[Jeune acheteuse] "Nous sommes les garants de la rentabilité d'une entreprise"
Avant de devenir acheteuse à l'international, Fanny Vandenberge, 30 ans, a multiplié les expériences professionnelles à l'étranger, notamment comme commerciale. Elle travaille depuis juin 2014 pour CIS Catering. nous en dit plus sur son métier pas tout à fait comme les autres.
Je m'abonne- Quel a été votre parcours universitaire ?
J'ai eu un parcours assez atypique avant de devenir acheteuse internationale. J'ai démarré par des études commerciales car j'aimais la négociation, le contact avec les gens, et j'ai ainsi intégré un BTS action communication commerciale en 2004. Puis j'ai souhaité apprendre l'espagnol, j'ai alors vécu durant trois ans en Espagne où j'ai exercé divers métiers afin d'apprendre la langue dont celui de responsable commerciale pour un site e-commerce Miliboo (spécialiste du meuble design).
En 2006, je suis partie en Angleterre, où j'ai travaillé dans le marketing au sein d'un restaurant. Suite à ce poste et à ma maîtrise de deux langues étrangères, j'ai souhaité réorienter ma carrière professionnelle en gardant l'aspect commercial qui me plaisait mais la partie stratégie me manquait. Je voulais exercer une profession qui soit plus transverse. Je suis alors tombée sur une annonce pour un poste d'acheteuse, cela a été un déclic.
- Vous avez alors repris vos études ?
Oui, n'ayant pas d'expérience professionnelle dans les achats, j'ai effectué une Licence Organisation et gestion des achats en apprentissage, à l'IUT d'Aix-en-Provence, comme acheteuse internationale au sein de Phocomex. J'ai alors approfondi mes connaissances sur ce secteur afin de pouvoir prétendre à des postes à responsabilité, en intégrant un Master achats internationaux et logistique (Inseec), tout en travaillant pour Neopost. Puis un Master 2 Management maritime, transport international et logistique à la Kedge Business School. J'ai par la suite travaillé au sein de la société Bourbon, où je devais gérer une flotte de 18 navires opérant à l'international dans le domaine de l'off-shore pétrolier, en assurant l'intendance.
Et depuis octobre 2014, je suis acheteuse internationale pour Catering international et Services CIS, l'un des leaders de la restauration et de l'hôtellerie sur les grands chantiers industriels (pétrolier, minier, BTP...).
- Quelles sont vos missions au sein de Catering international?
L'alimentaire est le coeur de métier de ma société, aujourd'hui nous souhaitons développer nos services auprès des sites de maintenance, en travaillant sur des projets dans leur globalité. Je fais partie d'un service support, où nous gérons 5% des achats monde, c'est un portefeuille assez important compte tenu du chiffre d'affaires. Nous avons différents clients situés en Érythrée, au Qatar, en Mauritanie, en Algérie, etc. et je m'occupe aussi bien des équipements que de l'alimentaire.
Notre objectif est d'avoir une unité centralisée au sein du Groupe en ayant par exemple des leviers d'économie sur le sourcing, et en reprenant les best practices de nos filiales.
- Vous êtes amenée à vous rendre à l'étranger ?
Tout à fait, pour se rendre compte des difficultés des opérations, il est nécessaire d'aller sur place et de comprendre la réalité du terrain, afin de constater si vos ambitions sont réalisables.
- Vous allez dans des pays où la situation géopolitique est complexe, est-ce compliqué à gérer ?
Oui bien sûr. Vous avez des problématiques complexes à gérer en Afrique telles la corruption, les contraintes politiques et d'accessibilité, les monopoles avec certains fournisseurs... Vous n'avez pas toujours des leviers de négociation, aussi vous devez vraiment vous adapter à la situation du pays.
- Quels sont vos principaux défis au quotidien ?
Les échanges interculturels entre tous ces pays. De plus, je suis dans un univers d'hommes, en tant que femme et de plus est jeune, je dois m'imposer et moduler mes propos en fonction de mon interlocuteur et de mes fournisseurs.
- Qu'est-ce que vous aimez dans ce métier d'acheteuse ?
La transversalité, je garde la partie négociation et le relationnel, mais je suis plus dans la description d'un cahier des charges. C'est très épanouissant de s'occuper entièrement d'un projet. Cela m'oblige également à m'intéresser aux aspects juridiques et stratégiques de mes contrats.
- Pourquoi ce choix dans l'international ?
L'international me plaît car c'est complexe, changeant au vu du périmètre d'action et des possibilités de trouver des fournisseurs dans le monde entier. J'aime ce besoin d'adaptabilité, aller à la découverte de cultures, de pays.
- La réalité du métier est-elle différente de ce que vous aviez imaginé ?
Non, je n'ai pas été surprise car j'avais déjà eu d'autres expériences professionnelles. Mes études dans les achats m'ont permis de prendre de la distance et de la hauteur par rapport au terrain, de modeler ma façon de penser. J'ai appris le droit des transports, les conditions de paiement comme les lettres de crédit, etc. Vous ne pouvez pas travailler dans l'international sans maîtriser les périmètres achats.
- Vous envisagez-vous comme une cost killeuse ?
Je ne vois pas les choses de cette manière: tout dépend du secteur où vous travaillez, la grande distribution a cette réputation. En tant qu'acheteurs, nous devons baisser les coûts mais pas à tout prix. Nous sommes au service de l'entreprise, de nos clients internes en étant les garants de la rentabilité. Je vois plutôt cela comme des relations gagnant-gagnant, privilégier un vrai partenariat avec les fournisseurs plutôt que jouer le prix.
Je pense plus les accompagner, à la recherche de l'efficience : avoir le meilleur ratio entre la qualité et le coût.
- Êtes-vous tentée par le secteur public ?
Il y a trop d'administratif et de procédures pour moi. Le marché public demande des connaissances spécifiques, cela semble compliqué de s'orienter dans le secteur public sans avoir eu des expériences dans ce domaine.
Comment voyez-vous votre avenir dans dix ans ?
J'aimerais faire du consulting achats sur des projets à l'international, en quittant l'opérationnel pour un aspect plus stratégique.