Pédagogie et créativité
Pour Thibaut Gollentz, il est aujourd'hui essentiel que les acheteurs fassent preuve de pédagogie et de créativité afin de challenger les demandes des clients internes, en étant à même de trouver des solutions nouvelles et de les expliquer. Doriane Listrat, senior manager chez Fed Supply, met quant à elle en avant la communication, notamment à distance, et la conduite du changement.
Une étude publiée par Michael Page et France Supply Chain sur les tendances métiers de la supply chain (juillet 2021) rapporte les compétences les plus demandées par les entreprises. On y retrouve l'adaptabilité, les qualités relationnelles, la capacité à fédérer, la pédagogie, l'organisation et l'anticipation. Les auteurs de l'étude listent également les compétences qui leur semblent essentielles, à savoir la curiosité, la force de proposition, le sens de l'innovation, la capacité à coconstruire des solutions, l'intelligence émotionnelle, la capacité à apprendre et à donner du sens. "Les collaborateurs supply chain qui seront performants demain seront curieux, ouverts au monde pour comprendre les enjeux et favoriser l'innovation", pense Sébastien Perdereau, practice manager chez Michael Page.
Raconter une histoire
Entre les nouvelles compétences, hard et soft, dont doivent faire preuve les équipes achats, et les tensions de recrutement dues au redémarrage de l'économie, les directions achats doivent soigner leurs recrutements afin d'attirer les meilleurs profils. Bien sûr, le salaire n'est pas à négliger. Sébastien Perdereau invite notamment à remettre à niveau les salaires dans la supply chain, qui sont parfois en deçà du niveau de ceux des fonctions financières ou commerciales.
Mais cela ne suffit pas : les candidats recherchent plus qu'un salaire. "Il faut rapidement mettre en avant les perspectives d'évolution, comme la possibilité de diversifier son portefeuille ou d'avoir une carrière internationale, en donnant l'exemple de personnes en interne", conseille Axel Minet. "Aujourd'hui, il n'est plus possible d'uniquement proposer un poste. Il faut raconter l'après, offrir une histoire, un parcours, une trajectoire", abonde Sébastien Perdereau. Pour lui, la richesse du poste est également un facteur d'attractivité. "La logistique et la supply chain peuvent proposer des postes variés, une diversité de problématiques. C'est quelque chose à valoriser", conseille-t-il.
Claire Etcheverry est quant à elle persuadée qu'il est possible de mettre en avant le fait qu'il y a tout à réinventer dans la manière de travailler avec les fournisseurs : un avenir de la fonction achats qu'il s'agit de mettre en avant, notamment auprès de profils qui ne sont pas issus des achats.
Un projet d'entreprise
Pour Thibaut Gollentz, le projet d'entreprise est fondamental pour attirer et fidéliser les talents. "L'acheteur doit sentir que les achats et/ou la supply chain sont au centre de la stratégie d'entreprise", souligne-t-il. Il invite à donner du feedback sur les évolutions possibles de la stratégie d'entreprise et les impacts sur la fonction achats.
Les candidats sont en effet friands de détails sur les projets de l'entreprise. Axel Minet signale par exemple qu'il est de plus en plus questionné sur l'innovation et les projets de croissance de l'entreprise.
"Il faut être le plus transparent possible, donner un maximum d'informations afin que les candidats puissent se projeter dans le poste, savoir si l'activité est saine, etc.", avertit Doriane Listrat.
De l'humain... et du télétravail
Denis Negri, candidat qui vient de terminer son parcours de recrutement, raconte qu'il recherchait une entreprise prête à mettre des moyens pour progresser dans la performance de la supply chain globale. La culture d'entreprise et l'ambiance étaient également importantes pour lui. "Cela était difficile à percevoir puisque j'ai passé de nombreux entretiens à distance. Mais j'ai eu la chance de me rendre dans les bureaux de ma future entreprise pour les derniers entretiens et j'ai senti du respect, de la considération, de l'écoute de la part des personnes qui travailleraient avec moi", rapporte-t-il.
Les candidats rencontrés, qu'ils soient millennials ou plus expérimentés, recherchent avant tout une qualité de relation. "Ils veulent être en relation avec des gens qui mettent l'humain au centre", remarque Sébastien Perdereau. Au-delà d'offrir la possibilité de télétravailler - incontournable aujourd'hui -, il s'agit de mettre en avant une ambiance de travail de qualité faite de management bienveillant et de respect entre collaborateurs.
Louis de Lamaëstre parle de "responsabilité vis-à-vis du collaborateur. "Nous sommes vigilants quant à la place de l'humain et aux particularités de chacun", explique-t-il. Les valeurs sont donc importantes. Ainsi, une entreprise à mission ou qui est impliquée dans la RSE de manière sérieuse, peut se démarquer, tant les candidats sont aujourd'hui à la recherche de sens au travail. Charles Germain incite à communiquer sur ses actions RSE, non seulement auprès des clients mais aussi auprès des candidats. "Cela permet d'attirer des profils qui ne viendraient pas de manière organique vers l'entreprise", souligne-t-il.
Accélérer les processus de recrutement
Autre conseil de la part de Charles Germain : faire preuve de réactivité. "Il ne faut pas que trop de temps s'écoule entre les différents entretiens ; le risque, sinon, est que le candidat reçoive une meilleure proposition ou fasse monter les enchères". "Des process de recrutement très rapides démontrent tout l'intérêt porté au candidat", ajoute Sébastien Perdereau.
Salaire, visibilité, valeurs et rapidité sont donc les clés pour recruter les profils dont les achats ont besoin dès aujourd'hui et à l'avenir.
Lire la suite en page 3 de cet article: Focus - "En recrutant, nous souhaitons accéder à des pratiques plus innovantes"
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