Tenir compte de la diversité culturelle dans les achats
Dans le cadre du Master Achat International de Kedge Business School, Tania Marchal consacrait son mémoire de fin d'études à la complexité de la gestion des achats internationaux dans un environnement multiculturel et une organisation matricielle. Explications.
Je m'abonneC'est au sein de Thales en tant qu'acheteuse IT que Tania Marchal réalise son alternance. Férue de voyages, elle est séduite immédiatement par cette entreprise transnationale, présente dans 68 pays qui a développé une culture d'entreprise ethnocentrique, dans laquelle elle pouvait affiner ses connaissances en matière de diversité et d'expertise culturelle afin de mener à bien ses missions. "Les achats internationaux impliquent une multitude d'acteurs d'origine, de culture, de formation et de localisation différentes. Appréhender les codes culturels et professionnels et les us et coutumes de chacun participe à l'amélioration de la compréhension mutuelle entre l'acheteur et ses interlocuteurs, limitant d'autant les conflits interculturels et contribuant à l'instauration d'un climat propice aux échanges". Cette thématique n'est pas encore très répandue au sein des contenus des formations diplômantes et qualifiantes des acheteurs.
Multiculturalisme et innovation
Cela n'a pas empêché cette native d'outre-Quiévrain de se documenter et d'approfondir cette approche autour d'un environnement professionnel IT. "Plus qu'un process d'achat, c'est une manière de faire qui nécessite une ouverture d'esprit et une capacité de remise en question", précise-t-elle. Particulièrement lorsqu'elle participe à un appel d'offres lancé à tous les revendeurs IT hardware en Europe en janvier 2020. Ayant pour objectif de massifier les achats dans les pays européens et d'optimiser les coûts en réduisant le nombre de fournisseurs, cet appel d'offres l'amène à dialoguer avec ses homologues étrangers et la conduise rapidement à entamer une analyse sur la différence culturelle en termes de notion du temps. "Dans les cultures monochroniques (Allemagne, Etats-Unis...), une tâche est faite à la fois, les retards sont peu tolérés, l'ordre du jour est respecté et les échéances sont sacrées. Dans les cultures polychroniques (Espagne, Italie...), les tâches s'enchaînent, la ponctualité n'est pas primordiale et le temps est fluctuant. Les interactions entre ces deux types d'individus peuvent être problématiques", illustre Tania Marchal. Elle tient compte de ces apports théoriques dans les interactions établies avec et entre ces différents interlocuteurs pour éviter les tensions potentielles inhérentes. Confinement oblige, elle met en place une newsletter entre les acheteurs monde de sa catégorie pour fluidifier la communication. A raison d'une fois par mois, elle inclut les dernières nouvelles sur le marché IT, les contrats signés, le panel de fournisseurs. "Cela a permis aux équipes de partager leurs réussites et les points bloquants tout en valorisant la culture d'entreprise et en renforçant le sentiment d'appartenance à notre segment d'achat", ponctue Tania Marchal.