P to P et supply chain financing : de nouvelles opportunités
Comment accéder à de nouveaux Eldorados ?
Imaginer une seule seconde que la totalité des achats non stratégiques pourrait faire l'objet d'un bon de commande "no PO no pay policy" et que la facture correspondante serait reçue de manière électronique, (90 % voire 95 % ou plus des factures fournisseurs pourrait être ainsi comptabilisée, vérifiée, approuvée de manière automatisée), laisse entrevoir la dimension des gains potentiels. L'évocation d'un tel scénario ouvre de nouvelles perspectives. Si une facture fournisseur est traitée en 24 ou 48 heures, les 43 jours qui restent (jusqu'à l'échéance de règlement contractuelle) valent de l'or :
- -un financement peut être proposé au fournisseur pour les 43 jours restant ;
- -il s'agit d'une créance quasi-certaine, ou avec un niveau de risque très faible ;
- -enfin, il y a des opportunités d'automatisation poussée du process de financement dans ce cadre.
On parle alors d'une nouvelle révolution : non plus des gains d'efficacité interne mais de l'opportunité d'une nouvelle source de financement pour les fournisseurs et des produits financiers pour le client. Ce nouveau monde est-il à notre portée ? Un faisceau convergent d'évolutions récentes, tend à le confirmer.
La gouvernance commune achats finance. La rencontre du sujet P to P et du sujet "Supply Chain Financing" crée un peu partout une prise de conscience. Les deux sujets sont intimement liés et seule une gouvernance commune de ce type de projet peut permettre d'atteindre les objectifs.
Dès lors qu'achats et finance se mettent à sponsoriser ensemble ce genre d'initiative, alors la capacité de transformation transverse de l'entreprise (notamment du fait d'une légitimité plus forte) est décuplée.
La consolidation progressive des business network, et la montée en puissance des consolidateurs (la croissance des volumes échangés est souvent supérieure à 20 % par an), a pour conséquence une plus grande valeur ajoutée pour tous les participants du business network. Les fournisseurs peuvent trouver dans un hub unique un plus grand nombre de leurs clients et l'acheteur a de grandes chances d'y repérer les fournisseurs déjà actifs, qui font 80 % de son volume de transactions.
La commoditisation progressive de la facturation électronique. Il y a 10 ou 15 ans, l'environnement réglementaire européen, relatif à la dématérialisation fiscale, était très complexe. Les opérateurs étaient en nombre limité, petits acteurs de niche très spécialisés. Depuis, la compréhension générale des réglementations par le marché, s'est un peu démystifiée et de plus une vague de simplification réglementaire est intervenue en 2010. Enfin, la pratique se développe désormais à un rythme soutenu : tous les acteurs concernés ont en effet quelque chose à y gagner.
De plus en plus de fournisseurs e-ready. La conséquence des points ci-dessus et des best practices de politique achats en matière de resserrement du panel fournisseur est le nombre de vendeurs réellement e-ready qui ne cesse d'augmenter. En effet, les fournisseurs ayant la capacité à traiter avec des grands comptes internationaux, mettent en place des organisations internationales d'e-business, qui leur donnent la taille critique pour échanger des flux électroniques avec leurs clients. Qu'entend-on par fournisseur e-ready : un vendeur capable de (i) fournir facilement des catalogues électroniques personnalisés à leurs clients, (ii) de disposer d'une infrastructure pour l'échange de document business électroniques et (iii) de disposer d'équipes compétentes et suffisamment disponibles pour la mise en place de nouvelles connexions. Un fournisseur e-ready est alors un vendeur capable de délivrer à ses clients la vraie valeur sonnante et trébuchante du e-commerce B to B, finalement gagnante pour tous les participants.
En conclusion, pour toutes les raisons ci-dessus, la mise en place d'un P to P, homogène et cohérent au sein de toute l'entreprise, semble accessible et devenir un best practice très naturel. Non seulement le "next step" de l'efficacité opérationnelle est accessible, mais aussi les nouvelles sources de financement pour les fournisseurs, le "Supply Chain Financing" sont désormais la prochaine pratique que l'on verra certainement se généraliser dans les organisations performantes : let's do it !
Les auteurs
Florent Labey, associé Althéa - Expert Finance
Cédric Guillouet, associé Althéa - Expert Achat
Martial Gérardin, directeur du marché européen pour Perfect Commerce
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles