Vers la digitalisation du processus stratégique des achats
"Sur les processus transactionnels (purchase to pay), les directions achats se sentent matures et veulent donc investir sur le processus plus stratégique du métier", estime Isabelle Carradine de Pwc. Mais d'une façon générale l'étude révèle une plus grande automatisation des transactions : sourcing et purchase to pay. Dans le détail, 35% des directeurs achats interrogées ont digitalisé leurs processus transactionnels et 19% ont transformé leurs processus stratégiques.
Ces solutions traditionnelles d'automatisation des processus amont et aval ont un impact très positif sur l'efficacité des transactions. Et les fonctions achats les considèrent comme la première étape à franchir avant de mettre en oeuvre des leviers digitaux plus sophistiqués et à plus forte valeur ajoutée, selon Pwc.
Enfin, la robotisation (ou Robotic Process Automation) permet d'automatiser les tâches redondantes comme la création d'un fournisseur, d'une demande d'achat, d'un appel d'offres, de l'envoi d'invitations aux fournisseurs ou d'une saisie de facture. C'est ce qu'a fait notamment un grand groupe du secteur de la construction qui utilise un robot pour sa comptabilité fournisseurs afin de réduire ses écarts de facturation après avoir remarqué des différences qui pouvaient dépasser les 90% avec des prestataires comme Loxam ou Kiloutou.
L'intelligence artificielle : l'avenir de l'acheteur digital
L'intelligence artificielle devient un véritable partenaire de l'acheteur. Une vision que partage Isabelle Carradine de Pwc qui voit en l'IA le principal levier digital du futur de l'acheteur : "l'IA est la canne de l'acheteur. L'Intelligence artificielle permet de produire des rapports écrits en langage naturel."
Les usages peuvent être nombreux mais finalement assez spécifiques à chaque secteur d'activité, voire spécifiques à des familles d'achats. On peut citer quelques usages : l'analyse de marché fournisseurs, la gestion dynamique des risques contrats, risques fournisseurs et risques RSE. Elle permet aussi d'automatiser de manière intelligente et par apprentissage des tâches de nettoyage des données fournisseurs ou articles.
Citons le cas d'un géant de l'aéronautique qui analyse ses contrats grâce à l'IA. "L'outil d'IA va vérifier dans les contrats et les systèmes d'informations que les risques ne soient pas liés à des clauses contractuelles (ex : sur les délais de paiement)", explique Isabelle Carradine de Pwc. Autre secteur, autre exemple : dans la construction, les risques liés à la sous-traitance sont nombreux. " Comment un outil d'intelligence artificielle peut scanner sur internet et dans les systèmes d'informations où sont les risques fournisseurs et quels sont les points de vigilance?", s'interroge Isabelle Carradine. De même, dans le secteur de l'énergie, un groupe qui possède beaucoup de sites industriels en Afrique a identifié un problème de gestion des stocks avec des pièces plusieurs fois répertoriées mais pas de la même façon. Ce qui a pour conséquence une multiplication des stocks inutiles. "Grâce à l'IA, le groupe a réussi à avoir une vision de ces stocks à 360° et un chiffrement de ses pièces détachées avec un objectif à terme : celui de réduire ses stocks", explique le directeur en charge des activités de conseil en achats chez Pwc France et Afrique francophone.
Et celle-ci de conclure : "Il y a une vraie réflexion sur la pré-facturation, les délais de paiement, le statut de suivi de sa facture. La pré-facture est le sujet du moment". Parmi les autres sujets en cours, certaines directions achats réfléchissent déjà à la création de chatbots dans leurs relations fournisseurs.
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles