Les 6 maux des achats publics
Corruption, mauvaise image, manque de formation, ... dans son dernier ouvrage "les achats, un trésor caché", Jean-Arthur Pinçon pointe du doigt les 6 maux des achats publics et plaide pour une nouvelle façon de penser la commande publique. Décryptage.
Je m'abonneLes achats de mines d'uranium par Areva avec une perte financière de près de 3 milliards d'euros, l'échec de l'écotaxe avec des pertes estimées à 950 millions d'euros ou plus récemment les 400 millions d'euros de pertes par l'Education Nationale à cause d'un mauvais achat de logiciel RH, ... les exemples d'échecs dans les achats ne manquent pas.
"Aujourd'hui, les achats publics représentent environ 300 milliards d'euros et une économie de 20% résoudrait en grande partie le déficit public", insiste Jean-Arthur Pinçon*, ingénieur et consultant achats son récent ouvrage intitulé "Les achats, un trésor caché" édité chez L'Harmattan. Dans ce dernier, il dresse une liste non exhaustive des erreurs commises par les achats et des solutions qui pourraient y être apportées.
Manque de formation, corruption, mauvaise image, ... : les 6 maux des achats
Selon l'auteur, les 6 maux des achats publics peuvent se résumer à : "Une image principalement juridique qui entraîne une faiblesse de la formation et amène un manque de professionnalisme. Ce qui favorise la corruption d'autant que les sanctions n'existent pratiquement pas".
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Principal écueil des achats publics : ils souffrent d'une mauvaise image. La raison? "Il colle à l'acte d'achat une image de facilité, contrairement à celui de la vente", explique l'auteur. Ainsi, dans les écoles de commerce, les formations en achats sont eu voire inexistantes tandis que les formations en vente sont légion. Les achats sont également trop souvent synonymes de corruption. Enfin, d'un point de vue technique, la comptabilité publique dissocie les dépenses d'investissement (achats) et les dépenses de fonctionnement avec au final un manque de visibilité sur l'ensemble des achats qui sont imputés sur différents comptes.
Enfin, sans grande surprise, il pointe ensuite du doigt le "poids du juridique" malgré la récente réforme du code de la commande publique et "un manque de formation sur l'aspect économique de l'achat".
Le manque de sanctions appliqués dans des cas extrêmes de gâchis d'argent public tels que l'écotaxe, la Philharmonie de Paris... Il dénonce le "laxisme dans les suites judiciaires" et cite les exemples de Bouygues dans le cas du chantier de Flamanville et de Ségolène Royal à l'époque où elle était à la tête de la région Poitou-Charentes (2004 à 2014).
Heureusement, selon l'auteur, des solutions existent pour repenser les achats publics. Cela se traduit autant dans la méthode que dans la structure et l'organisation de la commande publique.
Lire la suite en page 2 : un plaidoyer pour de nouvelles instances de contrôle
*L'auteur Jean-Arthur Pinçon est ingénieur ESPCI/IEP Paris. Il dirige MA consulting, société spécialisée dans le management des achats. Il a mis au moins une méthode baptisée OPERA basé sur l'analyse de la valeur dans les achats. Il a écrit plusieurs ouvrages dont "Le gâchis : 30 milliards d'euros perdus par an dans les achats publics", paru chez L'Harmattan en 2015.
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Plaidoyer pour de nouvelles instances de contrôle
"Arrêtons de raisonner en solutions et raisonnons en besoins", plaide l'auteur. "Il faut revenir à un cahier des charges fonctionnel et pondérer les critères de choix attente par attente. Et ainsi affiner les critères de choix". Pour ce faire, l'auteur propose des méthodes de calcul dont l'une baptisée OPERA est basée sur l'analyse de la valeur appliquée aux achats.
Mais repenser une bonne gestion des achats publics passe aussi par une nouvelle formulation du Code de la commande publique et une meilleure professionnalisation des acheteurs. Il plaide également pour la mise en place de petites structures achats indépendantes et labellisées.
Enfin, la mise en place d'une agence de contrôle dans les achats publics est essentielle. Elle serait chargée de valider les grandes opérations d'investissement au service des entreprises ou de la puissance publique. "On pourrait l'appeler l'ACAP pour Agence de contrôle des achats publics et ACAE avec "E pour les entreprises dans le privé", détaille l'auteur. Enfin, il faudrait avant tout mettre en place "des sanctions dissuasives" dans les cas d'abus et de corruption ainsi que l'élaboration d'une "véritable politique anticorruption".