Quand les directions achats changent le monde
La concertation, en faveur du développement durable
Chez McDonalds, fin 1990, début des années 2000, l'accent avait d'abord été mis sur le sujet de la traçabilité alimentaire, que ce soit pour la viande ou le blé. Depuis 2009, le cahier des charges de la marque a pris en compte une stratégie agro écologique. Ainsi "entre 2010 et 2020, nous avons pour objectif de faire baisser le taux d'émissions de gaz à effet de serre global de 20%".
McDonald's a testé cinquante bonnes pratiques environnementales sur trente fermes entre 2010 et 2015. Désormais, elles s'appliquent à l'ensemble de ses fournisseurs. En ce qui concerne le blé, certaines sont obligatoires, alors que pour d'autres, une latitude est laissée aux producteurs, selon qu'ils se trouvent dans la Beauce, dans le Gers, ou de la Vallée du Rhône. "Mais tout ceci repose sur une démarche de concertation, explique Rémi Rocca, nous l'avons construit avec les coopératives, les industriels, les représentants des produits phytosanitaires, l'INRA..."
Ce qui fait dire à Didier Livio "Pour faire évoluer une filière comme McDonalds avec le blé, ou Intermarché avec la pêche par exemple, il faut ouvrir les négociations à d'autres partenaires que les fournisseurs, c'est-à-dire à des ONG, voire des entreprises concurrentes mais intéressées elles aussi par le développement durable."
La transformation de la filière déchets
Cette rencontre entre achats, qualité et innovation peut changer la donne en ce qui concerne la production, mais aussi la gestion des déchets. Par exemple, McDonald's récolte depuis dix ans les 7000 tonnes d'huile usagée que produit ses restaurants, avec comme objectif, à terme "de faire fonctionner nos camions avec cette huile transformée en carburant", rêve Rémi Rocca. McDonald's recycle aussi tous les cartons de ses restaurants. "Ce sont les camions qui nous livrent qui repartent avec les cartons", révèle-t-il.
Mais s'il est une entreprise qui est actuellement en train de faire évoluer la façon dont les déchets sont récoltés et recyclés en France, c'est bien Nespresso. Même si les capsules Nespresso étaient bien récoltées, il était jusqu'à récemment impossible de les recycler et de les valoriser. Tout simplement parce qu'elles sont trop petites et passaient dans les trous des tapis de tri dans les centres de recyclage. Elles étaient donc ramassées et brûlées pour devenir notamment du mâchefer.
L'entreprise, conseillée par Deloitte et Didier Livio, a alors eu l'idée d'équiper des centres de tri de séparateurs Foucault, afin d'aimanter ces capsules insaisissables autrement. Et ça marche, puisqu'en trentaine de centres ont été équipés, surtout dans le Sud de la France. Là encore la concertation a été primordiale, puisque Nespresso s'est entendu avec les acteurs du tri et les collectivités publiques pour financer l'achat des machines. Mieux, le groupe a créé un fonds de dotation. "Nespresso abonde de 300 euros la tonne l'aluminium ainsi récolté, qui est de plus vendu par les centres de tri", explique Didier Livio. Qui a dit que les décideurs achats ne pouvaient pas changer le monde ?
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