Lutte contre la corruption : le retard français
Si la France accuse du retard sur le sujet de la lutte contre la corruption, cela s'explique pour Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises :"En France, on est un pays leader sur la RSE sauf sur la corruption. On a l'impression que si on en parle on est corrompu. Alors que dans le monde anglo-saxon si on en parle c'est qu'on ne veut pas l'être ou montrer qu'on ne l'est pas. Il y a là une différence de culture qui explique ce retard". Et si ce sujet concerne autant les acheteurs, c'est notamment parce que "la corruption, c'est désorganiser l'égalité des chances des fournisseurs".
Ainsi, chez 3M, groupe industriel d'origine américaine évoluant sur 5 marchés (industrie, électronique & énergie, santé, sécurité, grand public), le sujet est à l'ordre du jour depuis longtemps. "La corruption est un sujet trop sérieux pour être laissé uniquement aux acheteurs et donc cela concerne tous les employés ainsi que les parties prenantes", explique Philippe Houbert, Directeur du Développement et de la RSE au sein du groupe 3M . Ainsi, chaque année, l'ensemble des 91 000 salariés du groupe doit signer un code de conformité pour le respect des valeurs de l'entreprise. Ce code est complété au long de l'année par une douzaine de formations dont deux traitent des sujets de conflits d'intérêts et de corruption. En "effet miroir", 3M demande à l'ensemble de ses fournisseurs de se conformer à un code de responsabilités fournisseurs.
Cartographie des risques et code de conduite
Dans la lignée de la loi Sapin II, l'Agence française anticorruption (ou AFA) a été créée. Cette agence gouvernementale a 3 missions principales : le contrôle des programmes anti-corruption (pour les entreprises qui ont un CA de plus de 100 millions d'euros plus de 500 salariés), l'accompagnement mais aussi la mise en place de sanctions en cas de besoin. "Les pionniers sur l'anti-corruption ce sont les USA qui viennent de fêter les 40 ans de leur législation fin 2017. Mais nous observons à l'international un changement de pratiques très rapide. Le niveau d'information est très élevé et ainsi le risque de découverte de faits de corruption est extrêmement fort", résume Renaud Jaune, sous-directeur du Conseil, de l'Analyse stratégique et des Affaires Internationales au sein de l'AFA.
Lutter contre la corruption passe selon lui par l'élaboration de deux documents fondamentaux : une cartographie des risques et un code de conduite autour desquels gravitent des systèmes qui permettent d'organiser le contrôle interne, ...
"L'achat responsable c'est une thématique qui est en avance en France, et notamment en matière de lutte anti-corruption. L'achat responsable peut servir d'avant-garde en quelque sorte de la lutte anti-corruption", conclut Renaud Jaune, sous-directeur du Conseil, de l'Analyse stratégique et des Affaires Internationales au sein de l'AFA.
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