À quel niveau les achats interviennent-ils dans la phase "développement de produits" ?
Les achats, chez Alstom, sont positionnés très en amont. Nous intervenons dès la discussion, au sein des plateformes produits. Les achats sont partie prenante dans la définition du produit, avec l'implication des fournisseurs, en suivant des objectifs de coût, de performance qualité. Les achats sont partie prenante des réponses aux appels d'offres et nous y impliquons nos fournisseurs sur des solutions nous permettant de répondre à ces appels d'offres. Il nous faut, dans certains cas et dès ce stade, être en capacité de faire des pré-business awards sélection de fournisseurs avant même de savoir si nous avons remporté l'appel d'offres.
Prenons le cas de la batterie pour bus électrique que nous avons développée avec une société française, Forsee. Depuis quelques années, Alstom s'est lancé dans le développement d'un bus électrique, Aptis. Nous venons de remporter un certain nombre de marchés en France avec ce produit, notamment à Strasbourg et Paris. Dans le cadre de ce développement produit, nous avons donc élaboré un partenariat avec Forsee pour un composant structurant : la batterie. Ils nous ont amené leur solution innovante, leur connaissance du monde du bus et nous ont permis d'optimiser notre solution de bus électrique. Lorsque le projet concerne des produits standards, nous ne sommes pas dans cette situation, puisque les fournisseurs sont déjà intégrés à notre panel et font partie intégrante de nos solutions produits.
La RSE est-elle un sujet prégnant chez Alstom et quels sont vos grands axes de travail sur ce sujet ?
Notre stratégie achats responsables repose sur un engagement mutuel avec nos fournisseurs et sous-traitants qui promettent de respecter les principes et les valeurs de la charte éthique et de développement durable sur laquelle nous les engageons. Cette charte, qui est propre à Alstom, repose sur un grand principe : évaluer et accompagner fournisseurs et sous-traitants sur leurs performances. Ils doivent nous fournir des produits éco-conçus, respectueux de l'environnement et socialement responsables, produits dans un cadre de travail sûr, avec une forte connotation EHS. Quand ils interviennent, ils doivent respecter scrupuleusement les règles d'EHS.
Nous nous efforçons de développer des relations étroites et équilibrées avec les start-up, les PME et les entreprises employant des personnes en situation de handicap, dans un contexte de présence nationale et internationale. Alstom est membre fondateur de Pacte PME et signataire de la charte relations fournisseurs responsables.
Alstom est également engagé dans une démarche d'amélioration continue avec des indicateurs de cette démarche pour nos fournisseurs. Nous avons développé des programmes de formation achats responsables obligatoires en interne pour nos acheteurs et responsables qualité fournisseurs qui sont en capacité d'auditer les entreprises avec lesquelles nous travaillons. Ils ont une grille d'évaluation très précise sur la partie RSE. Nous travaillons aussi avec Ecovadis pour évaluer nos fournisseurs.
La RSE est la colonne vertébrale des achats de Alstom, mais aussi de l'entreprise. En 2015, nous avons été partie prenante, avec d'autres acteurs du ferroviaire de la création de "Railsponsible", initiative en faveur de la RSE dans le domaine du ferroviaire, qui réunit aujourd'hui 12 grands opérateurs européens. L'objectif est de développer une plateforme d'évaluation commune afin de mesurer la performance RSE dans le domaine du ferroviaire et de mettre en place des grands programmes pour s'assurer qu'il y a une cohérence d'ensemble dans le développement d'activités RSE au sein de la filière.
Comment intégrez-vous la fin de vie des produits ? Participez-vous à l'économie circulaire ?
Nous sommes à 98 % de recyclabilité de nos trains. Avoir un taux de recyclabilité élevé est une exigence des opérateurs. Cette question est dans nos cahiers des charges. Alstom doit démontrer qu'il a des trains qui atteignent ce niveau. Ces contraintes de déconstruction et de recyclabilité sont partagées avec les fournisseurs des différents composants.
Nous ne réutilisons pas nous-mêmes les matériaux recyclés pour de nouveaux trains. Ce n'est pas un objectif actuel car nous sommes sur des produits qui ont des durées de vie de plus de 30 ans, donc il est extrêmement compliqué de planifier la réinjection de matériaux recyclés dans nos cycles de développement de produits. Par contre, nous nous efforçons de favoriser la rénovation des matériels.
La durée de vie importante de nos trains nous contraint d'ailleurs à être très vigilants sur la qualité dans la durée. Nous devons nous assurer que nos fournisseurs seront en support en cas de défaillance d'un matériel, et qu'ils tiendront leurs engagements, tant dans les phases de mise en service que pour la suite des opérations. Dans la phase de garantie, les achats doivent contribuer à la croissance de fiabilité ; s'assurer que tous nos produits vont atteindre le niveau de qualité attendu. Il faut que chacun des composants constituant le train atteigne ses objectifs de qualité et de durabilité. Chaque fournisseur doit démontrer qu'il a atteint les objectifs de qualité qui lui ont été alloués pendant sa phase de garantie.
Lire la suite en page 3 : Comment mesurez-vous la performance achats et sa valeur ajoutée ? - A votre avis, comment la fonction achats est-elle perçue par la finance, chez Alstom ?
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