débat autour des dividendes récupérés par les sociétés privées gestionnaires d'autoroutes et du coût du droit de péage pour les usagers, aussi bien dans la sphère politique qu'auprès de l'opinion publique. La fréquentation des autoroutes françaises est en constante augmentation et les prévisions du ministère des Transports estiment à 0,7 % le taux d'accroissement du trafic autoroutier d'ici 2030. Cette augmentation de la fréquentation combinée à la hausse incessante des tarifs des péages assurent aux sociétés d'autoroutes des bénéfices colossaux, incompréhensibles pour l'automobiliste et inacceptable pour l'État français, pointé du doigt à plusieurs reprises par l'Autorité de la Concurrence et par la Cour des Comptes pour sa mauvaise gestion des négociations des contrats de plan lors de la cession des autoroutes aux entreprises privées et pour son laxisme quant au contrôle qu'il est censé exercer, relativement au respect des obligations notamment tarifaires de ces mêmes sociétés (...)".
La lettre était signée de l'association et des personnalités politiques engagée à ses côtés: Julien Aubert, Jacques-Alain Benisti, Véronique Besse, Jacques Bompart, Natacha Bouchart, Philippe Briand, Jean-Jacques Candelier, Patrice Carvalho, Jean-Yves Caullet, Gérard Charasse (favorable à une non augmentation), Philippe Cochet, Jean-Pierre Decool, Yves Detraigne, Jeanine Dubié, Marie-Annick Duchene, Nicolas Dupont-Aignan, Yannick Favennec, Laurent Furst, Colette Giudicelli, Brigitte Gonthier-Maurin, Philippe Gosselin, Denis Jacquat, Jacques Lamblin, Jean-Luc Laurent, François Loncle, Alain Marleix, Franck Marlin, Jean-Pierre Masseret, Dominique Nachury (pour le gel des tarifs), Cyril Pellevat, Jean-Luc Reitzer, Arnaud Richard, Stéphane Saint-André, Bruno Sido, Fernand Sire, Lionel Tardy, Michel Terrot, Catherine Troendle, Patrice Verchere, Maurice Vincent.