Comment les achats interagissent avec leur écosystème
Mais il y a aussi bien d'autres acteurs...
L'écosystème des achats ne se réduit pas au cercle des fournisseurs, aussi essentiel soit-il. Il se compose aussi de bien d'autres acteurs, comme en a témoigné Karine-Alquier Caro, qui voit d'ailleurs l'acheteur comme un coordinateur. La directrice achats Groupe de Legrand, qui "travaille beaucoup sur le création de valeur de toutes les parties prenantes, sur le territoire local, mais aussi à l'international", a évoqué un certain nombre d'actions RSE menées de par le monde: En Inde où Legrand, en relation avec le National productivity council (entité qui dépend du ministère de l'Industrie), participe à la mise en place de process de lean manufacturing, ou en Italie où son groupe, en lien avec des universités, fait des recherches sur les matières premières. En France également, Legrand travaille avec des universités sur l'utilisation de matières recyclées et régénérées, ainsi qu'avec des fournisseurs de matières plastiques régénérées et des fournisseurs de presses à injecter. "L'acheteur, a commenté Karine Alquier-Caro,"devient animateur pour créer de la valeur".
"Si je ne travaille pas avec le local, c'est terminé, je ne me développe plus. Il faut se couler dans les écosystèmes locaux, comprendre les problématiques locales pour y répondre et se développer. Nous avons vocation à dynamiser les territoires régionaux", a pour sa part appuyé Thierry Hellin, directeur général adjoint groupe juridiques, ressources humaines, risk management et services généraux du groupe Pierre & Vacances, qui participait, lui à une autre table ronde organisée durant la soirée. Aussi, la direction achats de Pierre & vacances privilégie-t-elle le tissu économique local et cultive-t-elle des liens forts avec les acteurs publics et associatifs des territoires sur lesquels le groupe est implanté ou compte le faire. Idem pour la Poste, mais dans un tout autre registre. Le directeur général adjoint de La Poste, Yves Brassard, a expliqué que, confrontée à une baisse du volume de courrier acheminé chaque année, La Poste est contrainte de se réinventer. Et pour développer de nouveaux business models, il lui faut s'appuyer sur l'écosystème. Pour maintenir les bureaux de poste dans les territoires ruraux, par exemple, elle confie cette mission à des commerçants. La Poste est aussi entrée en relation avec plusieurs collectivités pour leur proposer de lui confier le transport de certaines marchandises via sa flotte de véhicules électrique. Entre autres exemples.
Dans la rubrique des acteurs très éloignés des achats avec lesquels les acheteurs sont pourtant amenés à collaborer, on trouve même les ONG: Sarah Etcheverry a expliqué travailler avec L214 Ehique et animaux, car Compass ne souhaite pas se voir épingler pour des pratiques d'élevage non éthiques qui seraient pratiquées par ses fournisseurs. "L'image est importante pour le business", a-t-elle souligné.
Community manager, animateur de l'écosystème, responsable es ressources externes... l'avenir des achats se dessine de plus en plus loin de l'achat pur. Natacha Tréhan en est persuadée qui, dans sa keynote prospective, a expliqué qu'avec le développement des nouvelles technologies tels IOT ou blockchain, de l'intelligence artificielle et du machine learning, l'acheteur de demain... n'aura plus grand chose à faire à part mourir. Sauf s'il parie, selon elle, sur la RSE et sur l'open innovation en devenant animateur d'une communauté ultra connectée... qui débouchera sur une intelligence collective globale. Mieux: demain, pour Natacha Tréhan, les directions achats "devront cesser d'acheter pour aller vers une économie collaborative inter-entreprises".
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