Les opérateurs de l'État sur la piste des économies
Forte du succès des économies réalisées par le Service des achats de l'État, le 9 janvier, la ministre du Budget Valérie Pécresse a lancé le programme Aïda pour réduire le train de vie des opérateurs de l'État. Un projet ambitieux, avec à la clé près de 600 millions d'euros d'économies.
Je m'abonneL'État doit-il être exemplaire ? C'est en tout cas la tâche à laquelle s'attelle (de nouveau) le gouvernement. Après les ministères, c'est donc au tour des opérateurs de l'État de se serrer la ceinture. Ainsi, devant un parterre d'opérateurs de l’État réunis le 9 janvier au siège du ministère des Finances de Bercy, Valérie Pécresse, ministre du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État, a lancé le programme Aïda. Un programme ambitieux pour réduire les dépenses des quelque 70 opérateurs de l'État.
La ministre du Budget souligne le fait que « ce sont non seulement des économies, mais surtout un levier de modernisation des organisations ». La ministre a également cherché à rassurer, en rappelant il s’agit de faire « baisser les dépenses de fonctionnement sans altérer les moyens ».
Près de 40 établissements publics se sont organisés en groupes de travail pour étudier à la loupe dix segments d’achats(1). Ces dix familles d’achats représentant près de 50 % des dépenses des opérateurs de l’État. Les travaux de ces groupes ont été présentés au cours de la matinée. Périmètre d’intervention, méthodologie, gains estimés et/ou réalisés, bonnes pratiques, tout a été analysé et discuté. L’occasion pour les opérateurs d’échanger sur le sujet. « Les bonnes pratiques observées ont permis d'identifier des leviers connus, mais encore suffisamment ou inégalement mis en œuvre : standardisation des besoins, partage d'expertise… », a résumé Valérie Pécresse.
Forte du succès des 500 millions d’euros déjà économisés dès 2011 par le Service des achats de l’État sur trois ans, la ministre espère « atteindre le milliard à l’horizon 2013 ». Elle salue la méthode rigoureuse du SAE et son « passage au crible de près de 600 millions et demi de dépenses courantes ». Ainsi, le SAE a passé quatre accords-cadres sur les marchés et a réalisé d'importantes économies dans les domaines de l'informatique, des prestations immobilières, des prestations intellectuelles et des fournitures. À titre d’exemple, environ 60 millions d’économies ont été réalisées sur le parc des imprimantes, soit 23 % d’économies ou encore 7 millions d’euros sur la téléphonie mobile (60 %). Cette « position de force » vis-à-vis des prestataires, selon les mots de la ministre, a permis également de dégager 100 millions d’euros d’économies en réduisant le parc automobile de 15 % grâce à la suppression de 6 500 véhicules.
« La démarche achats de l’État ne doit pas se faire au détriment des PME. La massification des achats ne doit pas les exclure des marchés publics », plaide Valérie Pécresse. Elle souligne le fait que le SAE « accompagne les PME » et le fait que l’État a signé à ce titre le Pacte PME et a adhéré au Réseau de la commande publique, mais également à la médiation interentreprise. Le “recours aux allotissements” est une piste de réflexion pour l'accès des PME aux marchés de grande ampleur. Ainsi, en 2011, des marchés d’entretien des appareils de chauffage climatisation passés dans sept régions ont été divisés en 44 lots. Sur ces 44 lots, 20 ont ainsi été attribués à des PME.
La ministre annonce la couleur : « L’objectif affiché est de 10 % de gains d’ici 2014, soit 600 millions d’euros toutes branches confondues. » Pour ce faire, un responsable achats sera nommé dans chaque établissement à un “échelon décisionnel”, sous les ordres d’un directeur administratif et financier ou de la direction générale.
Ce responsable achats devra présenter un plan d’action d’achats annuel avec des actions chiffrées. Il devra également faire une présentation annuelle au conseil d’administration. Parallèlement, trois groupements de professionnalisation des achats vont voir le jour : un sur les achats scientifiques, un autre sur les culturels, et enfin un sur les achats généraux.
(1) Prestations informatiques, abonnements, entretien immobilier, matériel de recherche, PC en coût complet, travaux de construction, consommables scientifiques, assurances, affranchissement, déplacements.