Affaire Volkswagen : "Une évolution de car policy se fait lentement"
Près d'un million de véhicules diesel vendus ces dernières années en France ont été équipés du logiciel permettant de tromper les contrôles antipollution. Les flottes automobiles ne sont pas épargnées. Explications avec Théophane Courau, président de FATEC Group.
Je m'abonneQuel est l'impact de l'affaire Volkswagen sur les flottes automobiles ?
Les marques VAG, notamment Volkswagen et Audi, sont des marques qui se sont bien développées dans les flottes automobiles sur les dix dernières années : leurs parts de marché ont doublé. Les deux grands arguments qui plaisent aux utilisateurs, c'est d'une part l'image de sérieux, un peu supérieure à celle des autres constructeurs généralistes et d'autre part, la performance économique notamment liée à une consommation compétitive.
Une évolution de "car policy", c'est-à-dire du choix de constructeurs ou de modèles se fait lentement, cela nécessite des consultations auprès du constructeur et du financeur. Je ne pense pas qu'il y aura des changements radicaux du jour au lendemain, en revanche il est fort probable que nous allons constater une baisse de marché des marques VAG.
Le directeur financier ou achats prendra en compte le risque sur la valeur résiduelle. Aujourd'hui, nous avons une moins bonne visibilité dans la revente de ces véhicules dans trois-quatre ans.
Est-ce que cette affaire va faire perdre de la valeur aux flottes automobiles?
Je pense que cela va modifier les habitudes des flottes automobiles en baissant la part de marché des VAG. Par exemple, les flottes de 200-250 véhicules qui étaient mono-marque vont arrêter de l'être. Il ne faut pas "mettre tous ses oeufs dans le même panier", car l'exemple de Volkswagen démontre qu'aucun constructeur n'est à l'abri d'un cataclysme imprévisible. Parmi nos clients, nous avons un client qui détient une flotte de quelques milliers de véhicules dont 40% de la marque Volkswagen : nous avons reçu l'ordre il y a 15 jours de ne plus faire de commandes pour ce constructeur.
Quant à la location, le gestionnaire de flotte n'a pas de risque de voir son loyer modifier donc cela sera sans préjudice financier. Le montant de la consommation ne va pas changer par rapport à l'historique. En revanche, quand la campagne de rappel des véhicules sera lancée en 2016 pour enlever le logiciel, il y a un risque de reparamétrage du moteur. Concrètement cela signifie que vous bridez la licence et que votre Golf de 230 chevaux passe à 110 chevaux, soit un préjudice de confort important.
Concernant les bonus et malus, y a-t-il une possibilité de remboursement des sommes créditées ?
Je ne crois pas que les entreprises puissent avoir un risque sur leur fiscalité. Celle-ci est assise sur la carte grise, le problème du moteur EA189 est un problème d'émissions de Nox, la fiscalité est sur celle des émissions de CO2.