Les incertitudes les plus prévisibles, telle que la saisonnalité, sont généralement intégrées aux modèles des outils intelligents. Les risques exogènes par définition les plus difficiles à anticiper (événements météorologiques, crises politiques, sociales, épidémies...) ne sont pas non plus laissés pour compte. "L'un des avantages de notre solution concerne son approche prédictive dans ce domaine, avec un intervalle de confiance : on passe ainsi d'une prévision qui est une simple courbe à une prévision intégrant une valeur basse et haute au fil du temps, permettant aux approvisionneurs de se situer par rapport aux perspectives et au degré de prises de risque multicritères. Une médiane représente dans le même temps un fonctionnement normal sans perturbations. Plusieurs centaines de scénarios sont joués simultanément, et ces intervalles de confiance affichés apportent une lecture future des activités qui se veut la plus juste possible", détaille Pierre-Yves Marteau.
Combiner nouvelles technologies et bonnes pratiques
Pour Loïc Le Dréau, les décideurs doivent "avant tout connaître le plus finement possible la mécanique de leur supply chain. Une condition sine qua non plus identifier toutes les failles." Parmi les risques, les cybermenaces figurent également en bonne osture et justifient à elles seules la nécessité de cette connaissance détaillée. "Aujourd'hui, certaines attaques peuvent passer par le capteur connecté d'un pneu d'un véhicule. Le risque cyber est partie intégrante des éléments à étudier. En fonction de ce qu'on veut protéger et du périmètre et de la valeur des productions et matériels, les dispositifs de sécurité IT doivent être ajustés", ajoute-t-il.
Se doter d'une visibilité complète des forces et faiblesses de sa chaîne d'approvisionnement ne peut être que le fruit d'un travail collectif, mêlant des compétences complémentaires. "Une collaboration entre assurés et assureurs s'avère indispensable, avec des offres adaptées. Nous avons une connaissance détaillée sur la manière dont les matériels brûlent, cassent ou se détériorent. Le client industriel a quant à lui une connaissance fine des impacts économiques d'un élément qui brûle, casse ou se détériore. C'est pourquoi un travail en commun est la meilleure démarche", explique Loïc Le Dréau. Dans un deuxième temps, le rôle d'un accompagnateur comme FM Global consiste à hiérarchiser les actions à entreprendre. L'objectif est de mettre sur pied une couverture d'assurance sur mesure.
Le groupe a par ailleurs développé un outil qui s'appelle "l'Indice de la résilience", accessible en ligne à tous les acteurs. Celui-ci prend en compte dans son calcul les troubles politiques, les problématiques de cybercriminalité ou encore la qualité des infrastructures des pays. Il vise à jouer un rôle d'aide à la décision, afin de conforter ou d'orienter certains choix. "C'est une manière de permettre à chacun d'être pleinement conscient des points faibles et forts d'un territoire donné à une période donnée", résume Loïc Le Dréau
"Les dispositifs de sécurité doivent surtout être adaptés aux nouvelles configurations technologiques"
"L'occasion fait le larron". Le célèbre adage prend tout son sens dans le contexte de digitalisation des supply chain et la multiplication des objets connectés au sein des usines et entrepôts. Ceux-ci représentent autant de nouvelles portes d'entrée potentiels dont les cybercriminels s'emparent d'ores et déjà. "Au-delà d'être indispensables, les dispositifs de sécurité doivent surtout être adaptés aux nouvelles configurations technologiques", assène Ivan Rogissart, responsable de l'ingénierie au sein de Zscaler, fournisseur de solutions de sécurité pour les industries. Les attaques multiples du virus NotPetya en témoignent, provoquant l'arrêt de nombreux outils de production parmi lesquels ceux de Saint-Gobain qui a souffert d'un blocage majeur de près de deux semaines. Les pertes qui en découlent se chiffrent à plusieurs centaines de millions d'euros.
La micro-segmentation des périmètres d'accès fait partie des règles d'or à appliquer dans ce domaine : "une personne ayant la nécessité d'accéder à une chaîne industrielle, ne peut en aucun cas disposer d'un accès ordinaire. La micro-segmentation permet de limiter d'éventuels impacts à un périmètres restreint", souligne Ivan Rogissart. Il constate actuellement une forte demande de sécurisation de la part d'entrepôts : "Nous mettons en place des surcouches de sécurité visant à s'assurer que les communications se font vis-à-vis des bonnes applications et dans le périmètre véritablement nécessaire."
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