Décarboner sa flotte d'entreprise, quels leviers ?

Les entreprises doivent apporter leur pierre à l'édifice en matière de décarbonation de la mobilité. En mai dernier, Élisabeth Borne a d'ailleurs dévoilé son plan d'action pour réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre à l'horizon 2030, par rapport au niveau de 1990. Les transports représentent le premier poste d'émissions du territoire. Le gouvernement souhaite donc que ces émissions passent de 129 millions de tonnes de CO2 par an en 2022, à 92 Mt en 2030. Pour les entreprises, cela passe notamment par la transition vers des flottes de véhicules électriques. "Ce sont des changements longs à opérer dans les entreprises, les flottes automobiles ont souvent des durées de vie de 4 à 5 ans. Cela doit s'anticiper", explique François Gatineau, président de Mobilesse, société de conseil et bureau d'études en mobilité électrique.

20 % de véhicules bas carbone en 2024

D'autant que les entreprises sont soumises à un certain nombre d'obligations qui viennent accélérer ces changements. "Pour les groupes possédant plus de 100 véhicules, 10 % du renouvellement de flotte doit être réalisé avec des véhicules bas carbone depuis 2022. Cette proportion passera à 20 % en 2024 puis à 40 % en 2027", informe François Gatineau. De même, à partir de 2025, les parkings des entreprises devront être équipés de bornes pour recharger les véhicules électriques. Outre l'aspect réglementaire, engager un plan de décarbonation des transports permet aussi de valoriser la stratégie RSE de l'entreprise et de contribuer à la rétention des talents. "De plus en plus de salariés décident de s'équiper en véhicule électrique, ou exigent un véhicule de fonction électrique, cela permet aussi de faire la différence pour une entreprise", confirme François Gatineau.

Des sources d'économies

De fait, depuis quelques mois, l'expert en mobilité électrique observe une forte accélération de demandes de la part des entreprises concernant la transition de leurs flottes. "Cela se traduit par des besoins d'audits de flottes et d'installations d'infrastructures de recharge dans les parkings", souligne-t-il. Reste que ces projets nécessitent souvent de lourds investissements et nécessitent du temps pour être mis en oeuvre. Cela s'accompagne donc souvent d'une profonde réflexion sur le business model. "Une des premières choses à faire est de réaliser un audit de sa flotte pour déterminer les usages, ce que l'on peut transformer et comment", indique le président de Mobileese. Une fois l'audit achevé, il convient de réaliser une étude technique pour mettre en place les infrastructures techniques nécessaires au projet de transition. Selon les projets, plusieurs sources d'économies peuvent être identifiées. "Certaines entreprises peuvent par exemple partager l'accès à la recharge avec leurs voisins et ainsi les coûts", pointe François Gatineau. Se doter d'équipements de production électrique, comme les ombrières présentent également des intérêts à moyen long terme qui permettra de s'affranchir de contrats de fourniture coûteux. "Le coût de l'électricité est inférieur au prix des énergies thermiques, les entreprises peuvent donc enregistrer des gains importants sur le long terme", souligne l'expert en mobilité électrique.