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[Interview] Jérôme Guandalini (Auchan) : les challenges de la fonction achats en Russie

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[Interview] Jérôme Guandalini (Auchan) : les challenges de la fonction achats en Russie

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Vous parlez de culture : existe-t-il des spécificités touchant votre fonction, en Russie?

Ici comme ailleurs, il est nécessaire de mettre en place des process achats extrêmement précis, structurés, traçables et contrôlables, et de s'assurer que les décisions sont partagées. Ainsi, ce n'est jamais une seule personne qui prend une décision, mais un collège. Autre outil, la suite complète d'Ariba, déjà en place à mon arrivée, limite les risques de dérives dans les process d'Appel d'offres et structure nos procédures.

C'est à l'initiative de la direction achats indirects dans son ensemble qu'un process commun pour toutes nos DAI a été créé : celui-ci est une description détaillée de chaque étape, de l'expression de besoins à la contractualisation et au suivi qualité. L'ensemble est supporté par la plateforme d'e-sourcing, électronique et traçable, depuis le cahier des charges jusqu'aux remises d'offres et aux contrats. Le parti pris est qu'il y ait une nette séparation entre la prescription et l'achat: dans chaque projet de sourcing, il y a donc des prescripteurs bien identifiés, responsables de l'expression des besoins, et un acheteur qui pilote et manage l'ensemble du projet achats.
En fin d'appel d'offres, nous avons mis en place une commission, à laquelle l'acheteur présente ses travaux. La décision est partagée avec le prescripteur et des parties prenantes neutres, dont la direction de la sécurité garante du respect des règles d'éthique et de sécurité au sein de l'entreprise, et qui covalide systématiquement les choix et les décisions.

Existe-t-il d'autres différences culturelles?

La question culturelle est une question de fond. Ainsi, j'ai dû adapter mon mode de management. Les équipes russes ont besoin, d'une manière ­générale, de sentir l'autorité et le professionnalisme du chef. Il faut donc s'habituer à appliquer un mode de management plus directif. Autre différence: la gestion du temps. Les Russes sont beaucoup moins dans l'anticipation que les Français. Depuis que je suis en Russie, je gère mon agenda à la semaine, et non plus avec trois ou quatre semaines d'avance, car la pratique locale veut qu'il y ait plus de souplesse et de réactivité.
J'ai également été étonné par la nécessité de tout formaliser par écrit: il y a ce besoin de se protéger ou de prouver que l'on a fait les choses correctement. Enfin, dans la culture russe, il existe une difficulté à assumer ses erreurs, contre laquelle nous luttons au quotidien. Ces paramètres paraissent anodins, mais c'est un kaléidoscope à prendre en compte pour bien s'intégrer et travailler efficacement.

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Floriane Salgues

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