Les travel managers doivent-ils craindre Prism ?
Des données globales, vieilles d'un mois
Il convient ici de préciser que Prism affirme ne pas être intéressé par les données individuelles mais uniquement globales. En outre, il ne les collecte pas en temps réel mais avec un décalage d'un mois. Un délai qui permet d'enrayer au moins une crainte. "Aucun voyageur ne peut être kidnappé", ironise Xavier Quesnel Djedid, travel manager pour Quiksilver Europe. Prism, il connaît bien, ayant longtemps travaillé en agence de voyages, où il gérait les comptes de clients corporate - certains ayant déjà des contrats impliquant le groupe américain - avant de prendre ses fonctions chez l'équipementier sportif. Ce qui l'a finalement amené à faire personnellement l'expérience de Prism, à la demande expresse d'une compagnie aérienne.
"Soit vous transmettez vos données à Prism, soit vous payez plein tarif"
Si nombreux travel managers déplorent le chantage qui leur est de plus en plus souvent fait par les compagnies aériennes ("Soit vous transmettez vos données à Prism, soit vous payez plein tarif ou - voire même - soit vous transmettez vos données à Prism, soit vous allez voir ailleurs...") le collaborateur de Quiksilver a alors fait abstraction de la méthode, et cru trouver son compte dans la proposition. Contractuellement, la compagnie aérienne en question devait lui fournir régulièrement les données consolidées fournies par Prism. Un engagement qui n'a pas été tenu. En signe de mécontentement, le travel manager lésé a cessé de fournir ses données. C'était il y a deux ans. "Outre Prism, personne ne semble n'avoir remarqué", indique-t-il. Son explication ? De l'aveu de certains de ses prestataires, les compagnies aériennes françaises ne sauraient même pas à quoi sert Prism qui, dès lors, fait figure de lubie imposée par un siège aux pratiques et process distants. "C'est dommage, car la restitution des données m'intéressait", regrette Xavier Quesnel Djedid, achevant un portrait - complexe - d'une solution qui n'a pas fini de faire parler d'elle.
Traiter en direct avec Prism
Contractualiser directement avec Prism ? C'est possible pour les très (très) grosses entreprises, affirme le vice-président du groupe pour la zone Europe, Moyen Orient et Afrique Herman Mensink. Et d'évoquer le cas d'une multinationale qui a signé un contrat concernant 53 pays - sur lesquels le groupe américain lui fournit de la data consolidée concernant ses déplacements. Un outil stratégique qui permet à l'entreprise de mieux piloter sa stratégie travel - et de mettre en place des actions correctives. "Là résiderait tout intérêt de Prism pour les entreprises" affirme Xavier Quesnel Djedid, travel manager de Quiksilver Europe. Contraint de s'exprimer au conditionnel, faute de gérer un volume suffisant pour pouvoir traiter en direct avec Prism. Un point important pour ceux qui, à l'inverse, sont concernés par cette possibilité : "L'entreprise reste libre de voyager avec une compagnie aérienne qui n'est pas cliente de Prism" insiste Herman Mensink.
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