Bruno Crescent, directeur des achats d'EDF : " L'acheteur doit faire preuve d'humilité et de pédagogie "
Quels sont vos objectifs en matière de réduction de coûts ?
Le groupe met en oeuvre des plans de productivité et la direction achats est challengée sur les gains au niveau des prix, où nous obtenons des résultats très significatifs. Néanmoins, on ne peut procéder à une politique de réduction des coûts pure et dure dans des secteurs stratégiques comme les nôtres (nucléaire, distribution d'électricité...). Surtout dans un groupe comme EDF qui exerce une mission de service public avec de fortes exigences en termes de qualité et de fiabilité. De par le caractère "emblématique" de notre entreprise, nous nous devons d'être tout autant exemplaires en matière de gestion de la relation fournisseur.
Quelle est votre démarche pour favoriser une relation fournisseur exemplaire ?
Je milite pour une collaboration durable, transparente et gagnant-gagnant avec nos partenaires, notamment stratégiques. Car un acheteur responsable doit d'abord s'intéresser au niveau de marge de ses fournisseurs. Pour que tous nos collaborateurs soient convaincus et imprégnés de cette philosophie, j'ai souhaité que nous nous inscrivions, en 2014, dans une démarche de labellisation "Relations fournisseurs responsables". Ce label, délivré par la Médiation inter-entreprises, vise à distinguer les sociétés qui font preuve de relations durables et équilibrées avec leurs fournisseurs, notamment sur le respect des délais de paiement. Voilà une démarche, riche en symbole, largement révélatrice de notre ambition : celle de professionnaliser toujours plus la filière achats d'EDF, dans le respect de ses environnements et écosystèmes.
Comment EDF renforce sa collaboration avec les PME ?
Au regard du cadre juridique et administratif contraint dans lequel nous évoluons, et compte tenu du principe de mise en concurrence, gérer l'équilibre entre grands groupes et PME, entre fournisseurs internationaux et français, est un de nos enjeux premiers. Si les PME représentent désormais pas moins de 20 % de nos achats directs, c'est parce que nous avons su mener, en amont, diverses actions pour favoriser la collaboration avec elles. Ainsi, EDF a été l'un des premiers signataires, en 2005, du Pacte PME, charte d'engagement des grands groupes visant à améliorer les relations avec les petites entreprises. Preuve que la collaboration avec les PME innovantes est également l'une de nos priorités : nous avons organisé, en décembre 2013, avec la direction de la R & D du groupe - et en partenariat avec le Comité Richelieu - un networking auquel ont pris part 125 start-up. De plus, nous avons ouvert, courant 2014, un "guichet" unique on line favorisant l'accès des PME innovantes à nos marchés. Un service clés en main qui les aide à trouver en un clic le bon interlocuteur pour déposer leur offre de services.
Quelle est votre démarche en matière d'achats responsables ?
Elle se structure autour de plusieurs axes. Tout d'abord, la signature d'une "Charte développement durable" avec l'ensemble de nos fournisseurs. Ensuite, la collaboration avec les secteurs protégés et adaptés s'impose comme un levier important, avec un objectif de contractualisation annuel de 500 unités bénéficiaires d'ici à 2015. En 2013, le montant de nos achats solidaires - qui incluent également les commandes aux structures d'insertion par l'activité économique - s'est élevé à 11 millions d'euros. Pour parvenir à un tel objectif, il n'y a pas de recette miracle, si ce n'est conserver, encore une fois, l'humilité, la pédagogie, la générosité et la compréhension nécessaires. C'est ce qui donne toute sa noblesse au métier d'acheteur de notre époque.
Biographie
Bruno Crescent, 64 ans, est diplômé de l'École polytechnique de Lausanne. Il a commencé sa carrière en 1975 au sein d'Elf Aquitaine, où il a occupé les fonctions d'ingénieur commercial, de chef de produits, puis de directeur général du GIE Génétrans. À partir de 1985, il s'est imposé à la tête des achats de diverses entreprises : Calberson, Sceta (filiale de la SNCF) ou encore Lear Automotive. C'est en 2002 qu'il a rejoint EDF comme directeur achats et de l'immobilier. Bruno Crescent est aujourd'hui directeur achats du groupe.
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