" Nous demandons à nos fournisseurs de porter notre croissance "
> À vous entendre, on a le sentiment que cette démarche d'innovation a été déployée sereinement. Tranquillement et logiquement. Est-ce que ce fut aussi facile ?
Non. Elle a été difficile à mettre en place. Nous avons beaucoup cherché. Il a vraiment fallu embarquer les clients internes qui sont souvent focalisés sur leurs propres priorités. Ce processus ne tourne vraiment bien que depuis deux ans, alors qu'il a été lancé en 2012. Les fournisseurs apprécient énormément car il est toujours difficile pour eux de trouver les bons interlocuteurs, les bons chemins pour partager leurs idées. C'est maintenant un plein succès.
> En ce qui concerne le codéveloppement, comment abordez-vous la question du partage de valeur ? de la propriété intellectuelle ?
Nous n'avons pas de modèles établis. Nous travaillons au cas par cas, en mode agile, pour s'adapter aux structures. Nous avons un site dédié à la relation avec les PME et les start-up à Clermont-Ferrand.
> Lorsque vous développez un nouveau produit, favorisez-vous les produits sur étagère ou l'innovation pour le fabriquer ?
C'est toujours un mélange des deux. Nous utilisons des briques déjà développées, sur étagère, mais il est impossible de concevoir de nouveaux produits uniquement à partir de l'existant. Il y a forcément une part d'innovation et donc de développement.
> Cette année, vous avez candidaté à nos Trophées dans la catégorie RSE et vous avez remporté l'or, décerné par nos lecteurs et par vos pairs qui ont jugé votre démarche exemplaire. La RSE, on le sait, doit être une démarche d'entreprise. Est-ce le cas de Michelin ?
Notre politique RSE a été définie en 2002 et formalisée dans une charte. La RSE fait partie des valeurs du groupe et elle a été déclinée dans tous nos processus. En 2015, nous, achats, avons publié un guide des principes des achats Michelin qui reprend nos engagements, publié en 14 langues ; ce document est lié à tous nos contrats. La RSE, c'est un état d'esprit et nous demandons à tous nos acheteurs d'être extrêmement vigilants sur ce sujet. Quant à nos fournisseurs, on les force à avoir eux-mêmes des relations avec leurs fournisseurs qui les contraignent à adopter de bonnes pratiques. On travaille tous les jours à rendre notre chaîne d'approvisionnement plus vertueuse. Mais cela est une démarche sur le long terme.
Sur le caoutchouc naturel, qui est vraiment un produit très spécial, nous avons développé une démarche à part. Nous avons été les premiers à demander à nos fournisseurs de s'engager à utiliser les ressources naturelles en les respectant et en protégeant l'environnement, ainsi qu'à avoir publié un engagement spécifique sur ce domaine (concept de zéro déforestation, combattre la corruption, développer les rendements, l'agriculture locale, etc.). Nous sommes aujourd'hui les seuls à avoir introduit le concept d'enquête Ecovadis dans ce domaine, mais nos concurrents nous suivent. Nous travaillons dans ce domaine avec le WWF. Avec eux, nous avons signé un partenariat pour développer des bonnes pratiques caoutchouc dans le monde et entraîner toute l'industrie dans cette démarche. Nous entretenons également des relations suivies avec beaucoup d'ONG, et pas uniquement sur le sujet caoutchouc. Nos partenaires nous aident à comprendre les attentes de la société civile et des parties prenantes et à adapter nos façons de faire.
Lire la suite page 4 - Quelle politique de gestion des risques?
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles