Puisque vous évoquez la question des achats responsables... quels sont les actes d'action prioritaires de votre direction en la matière ?
La question du handicap et de l'insertion est un pilier fort de nos achats responsables. Nous accompagnons les acteurs du marché sur ce sujet, afin qu'ils soient en capacité de répondre à nos appels d'offres et veillons à réserver certains marchés au secteur adapté ou d'insertion.
Grâce à notre ancrage local, nous menons tout un travail sur le tissu local et avons recours à des PME. L'acheteur doit toujours trouver le juste arbitrage entre massification ou achats en local. 20 % de nos achats sont effectués auprès de PME. Nous menons chaque année une étude sur les emplois induits par notre activité, région par région. Par ailleurs, le groupe apporte une attention particulière à ses émissions de CO2 et les compensent intégralement de sorte à être neutre en carbone. Nous travaillons notamment sur les véhicules de notre flotte mais aussi avec nos sous-traitants sur la partie logistique, et tout ce qui est transport routier. Nous avons listé un certain nombre d'exigences dans les cahiers des charges, dans la sélection, notamment sur les normes des véhicules utilisés. En annexe à tous nos contrats, nous mettons une charte des achats responsables et éthiques qui rappelle nos engagements sur les achats responsables, mais aussi nos engagements sociétaux, et prévoit des dispositifs d'audit.
En termes de RSE, quel est pour vous le plus gros risque ?
Nous avons une bonne maîtrise des risques mais il réside toujours des incertitudes pour ce qui est sous-traité par nos propres fournisseurs, même si nous leur demandons des audits de leurs sous-traitants. Nous avons bien sûr structuré une démarche liée à la réglementation concernant le devoir de vigilance. Nous avons ouvert une plateforme qui permet à nos fournisseurs qui le souhaitent de s'auto-évaluer gratuitement sur toutes les dimensions RSE et le devoir de vigilance, pour avoir une première appréciation. Ils peuvent la conforter en déposant un certain nombre de documents et de certifications. Nous finançons cette démarche.
Nous avons beaucoup de PME qui sont très volontaires en la matière, mais la formalisation de cette démarche est assez nouvelle pour eux. En cas d'alerte, nous pouvons déclencher un audit qui va permettre de dégager des pistes d'amélioration. Les fournisseurs sont souvent désireux de s'améliorer mais ne savent pas forcément ce qu'il faut faire. Nous n'avons jamais rencontré de blocage sur des plans de progrès.
Qu'avez-vous mis en place pour "chasser" l'innovation ? Trouvez-vous que le cadre règlementaire soit contraignant ?
La quête de l'innovation repose notamment sur une présence auprès des différentes instances en lien notamment avec des start-up. Le groupe a mis en place différentes démarches d'innovation, auxquelles les acheteurs sont associés.
J'incite mes directeurs des achats et les managers à sortir, à aller au contact des fournisseurs. L'innovation et la façon dont les acheteurs vont la chercher font partie de la check-list de questions systématiques posées en comité stratégique d'achat. Nous avons quelques expérimentations en cours, mais l'étape la plus compliquée est le passage à l'échelle du groupe. En particulier avec notre cadre réglementaire. Il est assez facile de faire des POCs mais il faut refaire une vraie mise en concurrence dès que l'on veut passer à l'étape suivante. Nous avons par ailleurs déployé des procédures de dialogue compétitives, propices à une démarche d'innovation. Nous définissons le besoin au fur et à mesure que nous avançons avec le fournisseur. Nous nous donnons ainsi la possibilité de co-développer. Mais il s'agit là d'une démarche lourde réservée à des projets structurants.
Le cadre règlementaire est relativement contraignant même s'il n'empêche en rien ce type de démarche. Il faut être dans l'anticipation. Se dire dès le départ que si le projet est amené à grossir, on doit s'inscrire dans le dialogue compétitif. Il faut prévoir des marges de manoeuvre sur la capacité de tester des choses dans le cadre du contrat, avec les fournisseurs que l'on choisit ; prévoir des plans d'innovation, comme on a des plans de progrès. Mieux vaut tout réfléchir en amont, et faire ce qu'on a dit par la suite. Bref, être un bon stratège !
Lire la suite en page 4 : Quel regards les autres directions portent-elles sur la fonction achats ?
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