L'innovation vous est-elle aussi proposée par vos fournisseurs?
Bien sûr! Nous sommes très à l'écoute de nos fournisseurs qui peuvent apporter de vraies solutions innovantes. Je pense notamment à une innovation en cours de développement qui a émergé d'une discussion avec un fournisseur. C'est un capteur de charge installé sur les camions-toupie, qui permet de connaître en temps réel la charge exacte du poids lourds et de l'optimiser, en restant conforme à la règlementation. C'est un réel gain de temps puisqu'il n'est pas nécessaire de peser les véhicules après le chargement et d'ajuster la charge si nécessaire. C'est là un vrai plus qui a été développé avec un fournisseur et un transporteur.
Nous avons aussi une autre innovation en cours, actuellement testée à Nice, toujours sur le transport : un camion toupie Hybride, sur lequel le moteur de toupie est électrique. Normalement, la toupie est entraînée par le moteur du camion, qui tourne au gazole. C'est lourd - il y a tout de même 6 à 7 tonnes de béton dans un camion toupie -, c'est bruyant et cela pollue. Le moteur électrique sur lequel nous avons travaillé avec des transporteurs partenaires permet de réduire le bruit et bien sur la consommation de carburant.
Nous accompagnons les partenaires qui développent des innovations et, en contrepartie, nous leur donnons la perspective de continuer à travailler avec nous. Conformément à nos engagements, nous agissons donc, notamment par ce type d'innovations, pour réduire l'impact environnemental de nos activités.
Comment gérez-vous la propriété intellectuelle en cas de développement d'innovation avec des partenaires?
Cette question est traitée au cas par cas, en fonction des apports spécifiques de chaque partenaire. Néanmoins en cas de co-développement une période d'exclusivité est généralement convenue pour une durée limitée.
Comment la RSE se décline-t-elle chez LafargeHolcim?
Sur le sujet de la RSE, nous avons démarré il y a très longtemps. Nous avons un code de conduite des affaires fournisseurs élaboré par le groupe. En France, nous sommes signataires de la Charte et nos conditions générales d'achats sont alignées sur les dernières recommandations de la Médiation inter-entreprises. Au-delà des évaluations, nous allons maintenant basculer dans une phase plus opérationnelle et mener des audits chez les fournisseurs. Nous allons développer ces audits dans le cadre de l'installation sur notre usine de Martres-Tolosane (Haute Garonne) d'une toute nouvelle ligne de cuisson du clinker (produit de base du ciment, obtenu à partir de la cuisson d'un mélange de calcaire et d'argile). Le plus gros projet d'investissement de LafargeHolcim en France depuis 40 ans avec 100 millions d'euros d'investissement.
Nous sommes notamment très vigilants sur les questions de la sécurité au travail. Notre première mission est d'assurer la santé et la sécurité sur nos sites de production. Il nous incombe de nous assurer que notre personnel, mais aussi les sous-traitants et les prestataires qui travaillent sur nos sites, rentrent chaque soir chez eux en bonne santé et sans avoir été blessés. C'est une ambition RSE forte du groupe LafargeHolcim qui requiert un engagement des tous les managers et de leurs équipes. Aux achats et aux approvisionnements, nous sommes aussi porteurs de cette ambition. J'incite ainsi mes acheteurs à aller voir nos fournisseurs sur les sites pour échanger avec eux et vérifier qu'ils respectent les protocoles de sécurité, qu'ils ont bien tous les EPI, etc. Ils maîtrisent donc le sujet et sont crédibles lors de négociations avec les fournisseurs. Et tous les 15 jours, un "¼ d'heure sécurité" réunit les équipes pour 15 minutes d'échange sur un thème santé/sécurité.
La RSE, c'est aussi l'économie circulaire dans laquelle je vous sais très engagé...
Notre industrie émet beaucoup de CO2 et nous avons pris le problème à bras le corps. Notre enjeu est de réduire les émissions de CO2 liées à nos activités, notamment en produisant du ciment émettant moins de CO2. Pour réduire ces émissions, nous avons travaillé sur la valorisation des déchets. Plutôt que d'acheter des matières premières ou des combustibles, nous valorisons doublement les déchets : en énergie et aussi en matière. Par exemple nous brûlons les vieux pneus qui ont un pouvoir calorifique pour le four et les autres composants, la carcasse en fer par exemple, rentrent dans la composition du ciment. On brûle aussi des déchets bois, une de nos usines à Contes (Alpes Maritimes) a été choisie comme site pilote dans le cadre du green deal signé par l'industrie cimentière avec le gouvernement. Cela fait des années que nous investissons régulièrement pour pouvoir incinérer des matériaux très différents. Aujourd'hui, 50% de notre énergie provient des activités de valorisation de déchets et nous avons l'ambition d'arriver à 70% dans 5 ans.
Autre activité éco-circulaire, le recyclage de matériaux de déconstruction collectés par notre propre filière qui opère sous une marque dédiée, aggneo. Ils peuvent avoir deux finalités : soit être ré-exploités pour combler nos carrières dans le cadre des plans de réaménagement post-exploitation, soit être transformés en granulats recyclés, pour la construction des routes ou pour faire du béton destiné aux bâtiments. Aujourd'hui, nous proposons des bétons qui contiennent des granulats recyclés dans la limite des seuils autorisés par la réglementation. Pour la mise en oeuvre, il faut qualifier ces matériaux et ensuite les traiter pour les recycler. Nous avons cherché, et identifié, des prestataires capables de caractériser ces matériaux. Nos produits sont à base de matière première extraite des sols, mais si on en extrait moins, c'est la société dans son ensemble qui y gagne, et tout cela s'inscrit dans une évolution vertueuse du système économique et son environnement.
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