"Les achats ne sont plus vus comme des "cost killers" mais comme un service apportant une réelle valeur ajoutée"
Après s'être professionnalisée, la fonction achats est en train d'évoluer. Le directeur achats n'est plus le "cost killer" d'autrefois puisqu'il voit son métier s'enrichir et se complexifier. Le point de vue de Guillaume Blanchin et Anaïs Bertho, du cabinet Robert Walters.
Je m'abonneComment a évolué la fonction achats ces dernières années ?
Guillaume Blanchin, directeur associé du cabinet de recrutement Robert Walters : C'est un des métiers qui a le plus évolué au cours de ces 15 dernières années. Le contenu de son poste, son rôle, sa formation et même la perception des autres acteurs... Tout a changé ! Alors qu'auparavant on venait à la fonction achats en évoluant au sein de l'entreprise, la fonction s'est professionnalisée. Et la dernière révolution se situe dans la perception : résumés auparavant à leur fonction de négociateurs, les achats sont aujourd'hui perçus en interne comme apportant une réelle valeur ajoutée.
Anaïs Bertho, consultante en recrutement achats/supply-chain au sein du cabinet Robert Walters : Auparavant étiquetée comme "fonction support", les achats sont devenus une fonction stratégique. Régulièrement rattaché à la direction générale, et non plus exclusivement à la direction financière, le directeur achats est un chef d'orchestre qui possède une vision à 360° de l'entreprise. Au-delà de son rôle historique de "cost killer", il est garant de la qualité de service, réalise l'interface entre les différents métiers et est force de proposition en termes d'innovation sur des thématiques associées au RSE ou au digital.
En conséquence, quels profils recherchent les entreprises ?
G. B: Un directeur achats possède un socle de formation pointue associé à des compétences techniques affûtées (notamment quand nous parlons d'achats de matières premières en milieu industriel). Un 3e cycle achats (de type DESMA ou MAI) sont les formations les plus réputées. Parallèlement, des qualités de savoir-être sont exigées.
A. B: Au-delà du parcours académique, le directeur achats possède une vision d'ensemble de son secteur d'activité. Agilité, flexibilité et leadership sont des qualités essentielles pour fédérer des équipes autour de projets de changement. Avoir été confronté à des environnements multi-sites et multiculturels sont également des atouts certains.
Avec ce nouveau rôle de "business partner", le directeur achats est-il le directeur général de demain ?
G. B: S'il est acquis que le Daf est un Dg en devenir, cette perception est encore naissante pour le directeur achats. Nous avons au cabinet le cas d'un directeur achats qui a évolué en interne pour devenir directeur général d'une filiale. Mais ce n'est qu'un début de mouvement et ce n'est pas encore révélateur d'une tendance de fond.
A. B: Le directeur achats se voit bien évoluer vers des fonctions liées à la supply chain et à la logistique. Il faut surtout retenir qu'il y a désormais plus de latitude : un directeur achats peut évoluer vers un autre secteur car c'est avant tout sa méthodologie et sa capacité à fédérer qui sont recherchées. Un poste de directeur des opérations peut constituer un objectif intermédiaire. Si la direction générale n'est pas encore l'objectif affiché des directeurs achats, cela pourrait être le cas dans les 10 ans à venir.