Le sexe a-t-il une incidence dans le recrutement ?
La question "Est-ce que le fait que vous soyez une femme a joué lors de votre recrutement ?", a soulevé le débat. Elles furent trois sur quatre à répondre par la négative et à estimer avoir été uniquement retenues en fonction de leurs parcours et de leurs compétences. Pour Agnès Moreau, il est clair qu'elle a été jugée sur ces deux items. Mais aussi retenue car elle est une femme, au nom de la discrimination positive. "Nous sommes une société d'ingénieurs qui compte peu de femmes dans les strates décisionnaires. Notre p-dg, qui veut des femmes managers, a instauré une politique volontariste en la matière. Mon prédécesseur était déjà une femme, Caroline Tissot (aujourd'hui directrice achats du groupe Accord)." Et Agnès Moreau approuve. Dans la salle, pas de réaction. On ne saura donc pas si cette discrimination positive remportait l'adhésion.
Et... "existe-t-il un plafond de verre ?", a interrogé une jeune femme de la salle. "Les seuls plafonds de verre que j'ai rencontrés, c'est moi qui me les suis créés. Le plus grand censeur qu'on puisse avoir, c'est soi", a répondu Ahlem Hamdi. "Ma N+1 est une femme, ma N+2 également. Et moi, je suis là. Je ne crois pas en l'existence de ce plafond de verre". Agnès Moreau fut plus mesurée, qui constate que "S'il n'y a pas de volonté du top management de mettre des femmes aux postes à responsabilités, les choses n'avancent pas asses vite dans certaines sociétés. Les hommes, entre eux, ont tendance à s'entraider."
Reste que les femmes sont actuellement nombreuses à être nommées directrices achats de grands groupes - Olivier Wajnsztok, président de l'Association des anciens du MAI a d'ailleurs présenté une slide avec les portraits de nombreuses femmes directrices achats - et que ces réussites constituent des exemples pour les acheteuses. "C'est hyper inspirant d'avoir des femmes qui ont réussi et qui sont parvenues en se ménageant une vie personnelle à côté", a commenté Emeline Turmeau. "Pour nous, Régine Lucas (CPO de L'Oréal) est un exemple et nous en parlons entre nous." Agnès Moreau a abondé : "Lorsque je suis arrivée aux achats du Crédit Agricole, j'avais Sylvie Robin-Romet pour N+1, cela change beaucoup de choses et permet, en tant que femme, de se projeter".
La conclusion appartient à Sylvie Gomy qui estime que la profession se féminise car c'est un métier qui correspond bien aux femmes. Il demande, a-t-elle souligné, un bon relationnel et une réelle capacité à naviguer ainsi qu'une facilité à travailler sur plusieurs fronts, et sur des sujets variés, en même temps... "C'est un métier qui va bien aux femmes mais qui n'exclut évidemment pas le genre masculin et sa réussite", a-t-elle précisé.
La vidéo de la rencontre:
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles