Whyers vend "du jus de cerveau de startupers" aux grands comptes
La start-up Whyers propose aux grands comptes de faire intervenir des startupers experts en mode "reverse mentoring" pour les aider à concrétiser leur projet d'innovation.
Je m'abonne"Nous sommes là pour faire remonter la capacité entrepreneuriale au sein des grands groupe et non simplement mettre en relation deux entités juridiques que sont les grands comptes et les startups", s'enthousiasme Julien Masson, directeur de Whyers, jeune entreprise fondée en juillet 2014 dont l'objectif est de "fournir les jus de cerveaux des meilleurs startupers".
Ainsi, Whyers met des startupers experts à la disposition des porteurs de projet des grandes entreprises, en mode "reverse mentoring", dans le cadre d'un atelier d'échange, pour les aider à concrétiser rapidement leurs futurs services et offres dans un temps et à la façon startup. Whyers compte déjà 20 projets à son actif avec de grands groupes tels que Total, EDF RATP, GRDF, etc. Parmi les startupers intervenants, on trouve notamment Julien Dugaret, CEO and Co-Founder de Beyable, startup qui propose des solutions de gestion de la relation client.
"Un mélange des intelligences"
"L'idée est que les grands comptes puissent s'appuyer sur un entrepreneur qui leur donnera 2-3 astuces, souligne Julien Masson,et de préciser le startuper est un inventeur. Il mêle au quotidien réflexion et action, il relève chaque jour de nouveaux challenges. Par rapport à un consultant ou un freelance, il porte en lui la volonté de construire quelque chose de grand, il a le réflexe de repenser en continu son business model, d'établir immédiatement un business plan et de concevoir un prototype pour valider très rapidement sa proposition de valeur". Parmi les clients de Whyers, des directions de la transformation d'entreprise ou des directions de l"'open innovation sont intéressés par le programme. "Et de plus en plus de directions achats n'hésitent pas à nous solliciter", souligne Julien Masson.
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Une méthode agile de réflexion et de collaboration sur le thème de l'innovation qui est pour le directeur de Whyers "un mélange des intelligences". Pour lui, c'est cette "méthode start-up" dans un "temps start-up" qui intéresse "aujourd'hui les porteurs de projet des grands groupes recherchent une réflexion disruptive, de la rapidité et surtout de l'action, du concret, des solutions".
Whyers propose 3 niveaux d'actions. Le premier est centré autour de l'"inspiration" avec une explication autour des méthodes d'élaboration d'un business model. Le second niveau est celui de "l'idéation". Les startupers interviennent à l'occasion d'un bootcamp ou d'un hackathon. Au niveau 3, le grand compte attend l'"accélération" autour d'un projet précis. C'est notamment le cas de Christine Halliot, directrice de l'innovation de la branche marketing et services de Total qui a fait appel à Whyers pour un projet de refonte d'une plateforme d'innovation collaborative. "L'atelier [NDLR : mené avec Whyers] avait globalement conclu à une refonte totale de notre plateforme sur le principe du crowdfunding, avec l'ajout d'une brique " projets " pour leur donner de la visibilité, les repenser en mode start-up, et dynamiser ainsi la collaboration interne autour de ces projets innovants. J'ai été bluffée par ce coup d'accélérateur, la pertinence de cette vision innovante et l'efficacité de la méthode".
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Du reverse-mentoring à la SNCF
A l'issue d'un premier atelier de reverse-mentoring organisé en juillet 2016 par Whyers et l'Accélérateur SNCF Réseau, Cyril Garnier, Directeur Général de la filiale SNCF Développement a souhaité reproduire et déployer cette méthode à grande échelle au sein de son propre incubateur : "Les ateliers Whyers mettent en relation deux populations-clés au sein de la SNCF : les porteurs de projet et les startupers. Encore faut-il savoir identifier les problématiques des uns, détecter les compétences des autres et effectuer le bon ''matching''. C'est pourquoi nous avons confié à Whyers la double mission de gérer notre communauté de startupers et de prendre en charge le reverse-mentoring au sein du groupe SNCF". Dans le cadre de ce partenariat, Whyers apportera son propre réseau de startupers et son expertise du reverse-mentoring tandis que SNCF Développement mettra à disposition sa communauté de startupers et le vivier d'opportunités que représentent les cent potentiels porteurs de projet du Groupe".
Le reverse-mentoring s'effectuera à deux niveaux : auprès des porteurs de projet du groupe le sollicitant, et auprès des jeunes pousses de SNCF Développement. Une vingtaine d'ateliers sont d'ores et déjà prévus. Les porteurs de projet ciblés par ces ateliers de reverse-mentoring, au sein du Groupe, sont les patrons de filiale, directeurs marketing, directeurs d'exploitation, DSI, directeurs de programme, etc. qui rencontrent des problématiques terrain opérationnelles.
Témoignage SNCF : "L'échange avec le startuper m'a permis d'identifier ce qui bloquait dans le projet et de trouver les clés pour surmonter ces points de blocage".
Bertrand Houzel, Ingénieur, Chef du pôle études amont, SNCF a été le premier porteur de projet " Whyerisé " au sein du groupe en juillet 2016. Née de l'étude de la problématique de sécurité et de régularité de la Gare Saint-Lazare à Paris, la solution OpenGov permet d'améliorer la sécurité, la régularité et la productivité des gares SNCF. Elle est actuellement en cours de déploiement sur une trentaine des gares les plus importantes du réseau.
"J'ai sollicité l'atelier Whyers afin d'échanger avec un entrepreneur qui avait réussi dans un autre domaine, sur une problématique similaire à la mienne. Ma question était la suivante : Comment créer de la valeur à partir d'infrastructures et de données existantes ? L'échange avec le startuper m'a permis d'identifier ce qui bloquait dans le projet et de trouver les clés pour surmonter ces points de blocage. Il a attiré mon attention sur les points d'appui et d'alerte de mon organisation, m'a suggéré des solutions, et m'a aidé à dégager les pistes les plus intéressantes du projet, afin de mieux le pitcher et le défendre en interne. J'en suis sorti avec une vision beaucoup plus riche. Le startuper m'a alerté sur l'importance de travailler davantage en coordination avec la DSI de la SNCF. En tant qu'intrapreneur, j'avais avancé rapidement et en créant énormément de valeur, mais de mon côté. Il m'a recommandé de me raccrocher au système existant afin d'enrichir le projet et de progresser ensemble. Aujourd'hui, la DSI est devenue une alliée : nous avançons main dans la main".