Lorsque vous parlez de vos fournisseurs dans les pays à risque, vous parlez de toute la chaîne?
Ces audits concernent les fournisseurs et sous-traitants de rang 1. Les fournisseurs sont également questionnés sur leur propre supply chain. Afin de limiter les risques, nous utilisons plutôt des top tiers fournisseurs. Nous sélectionnons nos usines très précautionneusement. Mais il convient de relativiser : les achats hors frontières ne représentent que 5% de nos dépenses.
Par exemple, en France, l'essentiel de nos achats est réalisé à l'échelle régionale des chantiers ou nationalement : 75% des achats sont réalisés dans la région où se situe le projet, les 20% suivants sont réalisés avec des fournisseurs basés en France. L'essentiel de nos achats est donc fait avec des entreprises (souvent des PME) issues du tissu économique local. Pour nos projets internationaux, nous accompagnons également le tissu économique local et les directeurs généraux de filiales sont très sensibles à promouvoir les entreprises nationales. C'est aussi un argument commercial fort.
Revenons un instant sur la RSE et notamment sur une question très actuelle, celle des emballages et de leur réduction. Est-ce un sujet pour vous ?
Lorsque nous signons des contrats contrats cadres, nous sommes très vigilants sur cette question. Nous incitons nos fournisseurs à réduire au maximum les emballages, voire les sur-emballages des produits livrés sur nos chantiers. Au travers de démarches menées sur notre supply chain, nous contribuons aussi à les réduire en amont. Nous expérimentons par exemple une opération de palettisation avec des prestataires logisticiens. Ils sont chargés de constituer des palettes de produits dédiés à chaque chantier afin que les ouvriers disposent, sur leur opération, à pied d'oeuvre, l'ensemble des produits nécessaires à leur journée de travail. Un compagnon qui équipe une salle de bain va ainsi retrouver, sur une palette, le lavabo, un robinet, les toilettes, un meuble, et l'ensemble des accessoires. Cette palettisation, réalisée hors site, nous permet de réduire le nombre de livraisons, le nombre de camions sur la route, facilite la logistique intra-chantier et nous permet de limiter les déchets.
Comment gérez-vous/ anticipez-vous le risque de pénurie de certaines ressources ?
Nous misons sur l'innovation et l'économie circulaire. Nous essayons de trouver des matériaux soit biosourcés, soit à vocation environnementale positive. Bouygues Construction a signé en juillet 2019 un partenariat avec une entreprise vendéenne pour développer un ciment bas carbone. C'est le résultat d'une action conjuguée d'une acheteuse et d'un responsable R&D qui a permis d'identifier cette PME innovante qui développe ce nouveau produit, créé à partir de résidus de déchets de l'industrie, dont la fabrication ne nécessite pas, contrairement à celle du ciment classique, la combustion de clinker (la matière première du ciment). Cette combustion est très gourmande en énergie. Ce nouveau ciment présente une empreinte carbone 5 fois inférieure à un ciment traditionnel. Cette démarche mixte entre innovation et RSE nous permet de proposer à nos clients des ouvrages moins consommateurs d'énergie fossiles et plus vertueux. C'est aujourd'hui une véritable attente des maîtres d'ouvrage.
Lire la suite en page 3 : Quête de l'innovation - Pénurie de ressource -Economie circulaire
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