Sobriété énergétique : quel rôle pour les acheteurs après les annonces gouvernementales ?

Le 6 octobre dernier, le gouvernement a présenté son plan de sobriété énergétique à destination des entreprises. Objectif : réduire la consommation globale d'énergie de 10 % en France d'ici à 2024. Pour y parvenir, les entreprises devront actionner différents leviers. Et certaines actions concernent directement les directions des achats. "Lorsqu'une entreprise met en place une stratégie de sobriété énergétique, une des premières choses à faire est de réaliser un bilan carbone et un audit énergétique pour déceler les plus gros postes de consommation", souligne Nicolas Leclerc, fondateur du cabinet de conseil en énergie Omnegy. Dans ce cadre, l'acheteur a un rôle clé à jouer pour détecter les opportunités d'investissement dans des outils de production et équipements moins énergivores. "Il peut s'agir d'installer un variateur électronique de vitesse sur des moteurs industriels ou de mettre en place un système de récupération de la chaleur sur compresseur à air", illustre Nicolas Leclerc. Avant d'ajouter : "Compte tenu des prix de l'énergie, ce genre d'opérations est plus rentable qu'auparavant car le retour sur investissement sera plus rapide". La direction des achats peut également agir sur ses fournisseurs, en les encourageant à mettre en place des mesures de sobriété énergétique. "Dans le cadre du plan de sobriété énergétique, la qualification des fournisseurs est un enjeu clé. Il est aujourd'hui important d'évaluer leurs efforts en matière de réduction de leur consommation d'énergie", souligne Christophe Large, directeur général de Logitrade, une entreprise qui propose une plateforme BtoB pour mettre en relation des acheteurs avec des fournisseurs dans le domaine des achats de classe C.

Une baisse de consommation liée à l'envolée des prix

Par ailleurs, l'envolée des prix en Europe impose une sobriété énergétique "subie" pour un certain nombre d'entreprises, en particulier pour les groupes industriels. "Ces fortes hausses de prix de l'énergie amène, mécaniquement, une destruction de la demande, ce qui est très mauvais pour l'économie européenne", affirme Nicolas Leclerc. Selon l'expert en énergie, les consommations industrielles de gaz sur le Vieux-Continent sont actuellement entre 25 et 35 % inférieures à la moyenne des consommations entre 2015 et 2020. Si les prix de l'électricité pour 2023 explosent, ceux des horizons plus lointains restent encore relativement calmes. "Par exemple, les prix de l'électricité et du gaz sont en moyenne trois fois moins chers en 2025 par rapport à 2023. Il peut donc être intéressant, pour un grand groupe industriel, d'acheter dès à présent une partie de sa consommation d'énergie pour 2025, voire 2026", conseille Nicolas Leclerc. Pour aider les entreprises à mieux maîtriser ces hausses de prix, les acheteurs doivent aujourd'hui anticiper. Avec la crise énergétique, la mise en place d'un certain nombre de bonnes pratiques devient incontournable.