[Trophées Décision Achats] Philippe Emprin (Groupe Barrière) : Le serial créateur de directions achats
Cet amoureux des achats qui s'émerveille chaque jour du panel de métiers sur lesquels il travaille et sur la richesse de la relation client / fournisseur, est pourtant tombé un peu par hasard dans les achats. Mais il a vite appris et s'est fait une spécialité de structurer des services achats.
Je m'abonnePhilippe Emprin, a deux fiertés. Avoir rendu le service la direction des achats "crédible" et "incontournable au sein du groupe Barrière". Et une équipe motivée - car il aime par-dessus tout "former, guider, motiver, responsabiliser; transmettre une capacité d'analyse, la rigueur". Et, qu'on se le dise, quand il recrute, il recherche des gens "ouverts d'esprit et adaptables, mais surtout motivés". "Les softs sont essentiels, même si les hard sont un prérequis". Cet amoureux des achats qui s'émerveille chaque jour du panel de métiers sur lesquels il travaille et sur la richesse de la relation client / fournisseur, est pourtant tombé un peu par hasard dans les achats.
Après des études d'ingénieur en agro-alimentaire et de la recherche en bio-technologies à l'Université de Kyoto (Japon), et le service militaire, Philippe Emprin a commencé en production, en 1989, comme jeune ingénieur dans une société américaine, IFF, leader mondial des arômes et des parfums. "J'ai travaillé un an dans une filiale française qui n'avait alors pas de service achats. La direction a alors souhaité monter une direction achats. Je me suis dit pourquoi pas? Et j'ai relevé le challenge." Philippe Emprin a alors encadré deux approvisionneurs. "Très vite", raconte-t-il, "j'ai développé une collaboration avec mes collègues européens des cinq filiales et nous nous sommes organisés. Nous nous sommes répartis les catégories d'achats."'
"J'en conserve le souvenir d'un chantier immense, mais aussi du bonheur de la découverte. Ce travail en groupe a été très formateur pour moi. J'ai très vite aimé la relation client/fournisseurs dans un contexte international; le côté exigeant et convivial." En 1996, Philippe Emprin a rejoint le Groupe Lesaffre, leader mondial de la levure en boulangerie en tant que directeur achats et logistique du site de Maison-Alfort, dans le cadre d'une création de poste. "Le service achats existait mais pas le service supply chain qu'il a fallu constituer. Un nouveau challenge. "La fabrication de levure", commente-t-il, "c'est de l'industrie lourde. Nous avions des usines énormes avec de très gros volumes traités. La logistique entrante et sortante était à la mesure. La gestion de flux devait être carrée! " Après 3 ans à ce poste, en 1999, Philippe Emprin fut nommé directeur des achats du groupe qui comprenait une quarantaine d'usines dans le monde. "La direction achats était embryonnaire. Il y avait très peu de personnes en direction, elle fonctionnait en coordination. J'ai démarré avec la mise en place des catégories et la coordination des achats par région et pays. L'objectif étant de massifier, d'harmoniser les prix et les pratiques achats."
Ouverture d'un casino à Abidjian
Sollicité par le groupe Barrière, Philippe Emprin a quitté son poste deux ans après pour... créer une direction des achats. Depuis qu'il a pris ses fonctions, le Groupe "a multiplié le nombre d'établissements par deux et continue de s'étendre. Nous sommes présents en France, en Suisse, au Maroc, en Egypte et demain, nous irons à Saint-Barthélémy et à Abidjian, en Côté d'Ivoire." Sa fierté : "les achats sont crédibles et incontournables au sein du Groupe. Nous intervenons de plus en plus en amont des projets." Philippe Emprin travaille d'ailleurs depuis des mois sur le projet d'ouverture d'un casino à Abidjian, dès l'investissement.
Le directeur des achats se régale de tout nouveau chantier et adore cette possibilité qu'offrent les achats de toucher à nombre de secteurs d'activité. Il vient de mener un gros travail sur les achats d'assurance, mène une course de fonds côtés achats d'investissement - en 3 ans, le Groupe a dépensé 210 millions d'euros en rénovation d'établissements -, planche sur les achats de communication et de marketing, négocie du digital avec des startups, et aime particulièrement les travaux de décoration, les achats de mobilier et de tissus. "C'est terriblement varié", s'enthousiasme-t-il. Sans oublier la RSE en faveur de laquelle il accompagne le Groupe. "Nous consacrons, par exemple, une part de nos achats à de l'achat local. Nous proposons ainsi des menus "locavore" à nos clients, composés d'aliments produits à 50 km alentours, lorsque cela est possible. Nous mettons également en avant le bio et le commerce équitable dans nos établissements."
Philippe Emprin explique consacrer beaucoup de temps au sourcing et être très à l'écoute des innovations qui viennent de chez les fournisseurs, mais qui sont également détectés par les directions métiers. Son gros projet à venir: l'externalisation de services qui ne sont pas coeur de métier pour le Groupe. "Les achats sont à l'initiative de ce projet. Nous avons convaincu la direction générale et les opérationnels."
Fiche entreprise:
Activité: Casinos, hôtellerie, restauration et divertissement (salles de sport, spa, golf, balnéothérapie, cinémas)
Effectif achats: 5 personnes
Portefeuille achats: 250 millions d'euros