DossierAchats publics responsables : les best practices
3 - Quand achats responsables riment avec économies
Acheter vert tout en réalisant des économies. C'est possible ! La preuve avec ces deux témoignages.
7 millions de feuilles à l'année, 14 000 ramettes... La généralisation du papier recyclé pour l'usage interne est une opération rentable : 52 centimes d'économies par ramette de papier recyclé. " Dans l'imaginaire de nombreuses personnes, le papier recyclé est plus cher en raison de son traitement. Nous sommes en train de prouver le contraire ", annonce Guillaume Laffineur, le directeur performance achats de Reims Métropole. Le deuxième gain est, quant à lui, purement responsable " puisque l'usage d'un papier recyclé constitue un geste fort en faveur de l'environnement ", complète l'acheteuse du domaine, Marie-Aude Carré. Il faut noter ici le risque pris par la direction des achats, qui va à l'encontre des habitudes d'impressions ancrées depuis de longues années. Il s'agit là d'un signal fort donné par le service public en direction du privé. Pour réussir ce pari, il a fallu s'assurer, en outre, de la parfaite compatibilité du nouveau papier avec les copieurs, afin d'éviter les "bourrages".
Reims Métropole a également revu la performance globale de son journal municipal. L'objectif fixé par la direction était de diminuer les coûts de fabrication et de limiter autant que possible la hausse de ceux de diffusion, avec des économies estimées à 45 %. " Nous devions impérativement y parvenir, souligne Guillaume Laffineur. Pour ce faire, nous avons pu compter sur la direction de la communication, qui a joué un rôle moteur et accepté le "redesign to cost", ou "reconception à coût objectif" ". Ainsi, les postes de surcoût (flyers, encartage, pagination, format...) ont été supprimés ou redéfinis.
Côté achats responsables, 9 tonnes de papier par an sont désormais économisées. Dans ce type de projet, le service public n'étant pas tenu de s'engager sur la profitabilité, " une opération blanche peut être considérée comme pleinement satisfaisante ", conclut Guillaume Laffineur.
La ville de Lannion a été récompensée aux Trophées de la commande publique 2013, lors du dernier Salon des maires et des collectivités, pour son groupement d'achats de produits alimentaires issus de l'agriculture biologique, notamment profitant aux cantines scolaires. Près de 1 600 élèves sont concernés. Le groupement bio est organisé dans le contexte de la Communauté d'agglomération de Lannion-Trégor(1). " La caisse des écoles et le lycée en sont les principaux bénéficiaires ", explique Pierre Le Goff, directeur des marchés de la ville de Lannion. Considéré de prime abord comme une "usine à gaz", ce groupement a été réformé en 2010. " En poussant l'analyse, nous nous sommes rendu compte que les prix facturés ne correspondaient pas aux quantités consommées ", explique-t-il. Cette démarche du bio est arrivée en même temps que le Plan national nutrition-santé (PNNS), qui préconise moins de viande et de charcuterie dans l'alimentation. Biocoop, réseau de magasins bio, fournit près de 50 % des produits laitiers et du pain biologique. " Les produits nous arrivent à maturité et peuvent donc être consommés au fil de l'eau, ce qui engendre des économies en termes de stockage ", précise Pierre Le Goff.
Au final, le recours au groupement aurait engendré près de 20 % d'économies, celui-ci préconisant les circuits courts qui privilégient les producteurs locaux dans les appels d'offres. " L'intégration de ces circuits compte pour 25 à 30 % dans l'appel d'offres. Ainsi, aux critères environnementaux, le groupement favorise les critères de performance des fournisseurs de proximité ", résume le directeur des marchés.
(1) Le groupement bio de Lannion est constitué de la ville de Lannion, de sa caisse des écoles et de la caisse centrale d'activités sociales, des villes de Pleumeur-Bodou, Ploulec'h, Ploumiliau, du lycée Félix Le Dantec à Lannion, du collège Paul Le Flem à Pleumeur-Bodou et du centre hospitalier Lannion-Trestel.