Les achats se penchent sur la formation
La formation professionnelle, chasse gardée habituelle des services RH, devient le nouveau terrain d'expertise des acheteurs publics. Ces derniers peuvent apporter leurs compétences en matière de rationalisation des budgets et de négociation avec les fournisseurs.
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Savoir lire les comptes d'une association, maîtriser la comptabilité publique, piloter un comité d'hygiène et sécurité ou encore manager une équipe: autant d'apprentissages qui peuvent aujourd'hui se retrouver dans les catalogues de formation des collectivités. Encore faut-il savoir comment constituer ces derniers pour répondre le plus largement possible aux besoins des agents. Certes, dans les entreprises, c'est habituellement le service RH, chargé de définir les plans de formation en fonction des besoins à venir, qui s'en occupe. Mais dans certaines organisations, le service achats peut désormais déclencher des appels d'offres en la matière. Un travail qu'il mène généralement main dans la main avec la DRH de l'entreprise. L'objectif d'un tel partenariat: optimiser l'offre au sein des catalogues de formation pour mieux maîtriser les coûts en la matière. Selon Sylvestre Perrault, responsable du département service public chez Demos, organisme de formation professionnelle, « les collectivités délèguent de plus en plus cette tâche aux services achats, car ces derniers ont davantage l'expertise pour clarifier le cahier des charges, rationaliser les budgets et négocier les formations en termes financiers. Bref, il s'agit d'une toute autre démarche que celle privilégiée par les RH seules. » Signe que les acheteurs publics interviennent de plus en plus dans ce domaine, le service achats de la Mairie de Paris ainsi que celui de l'Etat (SAE) deviennent des interlocuteurs récurrents auprès de Demos pour des requêtes propres à cette famille d'achats, confie Sylvestre Perrault.
Objectif: concurrencer le CNFPT
Même constat chez Cegos, où la plupart des demandes de formations des collectivités passent par des appels d'offres pilotés par le service achats des établissements. « La connaissance des modules d'apprentissage, des qualifi cations requises pour être formateur et du prix des formations constituent généralement les critères de choix fondamentaux », indique Benoît Pommeret, responsable de gammes de formations dédiées notamment au service public chez Cegos. Et de rappeler: « Les besoins exprimés par les collectivités en matière de formation s'apparentent de plus en plus à ceux du privé. Elles exigent ainsi des formations dédiées au management, à l'accompagnement du changement. » Lors du choix de leur prestataire, les collectivités cherchent surtout à mettre en concurrence les principaux acteurs existants sur la qualité et le nombre de services proposés, sans oublier la problématique de coûts, rappelant ainsi les techniques utilisées dans le privé. « Les collectivités calquent désormais leur mode de fonctionnement en interne sur celui du privé, car elles ont des objectif de rentabilité de plus en plus importants. D'une manière générale, la création de services achats au sein des organismes publics illustre largement ce phénomène », explique Benoît Pommeret (Cegos). Conscient de cette nouvelle configuration, Cegos a mis en place une gamme de formations adaptées spécifiquement aux besoins des organisations publiques. L'objectif étant de constituer, in fi ne, un catalogue. Non négligeable, ce marché pèse d'ailleurs entre 4 et 5 millions d'euros, soit près de 30 % du chiffre d'affaires de l'organisme de formation. Pour pousser cette démarche plus loin encore, Cegos a ouvert, il y a un an à peine, un poste de commercial consacré exclusivement au démarchage de la fonction publique et des collectivités. L'objectif: « Se faire connaître des services achats et des responsables de formation pour leur montrer notre légitimité sur les terrains qui les intéressent », précise Benoît Pommeret. Une initiative qui permettra peut-être à Cegos de mieux s'imposer face à des acteurs de référence sur le marché de la formation dédiée au secteur public, à l'instar du CNFPT (Centre national de la fonction publique territoriale). D'autant que selon Benoît Pommeret, ces organismes classiques « ne couvrent pas aujourd'hui l'ensemble des besoins des collectivités en matière de formation. » Reste à savoir si cet argument sera suffisant pour détourner les collectivités de ces centres de formation traditionnels.
Benoît Pommeret, Cegos
En matière d'achat de formation, les collectivités calquent désormais leur mode de fonctionnement en interne sur ceux du privé.