Rendre les déplacements simples et sûrs
Une meilleure expérience utilisateur permettra sans doute de pousser les collaborateurs au déplacement. Mais actuellement, les innovations qui apportent de la simplicité sont surtout réservées aux postes de coûts principaux des voyages comme l'aérien, l'hôtellerie. "Toutes les dépenses ne sont pas interfaçables avec une solution de paiement centralisée, à l'image du café que l'on prend au coin d'une rue. Dans de tels cas, le paiement mobile et les solutions comme Google Pay et Apple Pay sont adaptées et viennent compléter les services disponibles", poursuit-il. Les jeunes générations de travailleurs poussent également les développements allant dans ce sens. Les résultats des travaux de l'Observatoire Afterbanking Juin 2020, menés en partenariat avec l'institut OpinionWay, montrent que 20% des Français ont déjà payé avec leur smartphone, et environ 10% le font régulièrement. Chez les 25-34 ans, 31% ont déjà utilisé le smartphone pour des achats en magasin. Pour Jean-Christophe Lacour, "La génération Z a moins de réticences. Elle est même en demande sur le sujet des paiements invisibles qu'elle pratique dans le privé avec Uber, Netflix... Ce type d'innovations représente dès lors un vrai levier d'attractivité et de fidélisation."
Si la carte bancaire est toujours un outil universel, les voyageurs souhaitent avoir davantage de choix en termes de paiement. Les wallets comme AliPay, Apple Pay, Google Pay se développent très fortement. Il s'agit de pouvoir utiliser dans la sphère professionnelle des méthodes de paiement connues au quotidien, dans la vie privée. "Des offres innovantes comme celle de Mooncard s'avèrent pertinentes, car elle propose à la fois le volet moyens de paiement de façon simplifiée et la gestion de notes de frais associée, avec des possibilités de paramétrage extrêmement variées : telle catégorie de voyageurs peut par exemple se voir autoriser 200 euros de restaurants par mois", illustre Christophe Drezet. Les innovations proposées par les nouveaux acteurs, dont Expensya, incitent les acteurs historiques à se remettre en question.
Une stratégie difficile à définir
Si l'adoption des paiements centralisés semble aller dans le sens de l'histoire, leur mise en oeuvre se heurte à quelques écueils. Jean-Christophe Lacour constate "les difficultés manifestes des entreprises quant à l'instauration d'une vraie stratégie relative dans ce domaine. Il faut aller au-delà du simple paiement, en faire un outil stratégique, un levier d'efficacité. Il s'agit aussi d'être transparent par rapport à ce qui peut être perçu comme des coûts cachés. Les clients finaux veulent comprendre la nature exacte de leurs engagements." La dispersion des données issues de différents canaux de paiements constitue un autre problème, en particulier avec la pratique du BYOD (Bring your own device). "Les entreprises laissent aux salariés le choix de l'utilisation de leur ordinateur, smartphone, ou autres. Mais connecter tous ses outils et les mettre en relation avec les ERP dans l'entreprise pose bien des soucis. L'un va utiliser le paiement par mobile, l'autre par carte bancaire, l'autre par carte logée, sans compter la partie qui est gérée par paiements centralisés", note Sébastien Marchon.
Les entreprises proposent de plus en plus d'API permettant de se connecter à d'autres outils pour faire circuler l'information. Par exemple, la plateforme de Rydoo est reliée à l'API de Uber, si bien que lorsque le voyageur utilise son smartphone personnel, mais en indiquant que son déplacement a une visée professionnelle, les frais sont automatiquement remontés au sein de l'entreprise. Dans ce contexte, Nicole Flory plaide pour une solution unique visant à agréger l'ensemble des données (carte virtuelle, logée, corporate...) : "C'est l'avenir. La facilité d'intégration des données et outils au niveau des ERP et de l'organisation technologique en place est déterminante."
Focus - Un effet accélérateur nommé Covid
En avril 2020, alors que le confinement était devenu la règle dans l'essentiel de l'Europe en raison de la pandémie de Covid-19, le pourcentage de paiements par carte Visa sans contact atteignait 70%. 74% des Français déclaraient au début de l'été privilégier désormais le mode "sans contact". Pour Nicole Flory, "nous vivons depuis quelques mois une phase d'accélération du changement. Visa veut s'adapter pour aider à l'accélération du paiement en ligne. Au Royaume-Uni, 34% des utilisateurs annoncent préférer faire des paiements en ligne, et cette tendance s'étend internationalement. Les achats de façon générale tendent également à se digitaliser dans les entreprises." Avec le contexte relatif à la Covid, on observe un essor dans plusieurs domaines qui ne demandaient qu'à croître, à l'image du paiement sans contact. "Il existe une dynamique nouvelle dans laquelle le flex-office se développe, les achats sur Internet s'accélèrent, ainsi que l'adoption de solutions virtuelles de manière générale, dans un cadre toujours plus sécurisé et plus paramétrable. La carte virtuelle s'inscrit dans cette tendance", constate Christophe Drezet.
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