Enquête : L'acheteur public est à la croisée des chemins
Le secteur public continue d'attirer les acheteurs privés. Ainsi, 21 % des personnes interrogées déclarent avoir occupé une fonction d'acheteur dans le privé (18 % en 2014) avant de se tourner vers le secteur public.
Sur les 79 % des acheteurs restants, 24 % songent à une carrière dans le privé. S'ils sont 59 % à penser que les métiers d'acheteur dans le public et le privé sont différents, ils sont pourtant 60 % à estimer que ces deux métiers utilisent les mêmes connaissances techniques et commerciales.
"En matière de définition du besoin, de mise en concurrence, d'exécution du marché ou de contrat, les processus achats dans le public et le privé ne sont pas très différents", estime Franck Barrailler, responsable de la fonction achats à l'INPI.
Quid du code des marchés ?
Selon François Antoniolli (Commune de Saint-Louis), "on aura toujours le code et la loi à respecter, mais il n'empêche que la base du métier reste de faire de l'achat".
Mais si les points communs sont plus importants qu'on ne le pense, Sébastien Taupiac (UGAP) relève encore quelques extrêmes dans les profils de part et d'autre. "On a encore des acheteurs trop juridiques dans le public et des acheteurs trop négociateurs dans le privé. Mais la majorité des acheteurs se trouve au milieu et considère à juste titre que leurs métiers sont similaires à 90 %. L'intégration d'acheteurs issus du privé est parfois rendue difficile par la complexité du métier d'acheteur public (droit de la commande publique, solutions plus complexes, intégration nécessaire des politiques publiques, NDLR), avec un démarchage plus courant des acheteurs publics par des entreprises privées !"
Les critères environnementaux et sociaux ont intégré le code des marchés publics suite au décret n°2006-975 du 1er août 2006. Les acheteurs publics sont aujourd'hui 26 % à considérer qu'ils peuvent intégrer ces critères dans plus de 50 % de leurs marchés.
"Nous y réfléchissons systématiquement pour chacun de nos marchés. La part des achats qui intègrent ces critères est aujourd'hui supérieure à 50 %, avec bien sûr une pondération par familles d'achats", explique François Antoniolli.
Quant aux achats dits "innovants", et en raison d'une définition encore un peu floue, ledit critère n'est mis en oeuvre, pour 80 % des répondants, que dans 5 % de leurs marchés dans le meilleur des cas. "Nous essayons de laisser la place aux innovations dans nos marchés publics et cela se traduit très concrètement par un principe d'autorisation des variantes sauf exception", commente Romain Tournereau (Brest Métropole).
Le code des marchés publics (cités par 25 % des répondants) arrive cette année en tête des freins identifiés par les acheteurs publics. Il devance ainsi le manque de temps pour faire de la veille industrielle (22 %), alors que ce frein était, l'an dernier, placé en première position. Les seuils des marchés publics sont ensuite cités par 12 % des acheteurs.
Quant aux voies permettant, demain, d'optimiser la performance achat de leurs organisations, la professionnalisation des acheteurs est citée par 27 % des répondants, le suivi approfondi de l'exécution des marchés par 18 %, et 16 % estiment que le recours à l'achat groupé est une voie intéressante à explorer.
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