Enquête : L'acheteur public est à la croisée des chemins
Cette cinquième enquête sur l'évolution du métier d'acheteur public, réalisée en partenariat avec l'UGAP, montre que la professionnalisation des services achats dans le secteur public est en route. Profils moins juridiques, stratégies achats en cours d'élaboration, mutualisation... les choses bougent.
Je m'abonnePresque 65 % des personnes interrogées dans notre enquête estiment que leur métier s'est professionnalisé et 34 % travaillent désormais au sein d'une direction des achats bien identifiée. Les profils sont moins juridiques qu'auparavant (26 % contre 74 % issus d'autres formations). En revanche, si les structures achats existent, un acheteur sur deux déclare que sa stratégie d'achats est encore en cours d'élaboration.
Mais à y regarder de plus près, et comme l'a relevé Franck Barrailler, responsable de la fonction achats à l'INPI (Institut national de la propriété intellectuelle) : "On se rend compte que tout ce qui serait nécessaire pour concourir à la professionnalisation de la fonction n'est pas encore appliqué dans les faits."
En effet, si plus de la moitié des acheteurs publics observent une professionnalisation de la fonction, ils déclarent en revanche n'avoir que rarement recours à la négociation (49 % disent "jamais" et 31 % le font dans certains cas) quand la procédure le permet pourtant. Les raisons ? Une absence de compétences pour 44 % d'entre eux et un manque de temps pour 28 % des répondants.
Même tendance observée au niveau de la réalisation de veilles économique et technologique pour les différents secteurs d'achats. Si 64 % déclarent le faire, ils ne sont plus que 25 % à effectuer ce travail de manière systématique sur tous leurs marchés. En cause : le manque de temps et des procédures achats qui ne sont pas encore bien installées.
Prise de conscience
Sébastien Taupiac, directeur délégué à l'innovation à l'UGAP, observe toutefois que les choses évoluent. "Il y a une prise de conscience des acheteurs sur l'importance des phases amont et aval des procédures. Un achat performant, ce n'est pas seulement une procédure d'appel d'offres, mais c'est surtout réussir la phase amont : l'analyse du besoin, l'expertise, le sourcing. Et aussi la phase aval : l'exécution du contrat, une application ferme mais responsable des pénalités, une relation acheteur fournisseur équilibrée, des paiements et délais de paiement respectés."
Pour Romain Tournereau, responsable du service coordination de l'achat à la direction de la commande publique de Brest Métropole et de la ville de Brest, ce travail de veille est capital. "C'est pour moi l'essence même du métier d'acheteur public que d'être en veille sur ses marchés. Nous le faisons de façon continue. Le recours à la négociation n'étant pas possible dans les appels d'offres ouverts, il est très important pour un acheteur public d'avoir défini son besoin de façon réellement éclairée. La veille technologique et économique est donc fondamentale pour un acheteur public."
Ils sont néanmoins encore 55 % à reconnaître ne pas avoir une bonne connaissance du tissu économique et industriel, quand 67 % estiment que le processus de recensement préalable des besoins est difficile à réaliser. "Un recensement préalable des besoins est satisfaisant quand il associe l'ensemble des parties concernées, et surtout lorsqu'il est mené de façon prospective et anticipée. Il y a quatre ans, nous nous sommes dotés d'un outil de planification des consultations qui nous a changé la vie, nous permettant d'organiser au mieux, tout au long de l'année, la passation de nos marchés", poursuit Romain Tournereau.
Autre enseignement de cette enquête : une tendance à l'externalisation. Ainsi, 72 % déclarent de ne pas réaliser seuls leurs achats. 43 % d'entre eux se tournent vers une centrale d'achat et 28 % ont recours à un groupement de commandes. Plus d'un acheteur sur deux (56 %) externalise ainsi entre 10 et 30 % de ses achats. Côté commande en ligne, elle est plébiscitée par 68 % des répondants pour l'achat de consommables (30 %), de mobilier de bureau simple (14 %) et de "produits standards" comme les périphériques ou matériels informatiques (13 %).
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