Les constructeurs réduisent leur facture énergétique
L'environnement est devenu un critère d'achat à part entière, y compris pour les ordinateurs de bureau, PC portables et les imprimantes multifonctions. Cette donnée n'a pas échappé aux constructeurs.
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Eco-conception, recyclabilité des produits, économies d'énergie. Voici les trois axes que les fabricants de matériel bureautique développent pour servir leurs stratégies environnementales. De là à évoquer l'apparition de produits «verts» sur le marché, il y n'a qu'un pas que leurs porte-parole ne franchissent pas. «Depuis 1992, HP a entrepris une démarche d'éco-conception afin de réduire l'impact de ses produits sur l'environnement. Mais, dans notre secteur d'activité, les produits véritablement verts n'existent pas», reconnaît Pierre Sicsic, responsable environnement chez HP. Les acheteurs peuvent néanmoins se référer aux nombreux labels existants, en différenciant les labels créés par les constructeurs de ceux gérés par des organismes indépendants. Par exemple, Epson a créé son propre label développement durable, baptisé «Ecology Label Epson». Ce programme concerne les imprimantes laser et jet d'encre, les scanners et les projecteurs. Autre exemple: Oki Printing Solutions édite sa propre charte pour l'environnement et «investit trois milliards de yens (18 millions d'euros, NDLR) par an dans le développement durable», déclare Tristan Frances, chef de produit chez Oki. Les constructeurs se sont donc mis en ordre de marche pour assainir leurs process de fabrication et proposer des produits moins consommateurs d'énergie.
EnergyStar, le critère minimum d'achat
C ré é par l'agence américaine de protection de l'environnement (l'EPA, Environnemental Protection Agency), le label EnergyStar vise à améliorer la performance énergétique des produits. Il s'est imposé en Europe, et notamment en France où il représente «un critère minimum d'achat», selon l'expression de Pierre Sicsic (HP). L'EPA révise régulièrement ses exigences, encourageant les fabricants à améliorer sans cesse leurs performances. Un produit labellisé par une version peut ne plus l'être par la suivante. Par exemple, en juillet 2007, l'EPA a renforcé les critères d'évaluation des économies d'énergie: le label Energy Star V.4.0, qui concerne les ordinateurs, impose à l'alimentation un rendement de 80%, soit 20% de plus qu'un PC traditionnel. En un an, HP a dû faire évoluer son off re pour passer de seulement quelques produits certifiés en 2007 à une soixantaine de références désormais conformes. Lorsque la version 5 sortira en 2009, le fabricant se retrouvera de nouveau à la case départ. En matière d'impression, le label Energy Star 1.0 (avril 2007) exige notamment que les imprimantes, copieurs et multifonctions disposent d'une unité d'impression recto-verso (R/V), ce qui permet de diminuer la consommation de papier. Ainsi, les appareils couleur imprimant de 20 à 39 pages par minute (ppm) doivent au moins disposer d'une unité d'impression R/ V en option. A partir de 40 PPM, l'unité d'impression R/V doit être disponible en standard. Pour les appareils mono chromes imprimant de 25 à 44 ppm, une unité d'impression R/V doit être disponible au moins en option, et à partir de 45 PPM, en standard.
L'écran sans mercure du nouveau ThinkPad X300 de Lenovo répond aux normes européennes RoHS (Reduction of hazardous substances) qui restreignent l'utilisation de substances dangereuses dans les équipements à électriques et électroniques.
