Enquête : Une fonction achat de plus en plus attractive !
Voici un domaine qui stagne. Au sein de services achats créés pourtant il y a plus de cinq ans (72,3 %) et en charge de la gestion d'un volume d'achats de plus de 100 millions d'euros (37,4 %), les outils et logiciels utilisés datent encore, pour la plupart, de l'âge de pierre. 82,4 % utilisent Excel et 70,6 % les traditionnels ERP.
"Je suis encore stupéfaite de l'utilisation encore massive de logiciels maison (23,5 %), mais c'est en train de changer, observe Muriel Guillemot. Cela va dépendre de la vision et de la stratégie de l'acheteur. S'il comprend qu'il faut dématérialiser pour optimiser les coûts indirects, le changement s'opérera. Mais l'investissement est tellement important que cela nécessite une certaine maturité et être conscient que le ROI ne se fera pas avant cinq ans." Des phases intermédiaires moins coûteuses existent néanmoins, comme le recours aux SRM (11,8 % contre 10 % en 2014).
ROI incertain
En matière de projets Cloud, 52,9 % ont déclaré ne pas avoir engagé de démarche (contre 38,2 % de oui). Pour 46,2 % d'entre eux, il doit s'agir d'un projet de groupe. Si 30,8 % estiment qu'un tel investissement est positif, ils sont 15,4 % à penser qu'il est difficile de définir le ROI. À noter que des craintes persistent concernant la sécurisation des données et dans la localisation de l'emplacement de stockage de ces dernières.
Alors que 35 % des sondés l'an dernier déclaraient n'intégrer aucun critère RSE dans leurs appels d'offres, ils sont aujourd'hui 56,3 % (contre 43,7 %). Net recul, donc, et notamment dans le privé, les acheteurs publics s'étant emparés du dossier sur demande de Bruxelles.
Selon Muriel Guillemot (Demos), "s'il n'y a pas un intérêt même pour l'activité, les acheteurs privés ne le font pas". Cependant, elle estime que pour booster la création de valeur, "l'économie circulaire pourrait permettre de faire bouger les choses". Une préoccupation, pour l'heure, encore embryonnaire, même si certaines initiatives commencent à voir le jour au sein de grands groupes aux process achats matures.
Démarche onéreuse
Un tiers déclarent posséder une certification ISO 26000 et/ou réaliser des audits environnementaux et sociaux chez leurs fournisseurs. Une démarche onéreuse que certains, à l'instar de la direction des achats du groupe Haribo, réalisent pour leurs achats directs, car stratégiques. Le covoiturage pour les déplacements professionnels recule également (près d'un tiers en 2014, 20,4 % cette année) et seulement 14,3 % des sondés disent avoir intégré des véhicules électriques à leur flotte automobile (contre 16 % l'an dernier).
36 % des répondants déclarent avoir choisi les achats avant tout pour la position stratégique de la fonction dans l'entreprise (56,3 % rendent compte directement à la direction générale), puis pour les opportunités de carrière du secteur (32,5 %) et 44,9 % pour le salaire (plus de 45 000 euros pour 32,5 % d'entre eux).
Concernant le variable : "Il est en progression de 2 % par rapport à l'année dernière et toujours inférieur à 50 % (la part variable se situant environ autour de 10-15 % du brut, NDLR). Les KPI sont les clés de ce variable, car ils doivent montrer notre efficacité, à savoir l'optimisation des coûts, et montrer l'efficience de nos démarches de création de valeur et de garantie des risques." Seuls 6,4 % expliquent que devenir acheteur n'était pas vraiment délibéré.
Formation continue
Par ailleurs, une personne interrogée sur deux souhaite progresser hiérarchiquement au sein de son service achats (61,2 % des répondants étant actuellement acheteurs) et seulement 17 % manifestent l'envie de rejoindre une autre fonction dans l'entreprise. 36,4 % des répondants aimeraient en outre prendre en charge d'autres familles d'achats et 24,8 % partir à l'international.
Pour monter en compétences et diversifier leurs missions, 29,1 % ont profité d'une formation continue (37 % en 2014), dont 56,7 % pour renforcer leurs compétences métier (hard skills) et 36,7 % pour développer leurs compétences transverses (soft skills). "Le savoir-être est aujourd'hui aussi important que le savoir-faire", conclut Muriel Guillemot.
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