Décideurs achats, comment rebondir dans de bonnes conditions ?
In & out
Car s'il y a bien une chose que savent faire les chercheurs d'emplois ayant occupé, ou occupant, un poste de décideur achats, c'est négocier. "Les acheteurs savent convaincre, donc leur problème n'est pas de savoir se vendre ou de négocier leur salaire, estime Anne-Charlotte Vaillant. Ils n'ont pas de difficultés majeures pour anticiper leur évolution professionnelle par rapport à des profils d'ingénieurs qui ne savent pas suffisamment se mettre en avant. Mais encore faut-il qu'il y ait de la place." Et les opportunités ne sont pas légion.
Mais attention, négocier des prix au cordeau avec un fournisseur et passer un entretien d'embauche sont deux choses bien différentes, même quand on sait se vendre. Et pour arriver jusqu'à la case entretien d'embauche, il y a un certain nombre d'étapes à franchir. Surtout lorsqu'on est en rebond, et non déjà en poste. "Il vaut mieux chercher un travail quand est déjà en poste, car on intéresse davantage les cabinets de chasseurs de têtes et les cabinets de recrutement, révèle Anne-Charlotte Vaillant. On apparaît comme moins en demande." Mais la vie en décide parfois autrement. Et lorsqu'on cherche du travail sans occuper de poste, mieux vaut se préparer à passer quelques mois intenses. "Lorsqu'on a été remercié ou qu'on a démissionné, c'est toujours un choc, et il faut en moyenne compter un ou deux mois pour s'en remettre moralement, puis commencer à chercher activement du travail", raconte un dirigeant achats qui, après une période de rebond d'un an, a retrouvé du travail dans le management de transition.
Car chercher un travail est un métier. Et un métier, cela s'apprend. Il faut réapprendre à faire un CV. Il faut réapprendre à chercher, s'inscrire sur les cvthèques, remettre à jour son profil LinkedIn, répondre aux annonces sans oublier celles présentes sur les réseaux sociaux, qui représentent aujourd'hui 5 % des embauches, contacter les cabinets de recrutement et de chasseurs de têtes, faire le tour de son réseau...
En coulisse
Un cabinet de recrutement, comment ça marche ?
Passons quelques instants de l'autre côté du miroir. Le travail de ces experts du recrutement est de, moyennant finance, trouver aux entreprises demandeuses leur prochain responsable des achats. Pour ce faire, les spécialistes se lancent sur plusieurs pistes. D'abord un sourcing à large spectre, c'est-à-dire la multidiffusion d'une offre d'emploi sur des supports tels que Cadremploi, Monster, les réseaux sociaux... Une tactique payante, puisque d'après l'Apec, un recrutement de cadre sur deux en France se fait grâce aux offres d'emploi. Le deuxième outil à leur disposition est le réseau professionnel. Entendez par là le bouche-à-oreille. "Grâce à nos réseaux de connaissances et aux réseaux sociaux de type LinkedIn, nous sommes en relation directe avec 5 000 à 6 000 décisionnaires de l'achat et de la supply chain qui peuvent relayer notre besoin", révèle Guy Duranceau, associé chez Org'HA. Viennent ensuite les cvthèques. "Nous "sourçons" les profils en fonction de plusieurs critères et mots-clés associés : expertises professionnelles, formation, expérience, disponibilité, prétentions salariales...", poursuit Guy Duranceau. La quatrième tactique est l'approche directe. Il s'agit pour ces spécialistes de puiser dans le vivier de profils qu'ils se sont constitué au fil des années. "Nous nous adressons directement à la personne qui a un profil en rapport direct avec le besoin du client, explique Guy Duranceau. C'est l'approche directe, qui donne les meilleurs résultats." Cette approche de l'embauche ne peut se faire que lorsque le cabinet dispose d'un réseau important et de nombreuses années d'expérience. Car il s'agit d'amadouer à la fois le client et le décideur achats qui cherche un travail ou pense à en changer. "Le plus important, c'est de fidéliser les clients sur la durée, révèle Ruxandra Ispas, CPO de SIG plc et managing partner du cabinet Reformance, afin de matcher les attentes des deux côtés, car passé un certain nombre d'années d'expérience, les décideurs achats ont eux aussi beaucoup d'attentes."
Lire la suite page 3 - L'épreuve de l'entretien
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