Jean-Pierre Exposito, Canon
« Nous mettons à disposition des entreprises des boîtes spéciales pour récupérer leurs consommables. »
Des labels élitistes
L'Electronic Product Environmental Assessment Tool (EPEAT) est également un label reconnu au niveau international. Il présente plusieurs niveaux de certification: bronze, silver et gold. Chaque niveau correspond à une proportion de critères conformes aux prescriptions défi nies par l'EPEAT. Ce dernier recense en effet 23 critères obligatoires et 28 optionnels classés en catégories: élimination des substances dangereuses, choix des composants, fi n de vie du matériel, etc. Dell a ainsi reçu, fi n juin, la certification gold grâce aux systèmes d'alimentation de ses serveurs. D'ailleurs, ces nouvelles alimentations électriques s'alignent avec une année d'avance sur les objectifs fixés pour les serveurs par la «Climate Savers Computing Intiative» prévue pour juillet 2009. Ces mesures préconisent en particulier un niveau d'efficacité d'au moins 92% pour une alimentation à un niveau de production de 50%. Dell propose par ailleurs des ordinateurs fixes intégrant un système d'alimentation certifié 80PLUS Silver qui sont jusqu'à 8% plus efficaces que celles requises par la norme Energy Star 4.0.
Souvent qualifié d'élitiste, le label allemand Blue Angel impose pas moins de 17 critères ayant trait à l'environnement et à la santé. Il fait autorité en matière d'éco-construction des produits. Il balaye, entre autres, le design et l'emballage recyclable des produits, la capacité de la machine à utiliser du papier recyclé, le programme de récupération des consommables, la gestion des pièces détachées, la limitation de l'emploi de matières dangereuses dans la production des matériels, la maîtrise de la nuisance sonore, la limitation de la consommation d'énergie, etc. Depuis 2007, une seule version de Blue Angel (la RAL-UZ-122) couvre le champ de la bureautique.
Si le pouvoir et l'utilité des labels ne sont plus à démontrer, les entreprises ont aussi leur part de responsabilité.
«Lorsqu'une entreprise lance un appel d'offres, la direction achats doit considérer à la fois le budget consacré au matériel et ses critères d'achats durables, mais aussi le budget de fonctionnement qui en découle», rappelle Alain Seigne, chef de produit chez Fujitsu Siemens. Le constructeur propose ainsi un programme sur son site internet pour calculer la facture énergétique de l'entreprise à partir de données simples comme le nombre d'ordinateurs, le nombre d'heures de fonctionnement, les heures d'arrêt ainsi que les jours d'utilisation. «Il s'agit d'un outil d'aide à la décision efficace, commente Alain Seigne, car les acheteurs découvrent alors qu'écologie rime avec économie.» Le constructeur qui, depuis la joint-venture entre Fujitsu et Siemens, s'est attaché à fabriquer des ordinateurs dotés d'une sortie d'alimentation sur l'écran, s'enorgueillit des économies d'énergie qu'il fait réaliser à ses clients grâce à ce simple équipement. Car, dans les entreprises, les utilisateurs éteignent souvent leur unité centrale sans penser à éteindre l'écran. A la rentrée, de nouveaux moniteurs seront commercialisés qui ne consomment aucun watt en mode veille. Ces petites astuces favorisent les économies.
Au-delà des labels
Autre sujet sensible: les impressions. «Aujourd'hui, le principal facteur issu des équipements bureautiques ayant un impact sur l'environnement est le papier», souffle Domi nique Ortoli, responsable des programmes environnementaux chez Lexmark France. Les principaux résultats de l'observatoire Ipsos réalisé pour le compte de Lexmark dans 13 pays européens indiquent que les salariés interrogés sont convaincus de pouvoir baisser leur consommation de papier sans incidence sur leur productivité. Cependant, ils impriment encore en moyenne 22 pages par jour en Suède, 28 en France, 36 en Allemagne et 41 en Espagne. Un plus grand engagement des directions générales envers leurs salariés pourrait améliorer cette situation.
Fort de ce constat, le constructeur s'est donc rapproché des industriels du secteur de la papeterie pour mener des actions conjointes. «Nous avons ainsi défi ni des critères afin d'orienter nos clients vers des papiers plus verts», confie Dominique Ortoli (Lexmark). Trois pistes sont ainsi suggérées: en premier lieu, le choix d'une fibre provenant d'une forêt gérée durablement (labels FSC/ PEFC); ensuite, privilégier une chaîne de valeur reconnue ou certifiée ISO 14001/EMAS; et enfin acheter un papier bénéficiant d'un écocolabel (e-Flower, BlueAngel ou Swan).
