L'Ugap se repositionne sur des enjeux forts
Sébastien Taupiac, directeur délégué aux offres complexes, Ugap : "Nous aurons de plus en plus de mal à garder nos acheteurs"
De 55 acheteurs aujourd'hui, l'Ugap passera bientôt à 70. Un tiers de ces profils proviennent du secteur public et un tiers du privé. "Ces dernières années, voire ces derniers mois, l'accélération de la professionnalisation des acheteurs publics, notamment grâce à la mutualisation, a entraîné l'arrivée de profils d'acheteurs de plus en plus professionnels, experts, se rapprochant du niveau des acheteurs privés", constate Sébastien Taupiac, directeur délégué aux offres complexes de l'Ugap.
La moyenne d'âge de ces acheteurs se situe entre 30 et 35 ans. Dans les domaines qui nécessitent de l'expertise, la centrale mise sur des profils seniors, "que ce soit dans l'énergie, les voyages et déplacements ou la formation professionnelle, si vous n'avez pas un acheteur expert, le client public ne vous reconnaît pas", tient à souligner le directeur. Selon lui, penser que pour faire évoluer le secteur public il faut y intégrer des profils issus du privé est un mirage. "Le secteur public a une grande force : il est attaché à des valeurs humaines, sociales, de progrès, et je crois qu'il n'y a pas de recette miracle."
Naissance d'un acheteur hybride public/privé
Selon Sébastien Taupiac, l'image de l'acheteur public juriste et de l'acheteur privé cost killer fait désormais partie du passé. "De ces deux profils est né un acheteur public/privé beaucoup plus en phase avec l'évolution de l'environnement économique et de la société. Aujourd'hui, on demande à l'acheteur d'intégrer énormément de problématiques (nouvelles technologies, dématérialisation des procédures, développement durable, innovation via les pôles de compétitivité, etc.). Nous le constatons dans nos recrutements, les acheteurs maîtrisant tous ces paramètres sont rares !"
L'Ugap mise sur différents types de profils : des acheteurs qui viennent de grands groupes privés - "de bons profils, qu'il faut néanmoins bien former aux politiques publiques, car ils sont majoritairement à la recherche d'offres ultra-rentables " - et les profils débutants, très recherchés pour leur polyvalence et leur appétence aux nouvelles technologies. "Ils font preuve d'un grand dynamisme et sont ouverts à toutes les technologies, ainsi qu'aux nouveaux types de sourcing, comme le sourcing via les réseaux sociaux. On recrute, en revanche, très peu dans les collectivités, car on y trouve encore beaucoup de juristes."
Le meilleur profil d'acheteur selon Sébastien Taupiac ? "Celui qui prend en compte toutes les dimensions de son poste : la partie économique, la partie marketing et la partie exécution du marché - donc suivi du contrat -, et dans ce domaine, l'acheteur public est souvent meilleur que le privé."
Les acheteurs publics intéressent les groupes privés
"Plus le pouvoir politique est exigeant sur l'acheteur public, plus il se professionnalise, plus il prend confiance et devient multitâche et plus, finalement, il se dit qu'une expérience dans le secteur privé est possible", analyse Sébastien Taupiac. De plus en plus d'entreprises privées commencent à venir chercher des acheteurs professionnels dans le public - bien que cela soit encore, pour l'heure, marginal -, car les grands groupes ont besoin à la fois de personnes maîtrisant les subtilités du code des marchés publics et, selon l'Ugap, "de revenir à l'essentiel (humain, social, performance environnementale, développement durable...)". Des profils assez intéressants, pour le secteur privé, qui parvient à les recruter sans trop de difficulté du point de vue salarial. "Nous aurons de plus en plus de mal à garder nos acheteurs. Nous devons donc trouver très rapidement des voies internes d'évolution afin de leur proposer de véritables projets professionnels", alerte Sébastien Taupiac.
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