L'Ademe et France Supply Chain créateurs de nouvelles supply chains ?
Rigides, gourmandes en ressources, lentes à intégrer les enjeux environnementaux, les chaînes d'approvisionnement traditionnelles montrent leurs limites. Pour y remédier, l'Ademe et France Supply Chain s'allient avec un objectif. À la clé, des modèles plus sobres, circulaires et robustes.

Chaînes d'approvisionnement encore fragiles, décarbonation qui peine à s'imposer... La logistique est à la traîne, alors que la France vise la neutralité carbone et veut diviser par deux sa consommation de matières premières vierges d'ici 2050. Une alliance entre l'Ademe et France Supply Chain nait dans ce contexte.
Le 3 avril dernier, les deux acteurs ont signé une lettre d'intention pour bâtir ensemble des modèles logistiques à la fois plus sobres, plus circulaires et plus résilients. Objectif : replacer l'environnement, mais aussi le social, au coeur des décisions logistiques. Deux concepts émergents de ce rapprochement : la slow logistique, qui invite à ralentir et repenser les flux, et la supply chain circulaire, qui mise sur l'allongement de la durée de vie des matériaux et des produits.
Des ambitions hautes face à une triste réalité
Une étude publiée le 19 mars par France Supply Chain et Sopra Steria Next enfonce le clou. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : seulement 23 % des entreprises logistiques atteignent un niveau de résilience " avancé ". Aucune ne touche le niveau maximal. Plus préoccupant encore ? À peine 27 % des acteurs interrogés tiennent compte de l'empreinte carbone dans leurs décisions opérationnelles. Le reste avance à l'aveugle. Pourtant, le signal est clair. Sans une réinvention profonde des chaînes logistiques, le risque de blocages systémiques est réel, et avec lui, celui de voir la transition écologique dérailler.
En face, les ambitions de l'Ademe sont claires : passer de 20 à 10 tonnes de matières premières vierges consommées par habitant d'ici 2050, et enclencher une vraie décarbonation. Sauf que sans transformation en profondeur des chaînes logistiques, ces objectifs risquent de rester des slogans.
Place à la slow logistique et à la circularité
L'enjeu est de taille : repenser le modèle logistique de fond en comble. En ligne de mire, l'introduction de deux concepts encore émergents mais porteurs. En premier temps, la slow logistique prend le contrepied de l'ultra-rapidité pour remettre du sens, du social et de l'environnement dans les flux. Après, la supply chain circulaire, qui pousse à exploiter les ressources et les marchandises le plus longtemps possible.
Ce que veulent l'Ademe et France Supply Chain ? Poser des indicateurs stratégiques, proposer des recommandations publiques, mais aussi faire émerger des modèles concrets, testés sur le terrain. L'idée n'est pas de réécrire un énième rapport, mais de préparer l'économie à encaisser les chocs à venir tout en tenant les objectifs climatiques.
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