Eric Fournier, chef du service informatique, Lea Nature
Ces dernières années, la gestion des consommables s'est également invitée au coeur des préoccupations durables des entreprises. La récupération des déchets est ainsi devenue un service standard. Les principaux constructeurs du marché, réunis au sein du Conibi (Consortium industriel, bureautique et informatique, NDLR), proposent désormais d'installer dans les entreprises des boîtes spécifiques, appelées éco-box, pour recueillir les consommables usagers. «Les boîtes sont triées par marque et par type de consommable, avant d'être acheminées vers un centre de traitement», explique Jean-Pierre Exposito, chef de service norme et environnement de Canon. Un service entière ment gratuit pour les entreprises.
zoom
Trois réglementations à la loupe
DEEE. Depuis 2005, une directive européenne impose le recyclage ou l'élimination des déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE). Dans l'univers professionnel, il s'agit principalement des équipements informatiques et télécoms. La nature de ces déchets est très variée: métaux ferreux et non ferreux, verre, plastique, plomb, baryum, phosphore, béryllium, etc. Dans les entreprises, les fabricants sont tenus, en principe, de prendre en charge l'organisation et le financement de l'élimination des DEEE, en mettant en place un dispositif d'enlèvement et de traitement des DEEE.
RoHS. L'Union européenne restreint depuis 2006 l'utilisation de certaines substances dans la fabrication d'équipements électriques et électroniques. Il s'agit du plomb, du mercure, du cadmium, du chrome hexavalent, des polybromobiphényles et des polybromodiphényléthers. Comme pour les DEEE, cette réglementation concerne principalement les équipements informatiques et télécoms des entreprises. RoHS est l'abréviation en anglais de «Restriction of the use of certain Hazardous Substances in electrical and electronic equipement».
REACH. L'utilisation de produits chimiques dans la fabrication d'appareils bureautiques est soumise à une autorisation préalable depuis l'entrée en vigueur de la directive REACH («Registration, evaluation and autorisation of chemicals») en juin 2007. L'objectif de ce règlement est de supprimer d'ici à 2018 les substances chimiques les plus dangereuses pour la santé humaine et l'environnement. Cette nouvelle réglementation concerne les productions de substances chimiques supérieures à une tonne, soit plus de 30 000 produits sur les 100 000 actuellement utilisés en Europe.
Témoignage
«Nos achats sont cohérents avec notre philosophie»
Le Groupe Lea Nature fabrique et distribue des produits naturels bios dédiés à la santé et au bien-être. «Notre philosophie implique que nous achetions nous-mêmes des produits respectueux de l'environnement», explique Eric Fournier, chef du service informatique. Lors de l'achat d'une centaine de Tablets PC pour équiper la force de vente mobile du groupe, il y a deux ans, Eric Fournier s'est naturellement tourné vers un constructeur communiquant sur cette thématique. «Fujitsu Siemens nous a présenté sa stratégie environnementale. A l'époque, le développement durable était moins à la mode qu'aujourd'hui», témoigne- t-il. Deux arguments ont fait mouche: les efforts du fabricant pour limiter l'utilisation de composants toxiques dans la production des matériels et les procédures de recyclages mises en oeuvre. «Le constructeur proposait de récupérer les produits en fi n de vie pour les recycler. Cette perspective nous a séduits», indique Eric Four- nier. Une autre mesure a retenu l'attention de ce dernier: le recyclage des emballages. Fujitsu Siemens n'utilise en effet que du carton ondulé plutôt que du plastique. «Nous avons obtenu la garantie que tous les emballages seraient recyclés une fois les produits livrés», se félicite Eric Fournier. Une prestation qui a définitivement convaincu le responsable du service informatique.
Lea Nature
ACTIVITE
Fabricant et distributeur de produits bios
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
130 millions d'euros
EFFECTIF
550 c ollaborateurs