Plus de transparence dans la commande publique : rêve ou réalité ?
La solution développée par la société Cap Europa, en partenariat avec le Bureau Van Dijk, propose l'accès à une gigantesque base de données en ligne référençant plus de 250 000 marchés publics, 40 000 acheteurs et 150 000 entreprises. Aubaine ou nouvelle usine à gaz ? Explications.
Je m'abonne"La commande publique représente 8% du PIB français. Elle se caractérise pourtant par son opacité". C'est sur ce constat que Dan Cébile, chantre de la transparence de la commande publique et fondateur de la société Cap Europa, a présenté le 29 janvier dernier son "Club de l'Achat public", nouvel outil destiné à informer les acheteurs publics.
L'idée ? Une base de données en ligne qui livre des informations sur près de 120 milliards d'euros et 250 000 transactions annuelles. Cette base référence également plus de 40 000 acheteurs et 150 000 entreprises. Interfacée avec les avis en cours du BOAMP (bulletin officiel des annonces des marchés publics), ainsi qu'avec les marchés reconductibles (2/3 des marchés publics), elle dispose d'un module supplémentaire, intitulé "Diane Marchés publics" développé par le Bureau Van Dijk, qui autorise l'accès à des grilles d'informations juridiques, économiques et légales de plus d'un million d'entreprises.
"Il y a autant de formats d'achats qu'il y a d'acheteurs"
Cette démarche s'appuie sur l'article 133 du Code des Marchés Publics qui impose à tout acheteur de publier annuellement le détail des marchés attribués. "Les erreurs d'interprétation (ignorées du législateur), l'absence de format commun et cohérent, d'encadrement voire d'accompagnement semblent à l'origine de cette opacité", a estimé Dan Cébile, ajoutant qu'"il y a aujourd'hui autant de formats d'achats qu'il y a d'acheteurs".
Ce dernier a par ailleurs reçu le "Prix Spécial du jury" Data Connexions, pour cette démarche des mains d'Henri Verdier, directeur d'Etalab, mission détachée auprès du 1er ministre, visant à favoriser l'émergence de solutions innovantes dans le cadre de l'ouverture des données publiques (Open data) au plus grand nombre.
Dans sa publication du titre évocateur "Livre Blanc & colère noire", il invite les acheteurs publics à découvrir les bienfaits de cette transparence pour envisager davantage de mutualisation en vue d'optimiser leurs achats et réduire les coûts.
"J'ai été très étonnée de constater que la Ville de Versailles par exemple, qui est un acheteur important, ne connaissait pas les acheteurs des villes voisines de Ville d'Avray ou de Saint Cloud ! Avec ce Club de l'Achat Public, notre objectif est de favoriser ces rapprochements puisqu'en un clic, une ville accède aux noms des acheteurs d'une autre ville. Pourquoi ne pas imaginer alors des mutualisations et regroupements d'achats sur certaines familles d'achats comme les fournitures de bureaux ?", avance celui qui se qualifie lui même de "lanceur d'alerte".
Nouvel outil de sourcing fournisseurs ?
"Oui car l'acheteur pourra ainsi identifier immédiatement tous les fournisseurs qui ont conquis un ou plusieurs marchés sur un historique de cinq ans. Quant aux référencements des entreprises innovantes, c'est donc le nouvel outil " Diane MP", développé par Bureau Van Dijk, qui entre en jeu. Au final, nous couvrons l'intégralité du spectre. Cela constitue donc un formidable outil pour un acheteur".
Si la solution est séduisante, quant est-il de l'accueil réservé par les futurs utilisateurs, les acheteurs publics ? " Nous n'avons enregistré qu'une seule réticence émanant d'une directrice des achats d'un Conseil général important qui craignait que cette solution n'entraîne une perte d'autorité de la hiérarchie car leurs acheteurs allaient en savoir autant qu'eux !", glisse Dan Cébile qui affirme au contraire que "le fait d'avoir accès à cette mine d'informations rendra leur métier d'acheteur public plus intéressant et plus étendu qu'aujourd'hui."
Modèle économique et tarifs
Quid du modèle économique ? "Nous avons essayé de faire le plus possible d'accès ouverts pour accéder par exemple aux chiffres clés d'Eiffage ou d'une ville comme Grenoble. Pour l'accès aux données à plus forte valeur ajoutée, donc au détail d'un marché (montant, budget,..), le visiteur pourra périmétrer en fonction de ce qui l'intéresse", explique Dan Cébile.
Quant à savoir si un marché s'est ou non bien déroulé, sans retard ni problème, la base actuelle ne fournie pas (encore) de réponse mais ce dernier l'assure : "nous pouvons l'envisager si le besoin est là car la solution est prête."
Côté tarifs : cela va de 5 euros pour accéder au détail d'un marché et 1 euros par marché pour une demande de plusieurs centaines de marchés. Pour éviter d'avoir à payer à chaque fois, l'utilisateur pourra opter pour le prépaiement d'unités de crédit. "Les clients seront dans un premiers temps les Ministères via des abonnements pour avoir accès à 5 000 ou 10 000 marchés." Des discussions sont actuellement en cours.
Le site internet dédié sera opérationnel le 16 février : www.club-achat-public.org