Directions achats - Où en êtes-vous sur les sujets de la RSE et de la création de valeur ?
Décision Achats à l'occasion de son événement Achats Connect a révêlé les principaux enseignements de son étude réalisée en partenariat avec le groupe EPSA. En voici les faits saillants.
Je m'abonne
Maturité & RSE, une question de secteur plus que de taille d'entreprise ?
Les secteurs de la Santé & de l'éducation et du secteur Public s'estiment moins matures que celui des Transports & du tourisme. Ce dernier, très concerné par son impact sur les émissions de C02, a en effet mis en place des actions concrètes de décarbonation (recours au train à la place de l'avion, intégration de biocarburants pour l'aviation, meilleure visibilité des hôtels ayant des pratiques plus durables via des labellisation type La Clef Verte, utilisation accrue de véhicules à faibles émissions) et a initié des actions sur le volet social de la RSE (mis en avant de tourisme qui profite davantage aux populations locales).
En revanche, on n'observe pas de corrélation particulière entre la taille des entreprises et leur sentiment de maturité. Tout au plus, on relève que les entreprises de plus de 1 000 salariés sont rares à se considérer totalement immatures sur le sujet RSE. Ces grands groupes, qui disposent de plus de moyens, ont davantage intégré la RSE à leur stratégie globale en raison de leur exposition médiatique (image et attractivité de la marque) et des attentes plus fortes des régulateurs, investisseurs et consommateurs à leur encontre. En revanche, les PME, avec des moyens plus limités, se concentrent souvent sur des initiatives ponctuelles en matière de RSE, sans forcément pouvoir l'intégrer de manière systématique à leur stratégie globale.

Relation fournisseur et compliance, du chemin reste à faire
L'analyse des résultats, qui affiche de fortes disparités, montre néanmoins que les entreprises, notamment dans le secteur de l'industrie, considèrent la RSE comme une mission de haute importance. Cela se traduit particulièrement, en 2024, par la mise en application de la CSRD pour les plus grandes entreprises.
Moins d'une entreprise sur trois (31%) indique avoir mis en place un tel dispositif d'accompagnement. Pourtant, c'est essentiel car l'entreprise ne peut pas conduire seule une stratégie RSE efficace. Elle se doit d'impliquer en amont ses différents fournisseurs, surtout lorsqu'il s'agit de petites structures peu matures sur le sujet.

Achats directs vs indirects: des priorités RSE qui divergent
Les résultats suggèrent que la maturité RSE est plus élevée dans les achats directs cela peut s'expliquer par le fait qu'ils sont plus étroitement liés à des réglementations strictes et à des exigences de traçabilité, en particulier dans les secteurs où les matières premières et les produits sont soumis à un contrôle rigoureux. Ces achats sont donc perçus comme stratégiques et cruciaux pour la gestion des risques environnementaux et sociaux. En revanche, les achats indirects, tels que les services ou les technologies de l'information, étant souvent considérés comme moins centraux dans les enjeux de durabilité, tendent à être moins prioritaires en matière d'intégration RSE, ce qui explique leur maturité plus faible dans ce domaine.
Les résultats des enjeux montrent que les entreprises priorisent la compétitivité et la conformité réglementaire dans les achats directs, tandis que les achats indirects sont davantage axés sur la conformité aux nouvelles réglementations, avec une approche plus stratégique et orientée RSE pour celles qui gèrent les deux types d'achats, soulignant la nécessité d'adapter les stratégies RSE selon la nature des achats.
La plupart des entreprises semblent déjà engagées dans des démarches d'achats durables et de RSE, cela traduit une volonté majoritaire de renforcer la responsabilité sociétale à travers les achats. Toutefois, un certain nombre d'entreprises prévoit de démarrer de nouvelles initiatives prochainement, ce qui laisse penser que la dynamique continue de croître. Il reste cependant une proportion notable d'entreprises hésitant encore à formaliser des initiatives et certaines n'envisagent aucune action à ce stade, révélant un besoin d'accompagnement ou de sensibilisation supplémentaire pour encourager une adoption plus généralisée des pratiques RSE dans les achats.

Quelles actions prioritaires en matière de RSE ?
Trois objectifs se dégagent et remportent la moitié des suffrages pour cette question des priorités en termes d'action RSE:
- celui d'intégrer davantage la RSE dans la stratégie d'entreprise;
- celui de prendre davantage en compte le scoring RSE des fournisseurs;
- celui de développer des outils de mesure de la performance RSE.

Quel rôle pour les achats face à ces enjeux RSE ?
La question divise. Mais une chose est sûre : l'implication des Achats est essentielle pour embarquer tous les maillons de la chaîne, en créant le lien entre interne et externe (les fournisseurs) sur ces enjeux stratégiques de durabilité.
La fonction Achats, encore relativement récente, bénéficie ici d'une véritable opportunité de démontrer son utilité parfois contestée. Elle est la direction transverse la mieux placée pour rassembler en interne et en externe et mobiliser l'ensemble des parties prenantes sur des enjeux aussi stratégiques et décisifs que la durabilité.

[RSE] Intégrer un variable, une bonne pratique peu répandue ?
Les VP et Directeur Achats semblent être davantage incentivés sur des critères RSE que leurs équipes. Sur ces fonctions à responsabilité, la rémunération variable peut représenter une part importante du salaire et l'intégration de critères de durabilité est un signal assez fort du top management. La performance purement financière n'est plus le seul moyen de mesurer la performance. Pour autant, la pratique est encore loin d'être généralisée.
Au niveau des acheteurs, les différences sectorielles sont marquées. Le secteur du Transport & tourisme, plus exposé aux enjeux de décarbonation, démontre une plus forte intégration de cette performance dans le calcul de la rémunération variable.

Co-construction de la valeur, une tendance encore trop marginale ?
Les résultats révèlent que bien qu'une majorité des entreprises (66%) n'ait pas encore mis en place de dispositif de co-construction de valeur avec leurs fournisseurs, une évolution progressive est en cours, avec 34% d'entreprises qui ont déjà franchi le pas ou qui prévoient de le faire à court terme. De façon assez similaire, l'évaluation à 360° reste marginale (20% déclarent l'avoir mise en place).
Il semble que les petites entreprises soient plus ouvertes à cette démarche, tandis que les grandes entreprises commencent à intégrer cette pratique.
Cela révèle une plus grande inertie des grands groupes et une moindre capacité à construire des relations de proximité avec des fournisseurs parfois bien plus petits qu'eux.

Création de valeur, une proximité aves les fournisseurs à renforcer
Seuls 20% des entreprises interrogées ont mis en place un dispositif avec leurs fournisseurs. 7% des répondants en lanceront un dans les mois à venir...

Quels obstacles majeurs vers la création de valeur ?
Des torts partagés ? Il semble que les freins à la création de valeur dans les achats soient présents des 2 côtés : les fournisseurs ne sont pas à blâmer ! La notion de co-construction et d'évaluation réciproque évoqués précédemment prennent ici tout leur sens, pour identifier et faire sauter un à un ces obstacles. La conduite du changement, principal frein cité en exemple, prend du temps. Intégrer des critères (y compris de rémunération) plus durables ne se fera que progressivement et en les partageant avec ses fournisseurs.
Fin du diaporama
Sur le même sujet :
Sur le même thème
Voir tous les articles Stratégie achats