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Une évolution plus qu'une révolution

Si les fournisseurs de ce marché savent répondre à des besoins extrêmement variés, à l'instar de l'offre de Sculpteo, dans le cadre d'achats externalisés, un travail important subsiste concernant la réorganisation interne nécessaire des donneur d'ordre pour faire de la fabrication additive un véritable levier d'amélioration. "Le vrai progrès consiste en une automatisation des chaînes avec des robots qui viennent traiter en aval des produits préalablement conçus en impression 3D, en y apportant des tâches additionnelles (ponçage, peinture...). La maturité sur ce plan reste faible", indique Christophe Eschenbrenner. "L'impression 3D n'est qu'un complément aux côtés d'autres procédés industriels. Il y a bien des cas où elle n'est pas du tout le meilleur choix."

Si ces atouts sont réels, il importe de ne pas considérer l'impression 3D comme la panacée. "Pour de très grands volumes, on imprime parfois les pièces en deux ou trois fois, ce qui peut être problématique, d'autant que le coût monte alors très vite. Par ailleurs, la précision reste moindre par rapport à l'usinage classique, même s'il est vrai que bon nombre de pièces ne nécessitent pas de très grande exigence sur ce plan", décrypte Franck Migeon.

Signe des limites évoquées de l'impression 3D : la société INR a, dans son escarcelle, plusieurs partenaires sous-traitants évoluant dans la fabrication additive. "Ils se tournent vers nous pour fabriquer, par exemple, 150 pièces à un prix plus acceptable", poursuit Frank Migeon. L'offre d'INR, positionnée sur la fabrication, met en oeuvre une technologie innovante par injection baptisée RIM (Reaction Injection Moulding) : il s'agit d'une alternative aux injections thermoplastiques traditionnelles qui impliquent l'élaboration coûteuse de moules pour former des pièces industrielles à grande échelle. Son avantage réside dans le coût unitaire bien plus faible d'un moule, ce qui permet la réalisation rentable de petites séries de quelques dizaines ou centaines de pièces, d'où l'intérêt porté par les acteurs de la fabrication additive.

Les polymères, polyamides, nylons ou résines sont les matières les plus u&tilisées dans l'impression 3D. "Même si la variété de matériaux utilisables est toujours plus vaste, on ne s'aventurera pas à imprimer une pièce sensible dans une matière potentiellement inappropriée. Les homologations de fiabilité et de sécurité sont, bien sûr, nécessaires lorsqu'il s'agit d'industrialiser un produit destiné au marché, et constitueraient vraisemblablement un obstacle dans bien des cas", souligne Laurent Bouchez. Frank Migeon invite, par ailleurs, les décideurs à se méfier de la communication des acteurs de l'impression 3D : "Ils disposent de moyens importants dans ce domaine et peuvent, de ce fait, induire les acheteurs en erreur." Il regrette, à ce titre, qu'au début de la crise de la Covid-19, "certains hôpitaux se [soient] rapidement tournés vers l'achat de solutions de fabrication de masques par impression 3D. Avec des procédés plus classiques, les besoins auraient pu être atteints rapidement avec des coûts bien moindres. C'était une erreur."

Focus - En phase avec les développements RSE

La fabrication additive permet d'éviter non seulement les coûts de stockage, de moule adapté, mais aussi les surconsommations de matières premières, inévitables dans le cas des productions classiques. "Le principe même de la fabrication additive, en opposition au mode de fabrication traditionnel dit "soustractif", consiste à optimiser les quantités de matières, quelles qu'elles soient. À cela s'ajoutent une réduction des circuits d'approvisionnement et une baisse des distances parcourues pour une même production. Celle-ci s'organise de façon bien plus locale", décrit Nicolas Aubert. Julien Guillen poursuit en précisant que "le fait de moins jeter le produit initial et de recourir davantage à la réparation constitue un autre aspect déterminant synonyme de diminution de l'empreinte carbone. Nous produisons des câbles, des dérailleurs pour les vélos par ce biais, en nombre restreint. Parfois, le recours à l'impression 3D peut paraître évident, mais il y a aussi un arbitrage à faire en tenant compte de la dépense énergétique qui s'y rattache." Le but est donc de remplacer une logistique physique existante par une logistique numérique, c'est-à-dire que seules les pièces au format numérique sont envoyées à l'endroit où elles seront fabriquées physiquement. "Les conséquences positives sur l'empreinte carbone sont évidentes : inutile de remplir des conteneurs, des avions-cargos avec des produits fabriqués sur un lieu et vendus ailleurs", résume Alain Bernard.


Focus - Quand l'impression 3D bonifie les places de marché

Avec sa place de marché ouverte proposant des services de fabrication additive à la demande, Dassault Systèmes se présente comme un symbole de l'accélération et d'une démocratisation progressive de l'impression 3D. L'offre invite les intéressés à télécharger leur objet 3D et propose une mise en relation avec un industriel associé capable de répondre à la demande en question. "Près de 250 fournisseurs ont déjà intégré la plateforme. Chez les professionnels, les demandes émanent autant d'ingénieurs de grands groupes que d'acteurs indépendants. Les prix pratiqués sont proposés en temps réel et notre rémunération a lieu uniquement si une transaction est conclue", explique Christophe Eschenbrenner.

Ce type d'offres permet de se rapprocher davantage de l'utilisateur final, avec un catalogue de produits disponibles sous 72 heures. La comparaison entre différents processus industriels et technologies pour un même produit est simplifiée. "On sait rapidement quelle méthode est préférable en fonction des délais nécessaires, des coûts, des implications énergétiques et des matériaux utilisés", ajoute Christophe Eschenbrenner.

 
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Mathieu Neu

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